Kwame Brown sur l’utilisation du mot “bust” : « Avec ce mot, on essaie d’invalider un homme tout entier »

Le 25 janv. 2023 à 16:54 par Arthur Baudin

Kwame Brown
Source image : The Pivot

Moment plein de sagesse signé Kwame Brown. Une interview pour The Pivot, Fred Taylor, Channing Crowder et Ryan Clark dans le rôle des poseurs de questions (parce que rien n’est mieux qu’un ancien sportif pour faire parler un ancien sportif), et c’est parti pour 1h de philosophie sur la vie de ce que le commun des amateurs de sport qualifient d’un « bust ».

Qu’est-ce qu’un « bust » ? Comme expliqué dans le lexique TrashTalk, le bust pourrait se définir simplement comme l’inverse du steal mais on va quand même aller un peu plus loin dans les explications. À chaque draft NBA, les joueurs à plus fort potentiel sont sélectionnés dans les premières places. Mais la beauté de ce système, c’est qu’on ne peut jamais avoir la certitude qu’un jeune prospect va être performant dans cette ligue aux caractéristiques si différentes du reste du monde. Le bust est donc un joueur que les scouts et observateurs ont vu trop beau, celui à qui les clés d’une franchise ont parfois pu être confiées avec une confiance aveugle et qui a clairement épaté… par son ridicule.

Kwame Brown : « Je pense que c’est mieux. Être un bust, c’est mieux. »

Channing Crowder : « Comment est-ce possible ? »

Kwame Brown : « LeBron ne peut pas faire ce que je peux faire. Ils le prennent en photo partout où il va. J’étais un bust, personne ne prenait de photos de moi où que j’aille. »

Channing Crowder : « Mais tu es toujours aussi grand, tu ne peux te faufiler nulle part. »

Channing Crowder : « Je peux fit avec une Corolla [Toyota Corolla, ndlr]. *Rires*. Je vais te dire, c’était mieux d’être un bust, crois-moi. »

De l’ironie donc, mais un fond très sérieux que Kwame Brown prend le temps de disséquer plus en profondeur sur l’heure d’entretien. Sélectionné en première position de la Draft 2001, l’ancien pivot des Wizards a disputé douze saisons NBA pour des moyennes de 6.6 points et 5.5 rebonds par match. Bien trop peu pour un grand espoir qui aurait dû succéder aux furieux intérieurs des nineties. 22 ans plus tard, on le retrouve sur le plateau de The Pivot à expliquer en quoi il n’a jamais jalousé la célébrité. Sur le coup, ça fait un peu : « Elle ne m’a pas proposé le ciné mais c’est pas grave je ne voulais pas y aller ». Puis on prend le temps de découvrir un personnage calme, posé, très extérieur au vacarme des highlights, énervé par le décalage de traitement entre un sportif et les autres acteurs de la société, et qui dénonce l’impact du mot « bust » sur la vie d’un sportif homme. Le termine « invalide » un homme. Il supprimerait sa légitimité de parole.

Kwame Brown : « Est-ce vraiment une critique quand un homme exprime une opinion et que vous avez créé un mot appelé « bust » pour que tout ce que cet homme dit maintenant soit invalidé par ce mot, « bust » ? Je suis le premier choix de la draft. Stephen A. Smith, un type qui ne peut pas faire ce que je fais, a inventé un mot qu’un gars travaillant à Walmart peut utiliser contre moi et ainsi penser qu’il a du pouvoir. Mais vous voulez me faire croire qu’il ne s’agit que d’un jeu ? »

Fred Taylor : « Quel est le pouvoir de ce mot ? »

Kwame Brown : « Il a du pouvoir en ce qui concerne les contrats et les sponsors. Qui veut travailler avec un bust ? Avec ce mot, on essaie d’invalider un homme tout entier. »

Une bastos fuse même pour Gilbert Arenas (qui aurait menacé de lui mettre un pistolet sous la gorge) : « Je ne veux pas parler de ce gars, il est définitivement ce qui ne va pas dans notre communauté, parce que c’est un lâche. Vous pensez qu’il aurait dit une telle chose à J.J. Reddick ? ».

Kwame Brown says Gilbert Arenas threatened to put a pistol to his throat😳

“I don’t wanna talk about that guy, he’s definitely what’s wrong with our community, because he’s a coward”

“Do you think Gilbert Arenas would say that about J.J. Redick?”

Via @thepivot pic.twitter.com/e014rugHzh

— Unfiltered Media TV™️ (@UnfilteredInd) January 18, 2023

Pas vraiment des révélations (sauf pour Gilbert le cow-boy), mais un point de vue/ressenti différent de celui du fan NBA. Qu’un joueur réponde aux attentes ou non fait partie du jeu. On utilise le mot bust comme on parle d’une chemise. Il est un raccourci peut-être trop direct pour parler d’un haut choix de draft décevant. C’est difficile de trouver un juste milieu pour ne pas catégoriser un sportif en le réduisant à un mot qui ne prendra jamais en compte ses heures de travail.

Source texte : The Pivot