Bubba Wells, un record de 6 fautes en 3 minutes… et l’invention d’une technique révolutionnaire

Le 29 déc. 2023 à 11:39 par Nicolas Vrignaud

Bubba Wells Dallas Mavericks 29 décembre 2019
Source : YouTube

Bubba Wells est un nom qui ne vous dira sans doute rien. Pourtant, il est à la base – avec son coach de l’époque, Don Nelson – de l’invention d’une technique fera des ravages durant les années 2000. En effet, le 29 décembre 1997, le rookie des Mavericks commettait 6 fautes en 3 minutes pour envoyer Dennis Rodman aux lancers et l’empêcher de marquer dans le jeu. 

Quand les Mavericks se pointent à Chicago, le 29 décembre 1997, ils sont l’une des équipes les plus éclatées de NBA. Défaites à la pelle, et match du jour face aux Bulls de Michael Jordan, Scottie Pippen et Dennis Rodman. Les Taureaux sont en mission, aucune équipe ne résiste à leur jeu. Ça tombe bien pour Don Nelson, coach légendaire et alors en place à Dallas. Celui qui métamorphosera l’équipe en récupérant notamment Dirk Nowitzki en 1998 n’a alors rien à perdre chez les champions en titre.

Et rien à perdre pour Don Nelson, c’est une occasion en or pour tenter quelque chose. En effet, même si le match est un peu serré, un joueur crève l’écran chez les Bulls. Il ne s’agit pas de Mike mais de Dennis Rodman, qui enchaîne les ficelles très tôt dans la rencontre et sème la terreur dans la peinture des Licornes. C’est là que démarre l’histoire que nous allons vous conter.

Don Nelson décide de demander à son rookie, Bubba Wells, arrière du fond du banc, de commettre fautes sur fautes afin d’empêcher Rodman de marquer. Oui, si Dennis est un très bon client dans les établissements du Sud du Nevada pour mettre ses tirs dans le jeu, c’est en revanche un très piètre tireur lorsqu’il s’agit de lancers francs. Et ça, Don le sait.

En l’espace de trois minutes, étalées entre la fin du premier et le début du deuxième quart, Bubba Wells va ainsi avoir pour seule et unique mission de faire faute. Et il le fera bien. Six infractions commises, dehors. Les joueurs dans leur ensemble sont estomaqués par cette tactique qui casse complètement le rythme du match et fait perdre énormément de temps. Les arbitres aussi sont particulièrement surpris, bien qu’ils n’aient pas leur mot à dire sur la tactique du coach des Mavericks. Voici en pèle-mêle les réactions des acteurs de la partie, après le match.

Steve Kerr (Bulls) : “Est-ce quelqu’un a compris ce qu’il s’est passé ?”

Dennis Rodman (Bulls) : “Je le respecte [Don Nelson, ndlr] mais c’était une stratégie de dingue, de dingue”.

Tommy Nunez (arbitre du match) : “Tout le monde était étonné en voyant ce qui se passait. Nous comprenions la stratégie en tant qu’arbitre et nous n’avons pas à nous en mêler. Mais ce n’était pas beau, ce n’était certainement pas beau.”

On aurait pu croire qu’un type impulsif et haut en couleurs comme Rodman aurait pu vriller et s’énerver, mais ce n’est pas le cas. La technique, bien que surprenante, est particulièrement respectée. Elle fera d’ailleurs beaucoup d’émules, car un autre intérieur évoluant en NBA est réputé pour être un monstre sous les anneaux mais mauvais sur la ligne de réparation : Shaquille O’Neal. Le Hack-a-Shaq est né ce soir là, même s’il s’agit alors d’un Hack-a-Dennis. Et voilà comment un joueur qui n’aura jamais réussi en NBA, Bubba Wells, rentrera dans la postérité. La finalité ? Dennis Rodman terminera quand même à 9/12 au tir, mais Don Nelson estime à la fin du match que son expérience a été intéressante.

“Il a fini par les mettre [ses lancers, ndlr] et gâcher mes plans mais c’était la bonne stratégie.” – Don Nelson