Le Tour de France à la sauce TrashTalk : embarquez pour la 17e étape… avec des joueurs NBA sur les vélos !

Le 21 juil. 2022 à 11:45 par Nicolas Vrignaud

Pogacar Tour de France v4
Source image : montage TrashTalk via YouTube

Aujourd’hui, c’est sans doute l’étape reine de ce Tour de France 2022. De Lourdes à Hautacam, les coureurs de la grande boucle vont sillonner les Hautes Pyrénées en avalant au passage certains cols mythiques, comme l’Aubisque et bien sûr l’ascension finale vers la station d’Hautacam. Puisque TrashTalk suit attentivement la compétition, voici ce que tout ça pourrait donner… si on mettait les joueurs de NBA sur les vélos. Frissons et dose de WTF garantis, c’est parti ! 

Sur la ligne de départ, ce ne sont pas moins de trente formations pour près de 420 coureurs qui attendent que le départ fictif soit lancé par l’organisation de la compétition. Pour rappel, le classement général est actuellement dominé par Jayson Tatum de chez Celtics – Thé de Boston mais le revenant Stephen Curry n’est pas loin, bien emmené dans les Alpes par une formation Warriors – Boulangerie Francis solide sur les pentes du Galibier et de l’Alpe d’Huez. Que pourrait t-on voir aujourd’hui ? On l’espère du spectacle, et surtout de quoi donner la tête des mauvais jours du côté de la FFL. Les visages sont assez globalement tendus, on voit bien que le tracé du jour est important dans bien des esprits. Pour certains dont ceux mentionnés ci-dessus, l’objectif est bien sûr de tout donner pour ne pas arriver avec des regrets sur les Champs-Élysées. Pour d’autres, c’est la voiture balai qui tracasse, notamment les membres de l’équipe Kings – Ramen Burrito, qui n’ont pas réussi à placer un de leurs coureurs dans le top 10 d’une étape depuis maintenant 2006. Petit point rapide sur les maillots distinctifs ? Le maillot jaune est donc sur les épaules de Tatum, celui à pois est porté par Ja Morant, qui donne parfois l’impression de voler dès que les pourcentages augmentent. La tunique verte ? Elle est pour Joel Embiid, monstre de puissance sur le plat mais en difficulté dans les bosses. Pour le maillot du meilleur jeune, c’est Luka Doncic de chez Mavericks – Texas BBQ qui domine actuellement les débats, même si il a parfois été compliqué de suivre les leaders jusqu’ici. Étape 18 Tour de France

Il est 13h40 ! La voiture de direction enclenche la première, le crâne rutilant d’Adam Silver bien visible puisque le boss de l’événement est installé debout à l’arrière, profitant du toit ouvrant. Pendant que les jambes commencent tranquillement à s’actionner en attendant le départ réel, les premières discussions s’installent au sein du peloton. Embarqué sur notre première moto commentateur, Shaquille O’Neal nous livre une fine analyse de l’échange : “Oh vous savez, je crois bien qu’ils parlent déjà d’aller soulager une envie pressante, c’est ça de quiller une gourde avant de décoller”. 

Au bout de deux kilomètres, Monsieur Silver agite le drapeau, c’est enfin parti… les lions sont lâchés ! Tout de suite, plusieurs tentatives d’échappées pointent le bout de leur nez. Evan Fournier s’envole, emmenant dans sa roue bien sûr Ja Morant mais aussi Tyler Herro, Goran Dragic, Gui Santos, sans oublier RJ Barrett et Udonis Haslem. On se doute bien que pour le dernier cité, l’objectif est de uniquement de montrer le maillot hein. La première petite difficulté de Ségus a beau être un amuse bouche pour la majorité du peloton, certains y montrent déjà des signes de fatigue. Un nom en particulier ? Kyle Lowry, pointé du doigt par beaucoup d’observateurs après une arrivée remarquée sur les routes du Tour. La raison ? Un cuissard qui moule sans doute un peu trop. Cela explique peut-être que son dirlo sportif – aka Pat Riley – ait interdit à ses coéquipiers de lui remonter des musettes pendant la course. Bref, on s’égare mais le verbe employé reste dans le thème puisque Boban Marjanovic a apparement emprunté la mauvaise route au dernier rond point. Déjà deux coureurs de moins dans le peloton, mais beaucoup d’autres vont suivre.

Rien de croustillant à se mettre sous la dent jusqu’au kilomètre 58. Ça bavarde, ça plaisante pendant que l’échappée du jour approche déjà des trois minutes d’avance. Personne n’est dangereux au général devant, alors Celtics comme Warriors gardent leur forces en vue de la suite – chargée – du menu. Une fois arrivés au sprint intermédiaire, les coureurs s’échauffent. Nuggets et Sixers remontent pour placer leurs monstres de puissance en position d’aller gratter les points. Jokic s’élance, dans une danse toujours aussi mélodieuse sur sa bécane. Joel Embiid le suit, mais doit s’avouer vaincu après que son coéquipier James Harden n’ait pas libéré assez vite le passage. Sa barbe était remontée dans les mirettes à cause du vent, faut comprendre aussi. D’ailleurs, c’est ici la dernière fois que vous entendrez parler des géants, puisqu’ils n’ont très logiquement pas le physique pour suivre les mobylettes du général en haute montagne. Oh, choqué que l’on ait pas parlé d’Anthony Davis dans ce classement ? Il est malheureusement passé par dessus le parapet dans la descente du Télégraphe la semaine dernière. Le plus ridicule dans cette affaire, c’est qu’il s’agit d’un petit muret posé là par la maçonnerie Ruisselle Ouest Briques seulement quelques jours avant le passage de la course.aubisque profil

L’Aubisque se profile et avec ses premières rampes à 10%, le tri s’effectue. Merci Rudy Gobert, merci Myles Turner… “et bon courage surtout”, comme dirait Jean-Claude Dusse. En leur compagnie, pas loin de la moitié des coureurs forme ce que l’on appelle dans le jargon le “Gruppetto”, un peloton de retardataires qui finit l’étape à son rythme. Certes, ils ne peuvent pas concurrencer les extraterrestres qui roulent devant, mais ne croyez pas qu’on parle d’une allure de cyclotouriste. Alors que la première difficulté du jour est escaladée tant bien que mal, c’est au tour de notre intervenant culinaire Giovanni Marriette de nous faire un point sur l’ensemble des fromages pyrénéens. Vous saviez que le record du monde de gobage d’Ossau-Iraty était de 39,2 secondes ? Pendant notre cher consultant commence à se chauffer pour jauger son niveau dans la discipline, la course reprend brutalement le devant de la scène car… ATTAQUE D’EVAN FOURNIER dans l’échappée ! Bien emmené jusqu’ici par son leader Barrett, le français lâche les cheveux chevaux et tente le coup de poker ultime. Il reste près de 80 bornes à plier, mais à coeur vaillant rien d’impossible. D’autant plus que la tête de course compte désormais plus de sept minutes d’avance sur le maillot jaune . La foule est en délire, et on reconnaît même les gars de la FFL à l’écran, grâce à leur panneau “Allez Alain Philippe”. Les routes sont étroites, et le public venu en nombre n’arrange en rien la situation. Heureusement, c’est Giannis Antetokounmpo qui roule en tête, et qui fait voler par la même occasion tous les malheureux du premier rang s’aventurant trop près du bord de la chaussée. Bien classé au général, le grec ne veut rien laisser transparaître en mettant la pression aux deux favoris du Tour.

D’ailleurs, ces deux là sont aussi en pleine observation. De loin car ils sont encore planqués au milieu du peloton, presque transportés par l’inertie globale. Quelle chance ils ont, d’avoir des équipes aussi soudées, complètes. De chaque côté, chaque homme est capable d’apporter pour faire avancer le chantier global, ou déstabiliser l’adversaire. Quand le sport est sublimé par ce genre de collectif, il en devient encore plus magnifique. On parlait de 420 coureurs, ils ne sont plus désormais qu’une petite centaine. Certains rentreront dans la descente, mais cette dernière est bien technique, travail de trajectoire obligatoire pour ne pas finir avec un tronc de sapin imprimé sur le front. La transition vers le Col de Spandelles est très courte, à peine assez longue pour permettre aux équipes de disposer leur zone de ravitaillement. À ce jeu, toute une technique est requise pour ne pas être déséquilibré au moment d’accrocher la lanière de la musette. Les meilleurs membres du staff, qui ont beaucoup de bouchon, arrivent carrément à lancer les sacs de vivre à leurs coureurs. Le Jazz est d’ailleurs l’équipe la mieux dotée puisque son distributeur de goûter n’est autre que John Stockton, légende au coup de pédale très précis et converti dans le lancer d’objets. On se demande bien ce que ça aurait pu donner s’il avait fait du basket tiens.

Col de Spandelles

Le tempo imprimé par les Warriors dans le Col de Spandelles est infernal, et ils ne sont plus qu’une vingtaine à s’accrocher. Dans cette liste ? Klay Thompson, Jordan Poole, Andrew Wiggins, Gary Payton II pour épauler Steph, et Jaylen Brown, Grant Williams, Marcus Smart du côté de Tatum. Certains équipiers manquent à l’appel, c’est parce qu’ils ont déjà fait leur boulot et ont été décroché. Le reste du groupe est composé d’un Butler qui tire la langue, d’un Anthony Edward bien reconnaissable puisque la couleur des maillot de Minnesota – vert fluo – leur a déjà valu d’être confondus avec des îlots directionnels. À noter que LeBron James s’accroche aussi, très très fort aujourd’hui mais hélas dur de créer quelque chose quand le reste de la formation est déjà au jaune (pas le maillot) dans la voiture balai ou en train de roupiller dans le bus. Puisqu’il faut de l’action… tout s’emballe au septième lacet ! Stephen Curry enclenche, ça part de très loin puisqu’il était en fond de groupe. En train de savourer le dernier Délichoc qui lui restait, Tatum est pris de court mais l’écart est faible car son équipe mène désormais un course poursuite. Exit Jordan Poole, qui ne peut tenir la cadence. A moins que ce soit car il a vu une jolie spectatrice sur le bord de la route, allez savoir. Dix secondes, onze secondes… le temps mangé par Stephen Curry ne suffit pas, puisque ce sont trente secondes qui séparent les deux hommes.

Aux avant-postes, c’est toujours Evan Fournier qui mène la danse, mais Tyler Herro est en contre avec Ja Morant. Les deux ont un peu de mal à s’entendre sur les relais et sur le classement du cycliste ayant le plus progressé cette saison. C’est tout bénef’ pour Vavane ça, qui bascule en tête au sommet et attaque la descente avec près de deux minutes sur les premiers poursuivants. En même temps, pas un tif ne dépasse du casque et c’est un véritable avantage aérodynamique lorsqu’on recherche la vitesse. Alors que les derniers kilomètres favorables dans la vallée d’Argelès sont sur le point de se terminer, Radio Tour indique désormais près d’une heure de retard pour Nikola Jokic et Nikola Jovic. Étrange, alors l’une de nos motos caméra se hâte d’aller voir. Ils sont dans l’ascension du Soulor, en train de boire une timbale avec des fans venus des Balkans. Belle initiative de leur part, qui contribuera sans doute à renforcer l’image de la compétition. Paraît qu’ils ont une sacré descente qu’on aimerait pas monter à vélo. Dans le même temps, le groupe maillot jaune fait la jonction avec Curry, ay caramba.

hautacam profil

Allez, c’est la dernière difficulté du Tour de France 2022 ! Lorsque le peloton maillot jaune aborde la pente, le suspense est encore total. Les lacets sont autant de coups de massue pour tout le monde, sous le soleil écrasant du Midi et bien sûr la ferveur populaire, bien qu’un fan de la formation Kings ait vomi sur le bord de la chaussée que ses compères ne trouvent rien de mieux à faire que de courir en slip pour accompagner les favoris un court instant. Ils sont toujours moins dans ce groupe, les équipiers font leur boulot mais Stephen Curry n’a pas encore choisi de dégainer. Il y aura un plus fort à la pédale, mais qui ? On commence à avoir le trac pour Fournier, qui voit les motos temps revenir très souvent avec un écart fondant aussi vite qu’un sorbet mangue en plein cagnard. Ça y’est, il aperçoit les favoris lorsqu’il se retourne ! Ça grimace très fort, l’allure est quasi bloquée malgré toute la bonne volonté. À la faveur d’un léger replat, il renvoie un coup de braqué mais nul ne sait encore si ça va le faire. Plus que trente seconde d’écart avec le maillot jaune, et surtout le moment pour l’ultime règlement de comptes. Il semblait un peu moins en vue, le Tatum depuis déjà deux bornes, en train de constamment s’hydrater et de jeter des regards inquiets vers son rival.

C’est parti, Stephen Curry décolle, mais le derrière plaqué sur la scelle, impressionnant ! Seul Gary Payton II s’accroche, tout le monde reste sur place. Le Délichoc trop vite gobé plus tôt fait mal aux tripes pour Jay. Les deux fusées sont parties pour briller, et Evan Fournier n’y peut rien, voyant passer à côté de lui quelque chose comme “Le TGV, l’express” dit façon Patrick Montel à Berlin en 2009. Dans la voiture de Steve Kerr, l’entraîneur des Warriors, le volume est à 140 décibels constant. Non pas que la musique soit à fond, mais c’est juste le paternel de GPII qui est à bord, Gary Payton. Les derniers hectomètres sont là, les chronos sont activés pour comptabiliser les écarts entre Curry et Tatum. Dans un acte de panache ultime, le petit Gary deuxième du nom place une dernière accélération qui sera même fatale à son leader ! Il s’avance tout seul dans la ligne droite finale et lève le bras qu’il s’est fracturé deux mois plus tôt sur le Dauphiné suite à un accrochage avec Dillon Brooks. Bien sûr Curry est tout content pour son coéquipier, mais ce n’est rien face à la joie audible du papa sur les quelques derniers mètres. Les chronos sont lancés, Tatum apparaît au fond de l’écran mais les écarts semblent déjà rédhibitoires, Stephen Curry est le nouveau maillot jaune de ce Tour de France ! Vers un quatrième sacre pour lui ?

Quelle étape, mais quelle étape ! On aurait tellement aimé la voir en images. Pour ce qui est de la réalité, vous voyez plus Tadej Pogacar ou Jonas Vingegaard tirer son épingle du jeu cet après-midi ? En tout cas, c’est du immanquable à la sauce Tour de France, alors regardez si vous en avez l’occasion ! 

Sources : France TV, Tour de France.