L’épopée Kings 2002 – 20 ans plus tard : Rick Adelman contre Don Nelson, l’opposition entre deux coachs aux identités bien singulières

Le 19 juil. 2022 à 17:47 par Nicolas Vrignaud

Rick Adelman Chris Webber Kings 3 mars 2022
Source : NBA League Pass

Après s’être débarrassés du Jazz au premier tour des Playoffs de cette saison 2001-02, les Kings s’attaquent à un menu costaud : les Mavericks. Au delà d’un simple match de basket à cinq joueurs contre cinq sur le parquet, cette opposition restera dans les bouquins comme un choc entre deux visions tactiques du basketball. Ce sont en effet Rick Adelman et Don Nelson qui sont respectivement aux manettes de Sacramento et Dallas, deux coachs aux préceptes très différents, mais affirmés et reconnus pour leur efficacité.

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L’épopée Kings 2002 – 20 ans plus tard : la construction du groupe parfait

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L’épopée Kings 2002 – 20 ans plus tard : Chris Webber, un ailier-fort qui casse les codes et les arceaux

Quand les Kings sortent la bande de Karl Malone et John Stockton des Playoffs, ils savent qu’ils n’auront pas le loisir de se reposer en attendant la suite des hostilités. Certes, l’équipe de Sac-Town est en pleine confiance et c’est quelque chose de très positif, mais les Mavericks qu’ils vont affronter ont également faire un sacré chantier contre les Wolves : 3-0 au premier tour, merci et au revoir surtout. Petit point historique rapide avant de voir arriver la question : avant 2003, l’ensemble des confrontations du premier tour de postseason se jouaient au meilleur de cinq matchs. Ceci étant dit, on reprend notre récit. Quand Rick Adelman débarque à Sacramento en 1998, il est reconnu comme un grand coach, mais un coach qui vient d’encaisser un échec chez les Warriors, avec deux saisons aux manettes qui n’ont pas été une franche réussite, puisqu’aucune qualification en Playoffs n’a été décrochée. Cette fois, pas question de réitérer cette sale performance. Comment va t-il s’y prendre ? Et bien en faisant venir en Californie un tacticien au style iconique pour l’aider. On ne parlera pas ici d’un nom qui résonne à l’oreille de tous, mais bien vous en fasse car c’est encore plus sympa quand on le découvre. Ce monsieur donc, c’est Pete Carril. Coach de l’université de Princeton de 1967 à 1996, Pete amène dans ses bagages un style de jeu que l’on nomme carrément par le nom de l’université dont il débarque : le “Princeton Basketball“.

Oh, on sent qu’on vous perd. Attendez, on va faire un petit retour en arrière. Le “Princeton Basketball” c’est quoi ? Il s’agit d’une philosophie de jeu qui prend ses racines dans les années 30 sous la houlette d’un homme nommé Franklin Cappon, entraîneur de l’époque à Princeton, une fac privée située dans la ville du même nom, dans le New Jersey. Le principe ? Ne compter que sur un seul intérieur pour faire le jeu dans la raquette, et privilégier les mouvements rapides autour de cet intérieur. L’objectif ? Profiter de la position occupée par le grand de l’équipe et de la focalisation faite par la défense pour obtenir des ouvertures vers le panier. Dans ce système de jeu, l’intérieur navigue très souvent vers la ligne de lancers francs, lui offrant une position préférentielle pour distribuer la balle sur les coupes de ses copains. Bien sûr, l’idée de laisser un tel joueur seul est aussi – une fois appliqué à la NBA – de le laisser jouer ses duels s’il est du genre dominant. Oh bah tiens, ça tombe bien puisqu’on parle d’une équipe qui possède Chris Webber dans la peinture. Vous commencez désormais à comprendre là où l’on veut en venir : c’est autour de Chris que l’attaque des Kings va s’organiser, et elle s’appuiera sur les divers éléments extérieurs que sont Peja Stojakovic, Mike Bibby et Doug Christie notamment. Mobile et très dynamique, C-Webb n’aura de son côté aucun mal à souvent prendre l’avantage sur son défenseur pour aller scorer. En somme, les menaces sont multiples.

princeton ball 1

Dans l’esprit d’adapter ce modèle de jeu à une NBA très mobile qui ne laissera pas autant de joueurs naviguer dans un espace aussi petit en haut du demi terrain, Adelman fait le choix de positionner deux de ses extérieurs dans les corners. La conséquence d’un tel changement vous paraît peut-être insignifiante dictée comme ceci, mais c’est bien ce que fait la différence. Avec des joueurs désormais assez largement espacés, les défenses n’ont que peu de marge de manoeuvre en terme de déplacement. La part belle est donc faite aux mismatchs sur écrans et autres un contre un. Avec ce style de jeu et le technicien qui l’a perfectionné, Rick Adelman tient dans sa besace de redoutables armes pour lancer ces Kings dès son arrivée. Il n’y a d’ailleurs pas de hasard : ces derniers ne manqueront plus les Playoffs et la saison 2001-02 marque l’apogée de ce basket jouant sur la fluidité et le mouvement. Seulement, ils seront opposés à un autre jeu très identifié en demi-finales de l’Ouest.

Débarqué en 1997 à Dallas, Don Nelson arrive avec lui aussi avec le passif d’un excellent coach. Dans ses mains ? Un groupe jeune, mais un groupe qui ne gagne pas. En plus, le tacticien arrive dans sa nouvelle équipe un peu comme Adelman, c’est à dire avec une image bien ternie par ses récents échecs chez les Warriors pour ses dernières saisons dans la Baie puis chez les Knicks. Les mauvaises langues s’en donnent alors à coeur joie : “coach fini”, “semeur de troubles”… Vous en conviendrez, ce n’est pas l’idéal. Oui mais voilà, Don Nelson ne lâche rien et comme dit plus haut, le groupe dont il hérite est à façonner entièrement, que ce soit collectivement comme individuellement. Intéressé par l’ascension de Michael Finley, Nellie souhaite entourer le garçon avec d’autres talents. Le flair, voilà de quoi nous allons désormais parler. À la Draft 1998, il tricote deux échanges avec les Bucks et les Suns pour premièrement récupérer un rookie allemand nommé Dirk Nowitzki et deuxièmement ramener Steve Nash à Dallas. Autour de ces trois joueurs, Nelson remettra rapidement en place son jeu rapide si iconique. Ailier-fort, Dirk sera souvent envoyé au large, pour fixer les défenses et sanctionner au tir, un domaine dans lequel il montre déjà de très belles choses après peu de temps passé sur les parquets NBA. D’ailleurs, ce poste 4 ne sera pas celui de Dirk dans la tête de Nellie. Non, les grands ça avance trop lentement, alors on va utiliser un pivot plus petit mais plus rapide.

Deux intérieurs pour deux visions de voir le basketball, ça donnera forcément une opposition d’anthologie ? Alors, pas vraiment. Mais n’y voyez pas l’échec total d’une philosophie face à une autre. Vous avez d’un côté une équipe en pleine montée, quand l’autre est déjà équipée de certains des plus gros cadors de la ligue. Certes, le trio Finley – Nash – Nowitzki fait baver plus d’un fan… mais il est encore trop jeune pour espérer déranger ces Kings en train de claquer l’une des meilleures saisons de leur histoire récente. La série sera pliée en cinq matchs, dominée par Sacramento. Dans cette série, on aura le droit à une démonstration de basket d’un côté, mais aussi et surtout d’expérience. Bousculés en Californie, les Licornes n’acceptent pas le défi physique et psychologique imposé par les Rois en leur pays. Le public ne laisse rien passer, et les nerfs sont mis à trop rude épreuve pour être lucide dans le jeu. Le jeu pratiqué par Adelman sera repris maintes et maintes fois en NBA par la suite, et vous aurez peut-être noté une similitude avec les Nuggets actuels, qui basent leur jeu sur un Nikola Jokic en mode tour de contrôle au poste haut. En ce qui concerne C-Webb et sa clique ? Ils passent en finale de l’Ouest, où ils retrouveront les Lakers champions en titre. Pour une série qui marquera l’histoire de la ligue ? Sans doute que oui !

Rick Adelman, un coach audacieux qui sera l’architecte de cette équipe des Kings si iconique par les joueurs, par l’image mais aussi et surtout par le jeu. Le “Princeton Basketball” sera d’ailleurs mis très vite à rude épreuve, puisque ce sont Shaq’ et Kobe qui se dresseront face aux Rois pour la prochaine étape de leur périple. 

Sources : Hooptactics


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