Quatre ans après, comment se porte le Big Three de Duke en NBA ?

Le 14 mars 2023 à 19:16 par Arthur Baudin

Big Three Duke
Source image : montage TrashTalk via YouTube

La March Madness 2023, c’est ce soir ! Du moins, le tour préliminaire avant d’attaquer le tableau final, qui lui, débutera dans la nuit de jeudi à vendredi. À l’occasion de ce dévissement de la rétine pour la tourner en direction des marmots – chose qui n’arrive qu’une fois par an entre les murs de TrashTalk – filons prendre des nouvelles du Big Three le plus iconique de l’histoire récente en NCAA. Zion Williamson – R.J. Barrett – Cam Reddish, c’était le feu avant le feu.

Quand trois gamins de 18, 18 et 19 ans assuraient le spectacle pour tout un pays. Une salle, le Cameron Indoor Stadium, des spectateurs, nombreux et en bleu, un coach, intronisé au Hall of Fame et dont le pseudonyme tient en une seule lettre. On est allé demander à un américain de Durham, ville de Caroline du Nord, ce que lui évoquait le Big Three Zion Williamson – R.J. Barrett – Cam Reddish. Sa réponse se passe de commentaire.

« Ils étaient l’essence même du show à l’américaine. J’aurais donné énormément pour assister à un match de ces trois gars. Et j’y ai assisté, parce que j’ai échangé ma mère et le fils de ma femme à un fan de Clemson. Il avait un billet en catégorie D. » – un intervenant fictif

Témoignage inventé, mais témoignage qui a le mérite de donner une idée sur l’ampleur de l’attraction Duke pendant l’exercice NCAA 2018-19. Preuve en est, ce « scrimmage » de pré-saison enflammé par Barrett, Zion et Reddish. La folie à l’état pur. 9300 fans venus capturer/savourer les premiers instants d’un Big Three d’ores et déjà légendaire. Dès lors, quelle autre ambition pour Duke que d’aller au bout ? Eh beh plein d’autres, comme se faire sortir par Michigan State à un pied du Final Four. La profondeur de banc s’est avérée pas profonde du tout. Zion n’a inscrit que deux points dans les six dernières minutes de la rencontre : disparition absolue de la superstar. Une grosse désillusion qui a laissé place au générique de fin de Fast & Furious 7. Zion Williamson est drafté en first pick par les Pelicans. R.J. Barrett file en 3e choix chez les Knicks. Cam Reddish – dont la saison n’a pas été à la hauteur des attentes – n’est sélectionné qu’en 10e position par les Hawks. Les chemins des trois têtes marketing se séparent. When I See You Again à fond dans les oreilles.

Zion Williamson : le plastron du guerrier, les jambes de Booba

Quatre saisons en NBA pour seulement 114 matchs disputés, une feuille blanche en Playoffs, et des moyennes de 26 points à 61% au tir dont 37% du parking, 7 rebonds et 4.6 assists. Comme auguré lors de sa saison à Duke, Zion Williamson est devenu l’un des attaquants les plus dominants de NBA. Son corps est la seule limite pouvant l’empêcher de s’assoir sur une Ligue qui a déjà pris la forme de son fessier. Le problème, c’est que cette limite n’est pas négligeable. Une lésion aux ischios-jambiers le tient éloigné des parquets depuis le 3 janvier dernier. En son absence, les Pelicans affichent un triste bilan de dix victoires pour 21 défaites. Summum de la décadence, cette 9e place à l’Ouest ex-aequo avec les Lakers et le Thunder. Zion n’aura que 23 ans en juillet mais son équipe bataille sans lui contre des concurrents qui ne devraient pas en être. Là où sa situation nous laisse sereins, c’est qu’il est très correctement entouré à New Orleans : C.J. McCollum est sous contrat jusqu’à l’été 2026, Brandon Ingram ne sera agent libre qu’en 2025, Jonas Valanciunas dispose encore d’une année sur le contrat. Avec Trey Murphy (22 ans), Jose Alvarado (24), Herbert Jones (24) et Kira Lewis Jr. (21), les Pelicans se bâtissent un bien joli young core : le 3e plus prometteur de NBA selon les journalistes américains. Bref, si ce n’est pas cette saison, ce sera probablement la prochaine. Rien n’urge. Pour une petite comparaison – qui vaut ce qu’elle vaut – Luka Doncic a déjà 24 ans et n’est pas aussi bien entouré que Zion Williamson. Les Mavericks ont lâché Dorian Finney-Smith, leur young core est pauvre, l’arrivée de Kyrie Irving ne garantit rien. Et avec les joyeux étés du Slovène, pas certain qu’il ait fait vœu de longévité dans un couvent.

R.J. Barrett, la tête et les épaules

A-t-on mis « la tête et les épaules » juste parce qu’on trouve que ça fait stylé ? Totalement. En quatre saisons NBA, R.J. Barrett a disputé 266 matchs pour des moyennes de 18.1 points à 42% au tir dont 35% du parking, 5.5 rebonds et 2.8 assists. À son palmarès en Playoffs, cinq matchs à l’issue de la régulière 2020-21, pour une sortie express contre les Hawks de Trae Young. C’est déjà mieux que Zion, mais moins bien que ce qu’aurait fait le buffle de la Nouvelle-Orléans si son corps lui laissait une chance d’apparaître en postseason. Les deux joueurs n’ont en commun que leur année à Duke. Pour le reste, quel fossé. L’un a déjà pris les rênes de sa franchise, l’autre n’est “que” la 3e option offensive des Knicks derrière Jalen Brunson et Julius Randle. Rien de bien honteux, le début de carrière de R.J. Barrett reste bon. D’un point de vue finances, le 3e choix de la Draft 2019 a prolongé à New York l’été dernier pour 120 millions sur quatre ans. Avec un peu plus de constance, il aurait pu imiter Zion Williamson et Ja Morant – les deux premiers choix de sa cuvée – en signant un deal avoisinant les 200 millions sur cinq ans. Mais c’est déjà énorme. Barrett est devenu le plus jeune joueur de l’histoire des Knicks à obtenir un contrat de plus de 100 millions de dollars. Si en 2019 tu lui donnes papier, crayon et lui exposes l’accomplissement – en plus d’un record à 46 points contre le Heat – il y a de grandes chances pour qu’il signe. Pour ce qui est de l’aspect collectif, les Knicks sont 6e de la Conférence Est avec un avantage de trois victoires sur le Heat. La qualification directe en postseason leur tend les bras. Puisse le jeune R.J. Barrett y faire meilleure figure qu’en 2021.

Cam Reddish, « Kevin Knox en un peu mieux »

Décollage immi-immi-immi-immi-immi-immi…immi-imminent. Quatre saisons NBA, trois franchises, 170 matchs disputés dont 81 en qualité de titulaire : Cam Reddish n’est pas encore parvenu à inscrire ses qualités au sein d’un Process compétitif et stable. L’aventure a mal débuté à Atlanta avec une blessure au tendon d’Achille dès son année sophomore. Zou, 55 matchs consécutifs à observer les copains en fond de banc, et un retour… en pleine Finale de Conférence Est des Playoffs 2021. Le pire dans ct’histoire, c’est que Cam Reddish s’est montré d’une grande utilité contre les Bucks. Bon, les Hawks se sont fait méchamment sweeper, mais le freak de 21 ans a posé des moyennes de 12.8 points à 64% au tir dont 46% à 3-points. Pas ridicule du tout pour un sophomore. En janvier 2022, sans transition, Atlanta l’envoie avec Solomon Hill à New York en échange de Kevin Knox et un premier tour de draft. Là-bas, Cam Reddish ne dispute que 35 matchs en un peu plus d’un an. Il s’est récemment justifié au micro de Stefan Bondy : « Cela n’avait rien à voir avec le basket. C’était la politique, le favoritisme. Ce genre de mer*** ». Depuis ? Arrivé début février à Portland, Cam Reddish y a disputé 13 matchs dont 11 dans la peau d’un titulaire, pour des moyennes de 13.6 points à 47% au tir dont 36% à 3-points. Ça progresse ! « On est contents de l’avoir ici. C’est Kevin Knox en un peu mieux », a déclaré un fan fictif de Portland. Là encore le témoignage est inventé, mais il a le mérite de donner une idée claire sur la situation de Cam Reddish, le moins installé du Big Three de Duke. Une déception qui n’aura “que” 24 ans en septembre. Son point commun avec les deux autres ? Le chemin est encore très long.