Vince Carter, une carrière en très haute altitude

Le 26 janv. 2023 à 17:26 par Louis-Emmanuel Navarro

Vince Carter 25 janvier 2023

Vince Carter, le joueur “grand frisson” par excellence. L’ailier virevoltant, mais surtout dunkeur de génie, a illuminé la Grande Ligue pendant plus de 20 ans. TrashTalk vous offre un focus sur sa carrière, qui n’a pas souvent touché le sol. 

Il fait partie des icônes des années 2000. Un nom dont on se rappelle encore aujourd’hui, Vince Carter. Jamais champion, jamais MVP, mais toujours une place spéciale dans le coeur de nombreux fans de basket.

Né le 26 janvier 1977, Vince Carter est originaire de Daytona Beach, en Floride. Issu d’une famille modeste, Carter était, dès le début, destiné au basketball. À deux ans, il apprenait déjà à dribbler, et à 7 ans, il est le plus grand de tous ses camarades de classe. Fort de capacités physiques au dessus de la moyenne pour son âge, Vince Carter rejoint évidemment l’équipe de son lycée de Mainland en 1993, où il confirme son talent.

Dominant, puissant et gros scoreur, Carter explose notamment le record de scoring sur un match, en plantant 47 points. Véritable star de son lycée, Vince Carter emmènera son équipe jusqu’au titre en 1994, après avoir échoué l’année d’avant. Son potentiel monstre lui offre la possibilité d’intégrer plusieurs universités. Avec de nombreuses offres, Vince Carter choisit de rejoindre la légendaire université de North Carolina, comme un certain Michael Jordan.

Chez les Tar Heels, Vince est d’abord victime d’un embouteillage à son poste. En manque de temps de jeu, il gagne sa place de titulaire lors de sa deuxième saison à Chapel Hill, en 1996-97. C’est cette année qu’il se dévoilera aux yeux du monde. Avec ses talents de scoreur, aux côtés d’Antawn Jamison notamment, il inscrira 13 pions de moyenne par match… mais c’est surtout avec ses dunks incroyables qu’il impressionne. Il est un phénomène et confirme son potentiel la saison suivante en scorant 15,6 points de moyenne, mais s’arrête au Final Four de NCAA. Scruté par tous, Carter profite de la hype et s’inscrit à la Draft 1998.

Choisi en 5ème position par les Golden State Warriors, il est transféré dans la foulée aux Toronto Raptors. L’histoire retiendra que cela a changé sa carrière, sa vie. Car oui, Toronto semble être la destination idéale pour lui. Il s’attache rapidement à la ville et à l’équipe, il y retrouve même un cousin éloigné : Tracy McGrady, drafté l’année précédente et star montante des Raptors.

Avec T-Mac, il forme un backcourt plus que prometteur et très complémentaire. L’un est un excellent attaquant, très complet, l’autre est un dunkeur de génie capable d’exploits et abonné highlights. Le coach des Raptors lui offre un temps de jeu important, Carter joue donc 35 minutes par match dès sa première année, et finit la saison avec 18 points de moyenne. Ses débuts sont excellents et il est logiquement élu Rookie of the Year en 1999. Son style de jeu athlétique attire de nombreux regards sur lui et sa franchise. Il est naturellement surnommé “Air Canada”.

“Je me souviens qu’on allait au supermarché et que personne ne savait qui il était. Et trois semaines plus tard, je ne pouvais plus aller nulle part avec lui. Sa reconnaissance et sa popularité ont grandi du jour au lendemain. Je n’ai jamais rien vu de tel. Je retiens cette transition de passer d’une personne normale à une méga star. Ça a commencé à Toronto puis dans chaque ville où on allait. C’était tellement fou d’être à ses côtés. Beaucoup de gens aux Etats-Unis ont pris conscience du phénomène après le concours de dunk, mais au Canada, c’est arrivé très vite.” – Alvin Williams, un ancien coéquipier

La saison d’après, en 1999-2000, Vince Carter passe un cap. Au-delà d’une augmentation statistique au scoring (25,7 points par matchs), VC devient un All-Star et sera également logiquement sélectionné au Dunk Contest. Un moment d’histoire. À l’Oracle Arena d’Oakland, Carter survole toute la concurrence et le public n’a d’yeux que pour lui. Dans ce qui reste sans doute un des meilleurs Dunk Contest de tous les temps, Carter enchaîne les dunks plus incroyables les uns que les autres.

À son troisième passage, il termine le coude dans le cercle, un mouvement exceptionnel qui laisse toute la salle bouche bée. VC le sait, il vient de mettre un terme à tout suspens, comme il l’a si bien dit : “It’s over !”. Il remportera le concours sans aucune discussion. Carter vient de prouver au monde entier qu’il est un extraterrestre et il devient une véritable superstar : il est un basketteur au-dessus des hommes. « Half Man Half Amazing » est né.

L’été qui suit, Carter rejoint Team USA pour disputer le tournoi olympique. Le 25 septembre 2000 aurait pu être un jour anodin, il sera finalement fantastique pour les fans de balle orange. C’est effectivement ce jour que Vince Carter a écrit l’histoire par un exploit individuel dont lui seul a le secret. Opposés à la France en phase de poule, les Américains mènent tranquillement le match. Et suite à une passe aveugle manquée, Vince Carter récupère le ballon et s’envole au dessus de Fred Weis (2m18) pour y écraser un dunk de légende. “Dunk de la mort”, “dunk du siècle”, appelez cela comme vous voulez, tant cette action reste dans la mémoire. Ce dunk reste considéré par certains comme le plus grand de l’histoire de par son contexte et surtout sa violence. Les États-Unis seront champions olympiques et Vince Carter s’élèvera définitivement au rang des superstars en NBA.

“Carter mérite d’entrer dans l’Histoire. Hélas pour moi, je suis sur la vidéo. Ce jour-là, j’ai appris que les gens pouvaient voler. Je ne me souviens de rien. Je crois que j’ai fermé les yeux. Ce qui est sûr, c’est que je ne bougeais pas.” – Fred Weis

La suite de sa carrière dans la Grande ligue sera faite de hauts et de bas. Les Raptors, qui ont perdu Tracy McGrady, parti au Magic, font d’Air Canada leur franchise player. Mais la franchise canadienne n’arrivera jamais à dépasser le stade des demi-finales de conférence. En 2004-05, frustré de ne pas gagner à Toronto, Carter demande son trade et rejoint les New Jersey Nets. Aux côtés de Jason Kidd et Richard Jefferson, les Nets ne passent pas de cap et Carter se traîne très vite une réputation de choker, qui lui collera d’ailleurs longtemps à la peau.

En 2009, il rejoint le Magic, en quête d’un nouveau défi. À 33 ans et gêné par les blessures, Carter n’a plus l’impact escompté mais apporte tout de même son expérience à un effectif jeune. Désormais, Vince Carter n’est plus un scoreur et une première option offensive, il prend un nouveau rôle de sixième homme et part à la conquête d’une bague de champion. Un passage d’une demi saison aux Suns, puis trois ans aux Mavericks en vain, VC le sait, il ne sera pas champion, peut-être la seule déception de sa carrière. Ne reste pas moins de cette fin de parcours quelques beaux souvenirs, comme ce tir pour la gagne face aux Spurs lors des Playoffs 2014.

En 2014-15, à 38 ans, Carter veut terminer sa carrière tranquillement, en tant que mentor auprès des jeunes. Il rejoindra donc Memphis trois ans, puis Sacramento une saison, avant une fin à Atlanta, pendant deux ans. En 2019-20, à 43 ans, Vince Carter tire un trait sur 21 ans de NBA. Malheureusement, le COVID passe par là et Carter ne pourra pas avoir l’hommage qu’il mérite. Après deux décennies, la Vinsanity aura quoi qu’il en soit marqué la Grande Ligue de son empreinte.

“Je crois que les gens n’ont pas vu ses plus beaux dunks. Beaucoup de ses meilleurs dunks étaient à l’entraînement. Malheureusement, j’ai été impliqué dans un de ceux-là. C’était sur une contre-attaque. À un moment, je me retrouve en un-contre-un face à lui sur une contre-attaque. Donc je ralentis la cadence et je m’arrête au niveau de la ligne des lancer-francs. Comme pour lui dire ‘tu peux y aller, je ne vais pas essayer de te contrer’. Il s’en est aperçu et a jeté le ballon sur la planche, il m’a contourné et a tout simplement envoyé un moulin à vent dans les airs” – Donyell Marshall, un ancien coéquipier

Si il n’a pas gagné de titres, son apport au basket au-delà de ses victoires est impossible à décrire. Spectaculaire, décisif, scoreur fou, le très remuant « Half Man Half Amazing » est un modèle pour les basketteurs du monde entier. Un exemple pour toute une génération, voir même une idole pour certains. Une légende, à sa manière.

Sources : NBA, Basketball Reference, ESPN


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