Comment les Nets ont-ils vécu cette première semaine de Free Agency ? On a imaginé les insides, et ça vaut le détour

Le 06 juil. 2022 à 20:08 par Arthur Baudin

Kyrie Irving Kevin Durant Nets Free Agency NBA
Source image : YouTube @NBA

Un vœu de fidélité, une déclaration de guerre, des lieutenants qui désertent : en une semaine, les fan des Nets ont feuilleté, traversé, visité et revisité le catalogue des émotions. Ils en ont même recensé certaines. D’une association entre Kyrie Irving et Kevin Durant – laissée en échec par les Celtics au premier tour des Playoffs – il ne reste aujourd’hui que de l’incertitude et des bruits de couloir. Récit imaginaire de l’une des ouvertures les plus intenses de l’histoire de la Free Agency, vécue de l’intérieur.

« On arrive aux alentours de 3h du mat’, la presse ne sera pas là. Tu files dormir une ou deux heures, puis on enchaîne avec la signature, tenue du maillot aux côtés de LeBron, rencontre avec coach Darvin Ham : une grosse journée en perspective ». D’un simple hochement de tête, Kyrie Irving fait comprendre à Sidney, son agent, qu’il souhaite profiter de ses dernières heures de vol pour sommeiller. Il lui faut prendre des forces avant la bataille. Sa signature aux Lakers sera l’une des plus médiatisées de l’histoire de la NBA, les obligations marketing s’annoncent donc épuisantes. À Cleveland, LeBron James et lui ont remporté LE titre du siècle. Sont bien gentils les Spurs 2013-14, mais niveau storytelling et contexte, il n’y a pas match. On pourrait même étaler ce haut fait sur toute l’histoire de notre sport. M’enfin, revenons à notre vol. Avachi contre le hublot, Kyrie aperçoit au loin un autre jet à contresens du sien : « Ce doit être celui de Russell Westbrook », lui glisse Sidney, tête plongée dans les documents administratifs. « On m’a dit qu’il faisait partie de l’échange ».

« Il fait partie de l’échange !? Mais qu’est-ce qu’ils envoient avec lui ? »

« Austin Reaves, deux seconds tours de draft et les droits de Louis Labeyrie. »

*écarquille grand les yeux*

« Ouai je sais ouai. »


Lundi 27 juin, 23h37, avion de Kyrie Irving

« Eh Kyrie, tu voulais pas dormir ? »

« J’y arrive pas… Je me demande, ça fait combien de temps qu’on vole ? »

« Boarf, plus ou moins six heures je dirais. »

« Faites demi-tour. »

« Quoi… ? »

« FAITES DEMI TOUR ! »

Ni une, le jet repart en direction de Brooklyn. Sidney est sonné, les pilotes ne comprennent pas et croient à un revirement dans les négociations. Ce n’est qu’à l’atterrissage sur le tarmac de l’aéroport John F. Kennedy – aux alentours de 5h du mat’ – que Kyrie Irving se confie à un agent de piste : « Eh, six heures qu’on volait dans la même direction, on a failli tomber ».  De retour au Barclays Center, le septuple All-Star monte dans le bureau de Sean Marks pour y fixer ses conditions. Une quarantaine de minutes plus tard, les deux hommes ressortent avec la banane : leurs pourparlers semblent avoir abouti. On apprendra dans la matinée que Kyrie Irving a finalement pris sa player option à Brooklyn. Pendant l’officialisation auprès des médias, Sean Marks – l’air espiègle – se penche vers son assistant et lui chuchote à l’oreille : « Tu le fous dans un avion, pas de virages pendant plusieurs heures, ça marche à tous les coups ».

Mardi 28 juin, 3h15 du matin, avion de Kyrie Irving

Plus tard, dans l’après-midi, les Nets se rejoignent chez Sam Pesto – cousin de l’inventeur du pesto et ami du proprio – pour y organiser un barbecue. Agent libre dans deux jours, Nicolas Claxton profite de ses derniers instants avec ses potes : « Les gars, j’ai adoré cette année à vos côtés, on ne prendrait pas une petite photo entre tous les joueurs ? ». Mains sur les épaules, accolades, réflexions de beaufs et Bruce Brown qui lance la chanson du tracteur… le groupe vit étonnement bien. Seul souci, Steve Nash est au téléphone et Sam Pesto gère le barbecue. Il n’y a donc plus personne pour prendre la photo. Perçu comme le daron du groupe, Patty Mills envoie un steak derrière la tête de Ben Simmons : « Eh Ben, vas-y toi, toute façon on a dit une photo entre “joueurs” ! ». Tout le monde pouffe de rire, l’Australien fronce les sourcils et obéit. Une fois le cliché pris, Kyrie rejoint Sam qui retourne les chipos.

– « Eh Ky’, il paraît que tu restes dans le coin ? »

« Ouai Sam. Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis. »

« T’as bien raison. Et puis, quel manque de respect ce package proposé par les Lakers. Le monde ne tourne vraiment pas rond. »

« Je ne te le fais pas dire Samy. »

Barbecue

Mardi après-midi, barbecue dans Central Park

Chaque mercredi à Brooklyn, c’est « sortie cohésion ». Un début de tradition tenté par Kenny Atkinson à son arrivée en 2016, finalement perpétué sous l’égide de Steve Nash. Mais cette saison, la sortie cohésion est tabou depuis que Blake Griffin a mis un coup de boule à James Harden en plein Laser Game. On n’a jamais eu la raison de cet incident, on sait juste que le barbu a demandé son trade dans la foulée. Ce mercredi, Steve Nash choisit d’emmener ses poulains au karting. Le problème, c’est qu’il n’y a que six karts pour sept gars. Grand seigneur, Patty Mills se retire : « Je laisse ma place aux autres joueurs ». Joe Harris, Kyrie Irving, Kevin Durant, Seth Curry et Nic Claxton se rendent donc vers leurs bolides. Ben Simmons s’y dirige également, mais Patty Mills le retient : « Non non non, j’ai dit aux autres “joueurs”. Toi tu vas faire commissaire de course ». Benny est dégoûté. Une semaine après avoir servi de poteau au foot, il fera commissaire de course.

Mercredi 29 juin, karting

Jeudi, début de la controverse. Au réveil, Joe Harris reçoit un SMS de Kevin Durant lui demandant s’il est « chaud d’aller faire un tour sur les quais ». L’arrière le sait : quand KD propose d’aller « faire un tour sur les quais », c’est rarement de bonne augure. Il préfère toutefois que ce soit lui plutôt que Markieff Morris ou un frère Lopez. Rendez-vous en fin de matinée donc, pour une balade à grand enjeu.

« Je vais partir Joe… »

« Où ? »

« Là où le vent me portera Joe… »

« Ouai là où y’a déjà des bagues et des All-Stars quoi. »

« Raccourci plutôt rapide mais ça tape dans le vrai. »

« Mais tu sais que si tu pars, l’autre couillon va faire pareil hein ? »

« Fort possible ouai. Mais tu le fous dans un avion au moins deux heures et… »

« Ouai je sais. Sean m’a dit. »

Jeudi 30 juin, Kevin Durant demande son trade

Vendredi, suite de la controverse. Au réveil, Joe Harris reçoit un SMS de Kyrie Irving lui demandant s’il est « chaud d’aller faire un tour sur les quais ». Le shooteur connaît déjà la chanson. Il n’a qu’à enfiler un short et c’est parti.

« Je vais partir Joe… »

« À tout hasard, ça a un lien avec la demande de trade de Kevin ? »

« Euh… non enfin pou… pourquoi ça aurait un lien ? »

« Boarf, non laisse. »

– « … »

– « … »

« Dis, tu penses qu’ils vont retirer mon maillot ? »

« Ouai et celui de Kessler Edwards aussi. »

« Jure ? »

« Woah mais qu’est-ce que t’es con. »

Vendredi 1er juillet, Kyrie Irving demande son trade

Samedi après-midi, à l’hôpital Mont Sinaï de Manhattan, Sean Marks scoute les dossiers médicaux des patients. Bien qu’il ait repéré un petit Mexicain d’1m86, parfait pour tenir la mène, l’assistance respiratoire du bonhomme colle difficilement avec les 82 matchs par saison. C’est donc vers deux silhouettes déjà connues des salles NBA que décide de se tourner le GM.

– « Qui m’avez-vous dit déjà ? T.J. Warren et Edmond Sumner ? »

– « Oui, c’est ceux-là que je veux. »

– « Les deux ? »

– « Oui les deux. »

– « Chambre 407 et 205. Eh je vous préviens, ça fait plus d’un an qu’ils n’ont pas bougé, ça sent le fond d’une ballerine. »

Samedi 2 juillet, Sean Marks scoute à l’hôpital

Dimanche, jour du seigneur, mais surtout jour de tampering. Vieux singe qu’il est, Nick Nurse connaît les habitudes d’Adam Silver. Le dimanche, le sosie officiel des Olmèques dans les Mystérieuses Cités d’or pionce jusqu’à très tard. Les Raptors en ont donc profité pour organiser une petite session golf non loin de Toronto, à laquelle ils ont convié… Kevin Durant. La matinée s’est super bien déroulée, et étonnamment, le joueur des Nets a remporté douze parties sur douze.

Dimanche 3 juillet, session tampering des Raptors

Fin d’une semaine haute en couleurs à Brooklyn. On n’est toujours pas fixé sur le sort de la franchise, et encore moins sur l’effectif qu’elle affichera au moment de reprendre les armes en octobre prochain. Rendez-vous dans plusieurs secondes/heures/jours/semaines pour le dénouement de ces feuilletons, en espérant qu’après tout le foin remué, le final en vaille la chandelle.