Basket aux Jeux Olympiques – Munich 1972 : l’URSS bat Team USA au terme d’une controverse légendaire

Le 11 avr. 2024 à 16:50 par Nicolas Vrignaud

Jeux Olympiques Munich 1972 USA URSS
Source : FIBA

En 1972, les Jeux Olympiques se tiennent à Munich. Le tournoi de basket est particulièrement disputé, et si les États-Unis n’ont encore laissé échapper aucun titre olympique dans l’histoire de la discipline aux Jeux, cette édition va marquer leur chute au profit de l’URSS. Une médaille d’or soviétique acquise au terme d’une finale extrêmement controversée. 

Deux poids lourds du basket et du monde en général sont présents à la Rudi-Sedlmayer-Halle de Munich, ce 9 septembre 1972. Les États-Unis affrontent l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Deux équipes au talent hors de portée des autres sélections présentes, puisque les finalistes n’ont tous deux pas laissé une seule défaite entacher leur parcours durant la quinzaine olympique. Cette finale, bien sûr, est éminemment politique. Deux mondes s’affrontent, le match prend une allure d’Ouest contre Est.

Pour les États-Unis, qui ne comptent pas encore de joueurs professionnels dans l’effectif, ce sont Doug Collins, Tom Henderson, Mike Bantom et Dwight Jones qui mènent le groupe. Des jeunes de 23 ans maximum, évoluant tous en NCAA. Face à eux, l’équipe de l’URSS est bien plus expérimentée : tous les membres de la sélection soviétique jouent déjà dans des ligues professionnelles, et sont plus âgés. Le duel s’annonce passionnant, entre deux visions du jeu complètement différentes. Une statistique plus que parlante sortie par Neil Amdur, correspondant au New York Times et présent à l’époque sur place ?

“Les Soviétiques avaient un total de 739 matchs internationaux disputés en cumulé par l’ensemble des joueurs du cinq majeur, contre seulement 7 pour les Américains.”

Ce qu’il se passe pendant le match ? L’URSS maîtrise le score et le jeu plutôt tranquillement. Les hommes de l’Est abordent le dernier quart avec une dizaine de points d’avance. C’en est trop pour plusieurs joueurs de Team USA, qui font fi des consignes tactiques et prennent le match à leur compte. Ça marche ! Plus qu’une poignée de secondes à jouer, les Soviétiques mènent d’un point. Sur ce qui doit être l’ultime possession, l’URSS perd la balle – chipée par Doug Collins – et doit faire faute pour empêcher le garçon d’obtenir deux points gratuits permettant de reprendre les devants.

Il reste 3 secondes, Collins ne tremble pas d’un poil et réalise le 2/2. 49-50 en faveur des ‘Ricains. C’est à ce moment précis que le match va entrer dans une légende bien plus grande que ce que le scénario d’alors pouvait déjà prédire. La balle est remise en jeu, aucun panier n’est marqué : victoire des États-Unis. Oui, mais non.

À l’époque, interdiction de prendre temps mort après deux lancers. L’URSS connaît bien le règlement, et indique donc aux arbitres qu’ils prennent time out entre les deux tirs de Doug Collins sur la ligne. Le corps arbitral ignore, ce qui provoque la colère des Soviétiques. C’est Renato Williams Jones, secrétaire général de la FIBA, qui va ordonner de rejouer les dernières secondes en laissant le temps-mort à l’équipe d’URSS. Cependant, aucune règle n’autorise l’intervention d’une tierce partie dans la rencontre, et c’est là que commence ce que le commentateur Frank Gifford décrira à la télévision américaine comme “le chahut“.

La possession finale est rejouée, pas de panier marqué : victoire des États-Unis. Quoi ? Encore une fois, non ? Le chronomètre a été réglé à la va-vite, il faut rejouer une troisième fois la fin de partie. Et pour l’ultime séquence, Aleksandr Belov trouve le cercle. 51-50, l’URSS est championne olympique de basketball pour la première fois de son histoire, et les USA tombent de leur piédestal.

Bien sûr, l’histoire ne s’arrête pas là. Les États-Unis posent une réclamation, étudiée pendant plusieurs heures par une assemblée de cinq juges. Ce qu’il faut savoir ? Deux juges sont issus de pays de l’Ouest (Italie, Porto-Rico) tandis que trois viennent de l’Est (Cuba, Hongrie, Pologne). La majorité issue du bloc communiste rejette fermement la demande, le titre de l’URSS est confirmé. Jones, le secrétaire général de la FIBA, aura des mots très durs pour les États-Unis.

“Les Américains doivent apprendre à perdre, même quand ils pensent avoir raison”.

En protestation, Team USA ne sera pas présente pour la remise des médailles. Aux Jeux de 1976, à Montréal, les États-Unis reprendront leur titre, mais face à la Yougoslavie, sans avoir le luxe de savourer une victoire face à l’URSS qu’ils n’affronteront pas du tournoi.