La Pologne est tombée de douze étages : la France c’était trop, mais y’a encore une médaille (historique) à aller chercher

Le 16 sept. 2022 à 19:49 par Arthur Baudin

Mateusz Ponitka
Source image : FIBA

Ce vendredi, au lendemain d’absolument rien du tout et à la veille de pas grand-chose, la Pologne s’est lourdement inclinée en demi-finale de l’EuroBasket face à la France de Théo Maledon. Le score final ? On l’écrit en toutes lettres pour éviter l’hydrocution visuelle : cinquante-quatre à quatre-vingt-quinze. Pour autant, côté polonais, beaucoup de choses sont à garder.

C’est avec une triple dose d’humilité que l’on s’essaie à l’écriture de ce papier. Ah, pas facile en sortie d’une victoire aussi écrasante, que de faire l’éloge d’un adversaire qui n’a absolument rien montré sur 40 minutes de match. À la mi-temps, déjà 18 à 34 et les consignes pessimistes de l’entraîneur polonais à ses joueurs, rapportées par notre envoyé spécial : « Tu sais le monde ne tournait pas rond, j’avais les mots mais pas la chanson. Tu sais l’amour, tu sais la passion. C’est écrit, c’était dit… ». Comment ça ce sont les paroles d’une chanson de Vitaa et Slimane ? Bref, tirage de rideau sur cette sale prestation polonaise. Un tout petit échec – « tout petit » car logique – ne doit pas effacer le travail abattu depuis le début de cet EuroBasket. La stat, vous voulez la stat ? Cela faisait depuis 1969 que la Pologne n’avait plus atteint le dernier carré d’une compétition internationale. À l’époque, Larry Bird avait treize ans et la pizza à l’ananas n’existait pas car l’ananas n’était pas encore arrivé sur le sol français. Mieux encore, ce dimanche à 17h30, la Pologne aura l’occasion d’aller chercher sa première médaille de bronze depuis… l’Euro 67. À l’époque, Larry Bird avait onze ans et la pizza pêcheur n’existait pas car le saumon n’était pas encore arrivé sur le sol français. Il serait ainsi bien réducteur que de cantonner la génération dorée de Mateusz Ponitka, à une équipe « juste collective », maintenue très en-dessous des meilleurs.

La Pologne est le premier demi-finaliste de l’Euro à n’avoir aucun joueur ayant évolué en NBA depuis la Macédoine en 2011.

(Pour la Macédoine, Pero Antić avait rejoint la NBA après, en 2013.)

— Yann Casseville (@Kasvilovic) September 16, 2022

Mateusz Ponitka, parlons-en du Robert Lewandowski de la balle orange. Ses stats sur la compète ? 14 points à 42% au tir, 5.8 rebonds, 6.3 assists et 1.5 interception. On retiendra ce triple-double au tour précédent, seulement le troisième recensé dans l’histoire de l’EuroBasket. Une campagne qui lui aura valu des sollicitations extérieures, notamment l’une de Baskonia relayée un peu partout ce vendredi. Mais point d’individualité sans un entourage solide. La cohésion, la fluidité, l’alchimie, la facilité de jeu, la complicité : plein de termes un peu “poin-poin on ne sait pas quoi dire ” qui en disent finalement beaucoup. Sur cette demi-finale, aucun joueur de la Pologne n’a atteint la barre des dix points. Comme quoi, même dans la défaite, on retrouve une certaine forme de solidarité. Ils ont également perdu seize ballons pour seulement trois d’interceptés. Une prestation aux antipodes de la précédente. D’une Slovénie asphyxiée par les courses, les mains baladeuses et l’adresse des Polonais, l’on est passé à une France décomplexée, laissée (trop) libre dans ses choix offensifs, qui n’a eu qu’à mettre le cadenas défensif pour creuser un premier écart. Dimanche, contre l’Espagne ou l’Allemagne, le cinq d’Igor Milicic devra débuter la rencontre à 120% de ses capacités, comme s’il devait combler un déficit de talent. C’est le cas hein, mais on n’ose pas le dire trop fort.

Dimanche, jour le plus important de l’histoire de la Pologne depuis pas mal de temps. Qui de l’Allemagne ou de l’Espagne se farcira le petit poucet arrivé dans le dernier carré ? On aimerait leur dire que ce n’est pas un cadeau, mais ce soir, ça l’était un peu.