Julius Randle touche le fond mais creuse encore : en dilettante puis finalement éjecté face aux Grizzlies, un match à l’image de sa saison

Le 03 févr. 2022 à 10:38 par Arthur Baudin

Julius Randle
source image : NBA League Pass

Donnez de la viande à un canard et il se croira lion. Depuis maintenant quelques semaines, le divorce entre Julius Randle et les Knicks apparaît comme inévitable. Le “franchise player” ne fait plus les efforts et affiche un niveau de leadership bien en deçà de celui qui devrait être le sien. Goutte d’eau qui fait déborder la baignoire, son expulsion de ce mercredi face aux Grizzlies n’a rien d’anodine. Débrief.

Les bras ballants, la mine déconfite et une certaine envie de démarrer les arbitres sur chaque coup de sifflet. On aura beau trouver toutes les excuses du monde à Julius Randle, l’attitude n’est pas bonne. Posons le décor. Cette saison, les moyennes statistiques du dernier Most Improved Player sont en chute libre, faisant de lui l’un des candidats au trophée spirituel de Worst Improved Player. Depuis sa prolongation de 117 millions sur 4 ans l’été dernier, son jeu a perdu en cohérence, en fluidité, en générosité. Il a par exemple sorti davantage de matchs en-dessous des 10 points (7) que de matchs au-dessus des 30 (5). La nouvelle méthode Julius Randle consiste à porter le ballon, patienter 15 secondes sur les 24 de la possession, driver à l’épaule comme un homme de Néandertal, se rendre compte que le défenseur a de bons déplacements latéraux, forcer le tir ou ressortir. Le schéma est bien souvent celui-là, et ce n’est pas la touche technique de Tom Thibodeau qui contrarie cette simplicité. Le velleda new-yorkais semble fermer les yeux sur l’attitude et l’efficacité de son franchise player, comme s’il n’avait déjà plus grand-chose à prouver. Sa dimension n’est pourtant plus celle d’un All-Star. Il tourne cette saison à 18,5 points, 9,9 rebonds et 5 assists à 41% au tir dont 31% du parking, au beau milieu d’une équipe douzième de la Conférence Est. Ce mercredi encore, la prestation de Julius Randle face aux Grizzlies a couplé maladresse, provocation inutile et négligence totale vis-à-vis de ses coéquipiers.

Desmond Bane and Julius Randle got into it during a timeout. pic.twitter.com/hMrIHlozHf

— SportsCenter (@SportsCenter) February 3, 2022

Alors oui, la langue de Desmond Bane est réputée bien pendue et l’ailier des Grizzlies n’est pas le dernier des bastonneurs. Le genre de gars qui lève les deux poings pour préparer sa garde et menace à coups d’expressions du troisième âge : « Tu peux numéroter tes abattis parce que je vais te rouster ». On se souvient d’ailleurs qu’il avait dit à LeBron James que son jeu d’appuis n’effrayait personne, une bonne façon de démarrer une chicane premium sous le soleil californien. Par contre, dans le contexte de ce mercredi soir, que foutait Julius Randle devant le banc des Grizzlies pendant un temps-mort ? Bien sûr Desmond Bane glisse une petite poussette, et il n’a pas à faire ça, mais quel est le but de se balader ici si ce n’est d’ajouter de l’huile sur le feu ? On aurait dit un mauvais rendez-vous où l’on discute avec des chaines de vélo. Résultat des emplettes, une première faute technique pour Randle, qui en récoltera une seconde quelques instants plus tard, direction la douche avant tout le monde. C’est quand même dingue que le n°30 de la Big Apple ne fasse aucun effort. Tirer ce constat revient également à tirer sur l’ambulance, mais son niveau statistique est en chute libre et Julius n’a jamais terminé meilleur scoreur de son équipe sur les 15 matchs du mois de janvier. La décadence, nul autre mot n’exprime mieux la situation de celui qui fut un leader à tous les niveaux sur l’exercice 2020-21. On se souvient du papier gratté l’été dernier et intitulé « Free Agency 2021 : Julius Randle prolonge aux Knicks pour 4 ans et 117 millions, le maire de New York s’offre un nouveau mandat ». Une allonge de contrat jugée étonnante entre les lignes de l’article car « si Randle avait attendu l’intersaison 2022, il aurait été éligible à un deal de cinq ans à 200 millions ! ». Plusieurs mois après – et même si l’on fait gaffe à la culture de l’instant – son contrat de 117 millions sur 4 ans paraît toxique.

Les Knicks ne vont pas bien et en pierre angulaire de ce malaise, Julius Randle a perdu toute sa crédibilité : il ne regarde pas ses potes, minimise ses courses défensives et provoque adversaires et arbitres. Le meilleur moyen de mettre fin à cette triste scène ? Possiblement la trade deadline, même si en basket-ball, tout va très vite.