La reconstruction du Jazz : le projet est sexy, mais où en est-on vraiment ?

Le 27 juin 2023 à 12:32 par Gaspard Devisme

Lauri Markkanen. 27/06/23
Source image : Youtube

Avec l’arrivée de John Collins à Salt Lake City, le Jazz s’assure la présence d’un nouvel élément de qualité dans ses rangs. Une quinzaine de points, quelques rebonds et une défense plutôt solide, voilà ce qu’on peut attendre tous les soirs de la part de JC. Génial, mais plus globalement, ça donne quoi le projet Jazz ? Plutôt sexy mais très axé sur le frontcourt, qu’est-ce qu’on doit en penser ?

Si la deuxième partie de saison a bien fait redescendre Salt Lake City sur terre, la franchise a pendant longtemps été la belle surprise de la saison 2022-23. Entre l’explosion de Lauri Markkanen, la révélation Walker Kessler et les résultats collectifs de l’équipe de Will Hardy, les satisfactions ont été nombreuses. Et on attend la suite l’eau à la bouche. 

Après les trades de Donovan Mitchell et Rudy Gobert, peu auraient parié sur un tel redressement de la franchise dirigée par Danny Ainge. Le pari Markkanen a fonctionné tandis que Will Hardy s’est révélé comme un coach élite du haut de ses 35 ans. À côté de ça, l’Utah a longtemps cru à une qualification au play-in voire aux Playoffs. Évidemment, quand l’année 1 du projet post-Mitchell et Gobert ressemble à ça, ça donne envie d’ajuster le roster pour passer à l’étape suivante.

Justin Zanik, le GM, voit la même chose que nous et veut accélérer le processus de reconstruction de sa franchise. Il voit la même chose que nous, enfin… peut-être pas tout à fait. En effet, si on a tous apprécié la saison régulière des Musiciens, un manque a sauté aux yeux : la création. Que ce soit Lauri Markkanen ou Jordan Clarkson, les plus gros scoreurs de l’équipe sont très portés sur la création personnelle, et le départ de Mike Conley en cours de saison n’a fait qu’empirer ce phénomène. Alors, voir le GM ramener John Collins quelques jours après avoir drafté Taylor Hendricks, ça surprend.

WOW JOHN COLLINS À UTAH ?! https://t.co/ro2lTZ3yxC

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) June 26, 2023

Deux ailiers-forts capables d’apporter du spacing et un peu de défense, le tout derrière Lauri, ça n’arrange pas notre playmaking et, surtout, ça ne risque pas… de faire doublon ? À moins que le Finlandais ne décale sur le poste 3, on risque d’avoir un embouteillage dans la rotation pour le jeune Hendricks. Et ce, malgré tout ce qu’il peut apporter à Will Hardy dès cette saison. On peut même en venir à remettre en question la pertinence de l’arrivée de Collins. En effet, le projet Utah semble aller plus vite que prévu, mais était-ce vraiment le moment de ramener un joueur dont le plafond n’est plus tellement au-dessus du sommet de son crâne ? Contre Rudy Gay et un choix de deuxième tour, la réponse est sûrement oui. Mais la question est légitime.

Maintenant que John Collins est là, autant en faire quelque chose. Deux options se présentent quant au rôle à lui donner. La première consisterait à le faire sortir du banc, derrière Markkanen. La grande perche nordique a été si performante cette saison qu’on voit mal son coach lui assigner le poste 3 pour faire de la place à Collins. D’autant plus que ce dernier sort de sa moins bonne saison depuis son année rookie. Autant en termes de productivité que de pourcentages. Malgré tout, si LM venait à se décaler, Johnny devrait occuper le poste d’ailier-fort. Cela pourrait d’ailleurs très bien marcher. Au vu de leur capacité à sanctionner de loin et de leur mobilité, des switch entre les postes 3 et 4 sont tout à fait envisageables. Et Taylor Hendricks sera en première ligne sur le banc pour backer John Collins. Quelques ajustements, et tout le monde est content ?

Kessler et Olynyk sont aussi en ville, la raquette du Jazz est blindée, mais ça ne résout toujours pas notre souci de playmaking. Jordan Clarkson, Collin Sexton et Talen Horton-Tucker sont toujours les garants de la mène à l’heure où l’on parle. Sauf leur respect, on imagine mal ces trois garçons se partager les minutes au poste 1 à partir d’octobre prochain. Alors un petit échange contre un vétéran capable de tenir la balle et faire jouer les copaings serait le bienvenu. Le départ d’un des trois scoreurs – et pas grand chose d’autre – assurerait aussi des minutes pour le développement d’Ochai Agbaji à l’arrière, tout bénef pour le Jazz sur le long-terme.

En bref, malgré une création toujours sujette aux doutes le projet Jazz avance à son rythme. Danny Ainge et Justin Zanik disposent encore d’assets dans tous les sens. Que ce soit des joueurs ou des picks, le front office a sous la main tous les éléments pour faire du Utah Jazz une franchise qui compte pour l’avenir. Manque plus qu’un mec qui sait appuyer sur X et dribbler tout en gardant les yeux rivés vers les coéquipiers.

Source : Basketball Reference