James Harden n’a plus le droit à l’erreur : deux transferts en un an, une réputation dégradée, c’est la bague ou rien avec les Sixers

Le 11 févr. 2022 à 13:31 par Nicolas Meichel

James Harden Brooklyn nets 21 février 2021
Source image : NBA League Pass

Transféré aux Sixers hier soir dans un énorme blockbuster deal, James Harden déménage pour la deuxième fois en un peu plus d’un an. Celui qui a passé près d’une décennie à Houston a forcé son départ vers Brooklyn en janvier 2021, avant de demander son transfert à Philadelphie en février 2022. Une demande qu’il ne voulait pas faire publiquement par peur des contrecoups publics. Mais si le Barbu voulait vraiment éviter un backlash, on peut dire que c’est raté. 

Deux sorties ratées en un an

Le transfert de James Harden vers les Sixers n’était même pas encore tombé que le Barbu prenait déjà très cher sur Twitter. “Lâcheur”, “Dégonflé”, “Faible”, voilà certains termes qu’on a pu voir sur l’oiseau bleu et encore, ce ne sont pas les pires. Il y a un peu plus d’un an, Ramesse avait forcé son départ des Rockets en séchant une partie du camp d’entraînement pour privilégier les strip-clubs (en plein climat COVID on le rappelle), en enchaînant les perfs médiocres avec plusieurs kilos en trop sur la balance, tout ça avant de carrément déclarer en conférence de presse que son équipe n’était “tout simplement pas assez bonne” et qu’il “n’y avait rien à faire pour arranger ça”. Une sortie assez désastreuse donc pour celui qui était le visage des Rockets entre 2012 et 2021. Une sortie très loin d’être à la hauteur de ce qu’il avait accompli avec Houston en l’espace d’une décennie. Une sortie mettant forcément un coup à sa réputation, du côté d’H-Town évidemment mais pas seulement, et ce ne sont pas les deux-trois regrets exprimés en public après son transfert à Brooklyn qui ont fait oublier ses actions depuis.

James Harden after another blowout loss to the Lakers:
"We're just not good enough."
"I love this city. I've literally done everything that I can. This situation is crazy. It's something that…I don't think can be fixed, so…"

Wow. #khou11 pic.twitter.com/giuGdsFhOg

— Jason Bristol (@JBristolKHOU) January 13, 2021

Et puis nous voilà en février 2022. Deux situations forcément différentes mais un sentiment similaire qui prédomine au sein de l’univers NBA. Celui d’un homme qui – malgré ses déclarations publiques concernant sa volonté de rester à Brooklyn – jette l’éponge devant l’adversité en pensant que l’herbe est forcément plus verte ailleurs, plus précisément à Philadelphie dans notre cas. Pour toujours, la dernière performance du Barbu avec les Nets sera ce match désastreux à 4 points contre Sacramento, où son body langage ressemblait cruellement à celui de ses dernières heures à Houston. Une performance honteuse contre les faibles Kings, alors que son équipe de Brooklyn était tout simplement en chute libre sans Kevin Durant. Et si le coach Steve Nash déclarait après la rencontre que Ramesse n’était pas à 100% de ses moyens à cause d’un bobo à l’ischio, c’est bien la dernière image qu’on aura de lui sous le maillot de Brooklyn, puisqu’il a manqué les quatre matchs suivants alors que les rumeurs enflaient de plus en plus concernant un potentiel départ chez les Sixers.

“Je ne peux pas vous expliquer à quel point James Harden veut ce transfert. Il faut toujours faire attention quand on utilise le Q-word [quitter, qu’on peut traduire par “lâcheur”, ndlr.], mais ses actions lors des dix derniers jours sont tout simplement une menace pour les Nets. La semaine dernière à Sacramento, alors que les Nets étaient sur cinq ou six défaites de suite et que Durant était absent, il a joué 37 minutes et a fini avec… 4 points. Et cela ne reflète même pas le peu d’efforts qu’il a donnés en défense. Et puis ensuite, il n’a plus joué du tout pendant le reste du road-trip. De toutes les manières possibles, il fait entendre sa volonté de quitter la franchise en hurlant, ‘Je ne veux plus être ici’, comme il l’a fait à Houston.”

– Brian Windhorst, insider pour ESPN

Shocking that Harden would try to force his way off a team…except if you remember that he did it a year ago. "I know i did you wrong, but I've changed." Spoiler: They don't. Was going to take a lot to make Kyrie look like the functional player in the mix, but congrats.

— Steve Popper (@StevePopper) February 10, 2022

Des circonstances particulières, mais…

Quand James Harden a débarqué à Brooklyn en janvier 2021, il s’imaginait évoluer au sein d’un Big Three censé tout péter et dans une équipe pouvant booster ses chances de remporter ce titre NBA qui lui échappe toujours. On pouvait comprendre sa volonté de quitter Houston pour rejoindre une superteam comme celle des Nets, même si on ne valide toujours pas sa méthodo pour forcer son transfert des Rockets. La trentaine passée, pression de plus en plus forte pour gagner une bagouze, une franchise de Houston qui semblait s’éloigner de plus en plus du titre… autant d’éléments qui ont favorisé le départ de celui qui a porté les Rockets sur ses épaules pendant quasiment une décennie. Sauf qu’un an plus tard, Harden se retrouvait à nouveau dans le costume de numéro un sur le parquet du Barclays Center, sans Kevin Durant (blessé) et sans Kyrie Irving (interdiction de jouer les matchs à New York car non vacciné).

“D’après une source proche de James Harden, il est frustré par rapport à sa situation aux Nets. Il est venu à Brooklyn pour faire partie d’un monstre à trois têtes, mais désormais il doit jouer un rôle similaire à celui qui était le sien à Houston : être le numéro un.”

– Alex Schiffer, The Athletic

Une frustration compréhensible d’une certaine manière, surtout par rapport à la situation Kyrie qui pèse sur les Nets depuis le début de la saison. James Harden l’avait dit lui-même en conférence de presse il y a quelques semaines, sous le ton de la plaisanterie mais pas tant que ça finalement, “je vais le lui faire ce vaccin”. Le statut d’Uncle Drew, limité aux matchs à l’extérieur à cause des restrictions sanitaires toujours en place à New York, a évidemment perturbé la continuité dans une saison assez chaotique du côté de Brooklyn, où Kevin Durant est out depuis plusieurs semaines tandis que Joe Harris n’a pas joué depuis novembre. Autant d’éléments qui ont fait plonger les Nets dans la crise, eux qui sont aujourd’hui sur… dix défaites consécutives et seulement huitièmes à l’Est avec un bilan de 29 victoires pour 26 défaites.

Des circonstances à ne pas oublier donc, mais des circonstances qui ne vont pas servir de bouclier pour autant pour James Harden. Car peu importe ces dernières, ce que l’univers NBA a tendance à retenir aujourd’hui après ce nouveau transfert du Barbu, c’est qu’Harden a quitté Kevin Durant après seulement quelques mois, alors que ce dernier se trouvait à l’infirmerie et qu’il avait porté les Nets en début de saison pendant que Ramesse tentait de retrouver la forme. Pas étonnant que Durant l’ait snobé au moment de choisir ses All-Stars à la Draft hier, Harden ayant finalement été choisi en dernier avant d’être moqué par un Charles Barkley toujours là pour mettre des tacles appuyés. Ramesse va devoir avancer avec ça désormais. Et justement, on a l’impression que plus on avance, plus le Barbu se met du monde à dos. On se souvient de ses embrouilles avec Dwight Howard, Chris Paul et même Russell Westbrook à Houston, où Harden a constamment été traité comme un roi par Daryl Morey. Les trois ont fini par quitter le Texas. Vous pouvez désormais ajouter Kevin Durant et Kyrie Irving à cette liste, ces derniers ayant également eu quelques clashs avec le Barbu notamment par rapport à leur vision sur la culture de la franchise. La différence, c’est que c’est Harden qui déménage cette fois-ci, mais son statut de diva ne s’en retrouve que renforcé. Partir en plein milieu d’une saison, seulement un an après être arrivé à Brooklyn et alors que les Nets sont en pleine crise, ça ne peut que nuire à votre réputation. Surtout au vu de la campagne d’ensemble de James Harden, loin d’être irréprochable en matière de performances cette année (22 points – 8 rebonds – 10 passes de moyenne pour presque 5 turnovers, à seulement 41% au tir dont 33% à 3-points) et pas forcément sur la même longueur d’onde que le coach Steve Nash sur certains principes de jeu.

Report: James Harden clashed with Kevin Durant on “multiple fronts, including their ideals of the team’s culture,” according to @Farbod_E pic.twitter.com/Trg9EHHfG9

— Hoop Central (@TheHoopCentral) February 11, 2022

Un titre NBA pour se racheter une réputation ?

Pour toutes ces raisons, la cote de James Harden à travers la NBA n’a probablement jamais été aussi basse. La seule manière pour lui de vraiment se racheter une réputation, c’est de remporter un titre de champion aux côtés de Joel Embiid aux Sixers. Point barre. Il n’y a pas d’autre chemin, pas d’autre moyen. On le sait, gagner, ça peut arranger beaucoup de choses et on l’a vu avec d’autres superstars au fil des années comme LeBron James et Kevin Durant pour ne citer qu’eux, même si chaque situation est évidemment différente. C’est d’autant plus nécessaire pour le Barbu qu’il a accumulé pas mal de casseroles en postseason au cours de sa carrière, des casseroles qui lui collent toujours à la peau. On pense tout de suite à son Game 6 face aux Spurs lors des Playoffs NBA 2017, quand il a bouclé une saison magique par un flop monumental (10 points et 6 turnovers à 2/11 dans un match à élimination). Un exemple extrême, mais un parmi d’autres. Habitué à finir la saison complètement cramé, Harden n’a tout simplement jamais réussi à atteindre les Finales NBA en tant que franchise player. Et aujourd’hui, le Barbu veut surfer sur la saison calibre MVP de Joel Embiid à Philly pour retrouver le plaisir de jouer et de gagner. Il veut profiter de sa réunion avec Daryl Morey pour prouver qu’il n’est pas encore sur le déclin malgré une première partie de saison médiocre. Vaudrait mieux que ça fonctionne pour Harden, car personne ne va lui faire le moindre cadeau.

Malgré un talent all-time, malgré le fait qu’il soit dans la catégorie des meilleurs scoreurs de l’histoire de la NBA, James Harden voit sa legacy être impactée de plus en plus. Deux demandes de transfert en un an, des sorties ratées, et toujours pas de bague au doigt… ça commence à faire beaucoup. Peut-il faire quelque chose de grand avec Joel Embiid pour mettre tout ça derrière lui ?