Que sont ils devenus – Tariq Abdul-Wahad : le premier Français à avoir foulé un parquet NBA

Le 08 août 2022 à 09:05 par Maxime Chauveau

Tariq Abdul-Wahad
Source image : YouTube

La NBA est le théâtre parfait pour réaliser des rêves de gosse, mais la NBA a également pour particularité de parfois éteindre la lumière plus vite encore qu’elle ne l’a allumée. Période creuse oblige, on se penche cet été sur des noms qui nous sont familiers, certains plus que d’autres, des noms qui nous « disent quelque chose » mais qui ne font plus vraiment les premiers titres. Des histoires qui ramènent à une douce mélancolie. Cold Case Affaires classées mais version NBA, avec l’ambition de vous donner quelques nouvelles de ces mecs qui ont fait partie fut un temps de notre quotidien. Sixième épisode ? Le premier basketteur français à avoir foulé un parquet lors d’un match officiel en NBA, Monsieur Tariq Abdul-Wahad. 

En voilà un gros morceau. Assez méconnu du grand public français, Tariq Abdul-Wahad est pourtant rentré dans les manuels d’histoire tricolores pour l’éternité, puisqu’il est le premier Bleu à avoir joué un match officiel en NBA, saison régulière et playoffs compris. Plutôt pas mal comme palmarès, non ? 

Si l’on peut dire de Tony Parker qu’il est le plus beau représentant du basket-ball français en NBA, Tariq Abdul-Wahad en est incontestablement le pionnier. Né sous le nom d’Olivier Saint-Jean, celui qui se fera plus tard appeler Tariq Abdul-Wahad est un beau bébé d’1,98m pour environ 105 kilos. Joueur athlétique et bon défenseur, le tricolore débute sa carrière en France et en Pro B, du côté de l’ALM Évreux. Condamné à jouer pivot sous les ordres des techniciens français, Tariq tente alors un pari fou : s’envoler pour les Etats-Unis et la NCAA afin de jouer sur les postes d’arrière/ailier. Le frenchie s’engage avec les Wolverines du Michigan, où il jouera finalement peu – quatre matchs sur sa saison sophomore – à cause de plusieurs blessures. Qu’importe, l’American Dream est en marche et Tariq décide de rebondir dans la modeste fac de San Jose State. Ses premiers pas sont convaincants, puisque dès sa première saison, il compile 17 points et 6 rebonds par match. La suite n’en sera que plus belle. Le Français obtient une bourse et explose tout dans le circuit universitaire, bouclant son cursus à 23,8 points et 8,8 rebonds chaque soir. De quoi susciter l’intérêt de plusieurs franchises NBA, dont les Sacramento Kings qui finiront par le drafter avec le 11ème choix en 1997, faisant de lui le second Français choisi lors d’une draft. Le premier ? Jean-Claude Lefèbvre en 1960.

« Très tôt, je me dis, ce qui m’intéresse moi, c’est d’apprendre à jouer ailier ou deuxième arrière pour pouvoir aller à l’université et après en NBA. Je ne m’en suis jamais caché. Quand je rentre du championnat d’Europe Junior en 1992, je joue en 4, à 1m96. Je sais très bien que ce n’est pas là que dois être. Je me dis qu’en France, il n’y a pas de formations pour les gars comme moi. Ils vont me former à faire quelque chose qui leur bénéficiera plus à eux qu’à moi. Je ne voulais pas de ça, voilà pourquoi je n’ai jamais été fan de la formation française. »

Barré par Mitch Richmond chez les Kings, Abdul-Wahad joue peu mais profite tout de même de l’occasion pour devenir le premier Français à jouer un match officiel en NBA. Boom ! L’histoire est en marche. Deux saisons après sa Draft, Tariq est envoyé au Magic, en dépit des belles promesses entrevues lors de ses apparitions sur le parquet. À Orlando, le frenchie réalisera la meilleure saison statistique de sa carrière dans la Grande Ligue, en compilant 12 points et 5 rebonds en 26 minutes par soir. Malheureusement pour lui, l’aventure en Floride s’arrête après seulement 46 matchs. L’expat’ est échangé au Nuggets où il décrochera un joli contrat de 43 millions de dollars sur sept ans, qu’il ne parviendra jamais à justifier. Faute de résultats, Abdul-Wahad est envoyé aux Mavs dans un gros trade autour de Nick Van Exel, Tim Hardaway et Raef LaFrentz. C’est d’ailleurs ici, à Dallas, que le désormais ailier posera la dernière fois un pied sur les parquets NBA. Miné par les blessures, l’international français ne joue aucun match de 2003 à 2005, avant de prendre sa retraite cette année-là. Mais alors, après 236 matchs et 1830 points dans la Grande Ligue, que devient Tariq Abdul-Wahad ?

Eh bien pour faire court, Tariq Abdul-Wahad n’a jamais vraiment lâché le sport qui, aujourd’hui encore, rythme son quotidien. Père de trois enfants, Tariq se démène pour leur inculquer les valeurs du sport de haut niveau. L’un est dans le football, les deux autres sont le tennis. C’est pour ces derniers que l’ancien international français a monté sa propre académie de tennis « NorCal », du côté de San Jose, où Tariq et sa famille vivent toujours. D’ailleurs, il n’a jamais vraiment raccroché les sneakers non plus. Après sa carrière de joueur, TAW s’est lancé dans le coaching. D’abord pendant un an, en seconde division NCAA féminine chez les Monterey Bay Otters en tant qu’assistant-coach, puis chez les garçons, au lycée Lincoln de San Jose pendant trois ans. En parallèle, le français dirige la « WG BlueSox Basketball », une académie destinée aux jeunes basketteuses. Au-delà du sport, Abdul-Wahad s’investit également beaucoup dans la religion. Converti à l’Islam depuis 1997, la foi fait partie intégrante de sa vie. Il racontera d’ailleurs à quel point la religion l’a « aidé » dans sa carrière de basketteur. Aujourd’hui, il est à l’origine de nombreux projets et initiatives autour de l’Islam, à l’image de « iHajar », un assistant personnel de rappel à la prière. Loin des projecteurs et du vacarme de la NBA, Tariq Abdul-Wahad reste discret. S’il n’est pas le plus médiatisé des ex-NBAer, il n’en reste pas moins disponible pour quelques interviews, à l’image de son passage chez « All-the-TALK ».

Tariq Abdul-Wahad n’aura peut-être finalement jamais eu la carrière qu’il méritait en NBA, mais qu’importe. Un peu à l’image de son parcours, c’est un homme discret, qui préfère très largement l’ombre à la lumière. Son nom est le point de départ de l’histoire du basketball français chez les cainris. Il est – et restera – à jamais le premier. 

Sources texte : All-the-TALK, FFBB


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