Denver Nuggets, le bilan 2020-21 : un MVP maison mais un sweep en demi-finale, c’est pas les montagnes rocheuses c’est les montagnes russes

Le 31 juil. 2021 à 14:41 par Giovanni Marriette

Source image : Alex Brogan via Wikimedia Commons

Après une saison 2019-20 en tous points réussie et terminée dans le short de LeBon James et des champions de Los Angeles, les Nuggets devaient confirmer et, pourquoi pas, passer un nouveau cap à l’Ouest. Malheureusement les réussites individuelles et notamment celle de Nikola Jokic n’auront pas suffi, et la blessure de Jamal Murray aura été l’épine de trop dans le pied d’une équipe qui se veut ambitieuse. Allez, on récapitule tout ça, en pleins JO, parce que le repos c’est pour les autres.

CE QUE TRASHTALK AVAIT ANNONCÉ

Après une bulle floridienne de toute beauté, on était en droit d’attendre de grandes et belles choses en 2021. Jamal Murray qui doit exploser, Nikola Jokic en mode glouton, Michael Porter Jr. qui doit continuer d’éclore, le pari Facundo Campazzo à la mène, l’arrivée du très utile JaMychal Green et le papy Paul Millsap qui prolonge, autant de points positifs qui nous font alors oublier les départs de Jerami Grant, Mason Plumlee et Torrey Craig, pas des foudres de guerre mais garants tout de même d’une bonne partie du côté fight du squad de Mike Malone la saison précédente. On partait donc sur un pronostic situé entre 45 et 49 victoires et une régulière à finir entre la deuxième et la troisième place. On vous laisse regarder le bilan et le classement final, on appelle ça des experts.

CE QU’IL S’EST VRAIMENT PASSÉ

Une entame de saison en mode diesel. En effet les débuts sont compliqués avec un 1-4 initial dont une défaite lors du Christmas Day face aux Clippers et deux contre les… Kings. Nikola Jokic a beau claquer un triple-double en battant son career high à la passe avec 18 caviars contre Houston, il n’empêche que début janvier les Nuggets sont derniers à l’Ouest, avec un Michael Porter Jr. qui se mange un protocole COVID dans le menton, salé époque dans les Rocheuses. Peu à peu les choses rentrent néanmoins dans l’ordre avec huit victoires en dix matchs fin janvier dont cinq de suite après la galette des Rois, dont deux grosses wins face aux Suns après prolongations. Jamal Murray tripote de trop près les balls de Tim Hardaway Jr. mais Michael Porter Jr. sort les siennes, puis vient ce fameux 31 janvier avec les 47 points et 12 rebonds de Nikola Jokic face à Rudy Gobert, première énorme dinguerie d’un phénoménal festival à venir. Le genre de saison qui voit Niko claquer un 50/8/12 une semaine plus tard, le genre de saison qui voit Jamal Murray prendre ça pour un défi et atteindre lui aussi la barre des 50 (à 21/25 au tir) la semaine suivante à Cleveland. Les Nuggets se sont officiellement remis la tête à l’endroit, le Joker s’essuie les groles sur les Blazers (41/5/5) mais le 25 février les hommes de Mike Malone nous offrent la fin de match la plus éclatée de ces dix dernières années en bousillant littéralement leur dernière possession du match face à Washington et en faisant se retourner dans sa tombe l’inventeur du QI basket. Heureusement un joli 8-1 fait à nouveau sourire les fans du Colorado, Nikolic Joka s’assoit de plus en plus confortablement sur le trophée de MVP, les Bucks sont vaincus malgré une palanquée d’absence côté Denver, Jamal Murray est salement clutch, JaVale McGee est de retour sur l’une des terres de ses premières amours, Aaron Gordon débarque également pour devenir le lieutenant défensif qu’il est censé être, les Nuggets gagnent huit matchs de suite après la trade deadline, MPJ monte en puissance, Nikola Jokic est inarrêtable et…

Et c’est le drame.

Le 12 avril, Stephen Curry est exceptionnel mais c’est bien la saison des Nuggets qui prend un sale virage avec la rupture des ligaments croisés de Jamal Murray, lui le héros de la bulle, lui le deuxième meilleur joueur de Denver. Les images sont évidemment terribles et la fin de saison de Denver compromise, mais très vite les Nuggets font front et réagissent avec neuf victoires en dix matchs. Austin Rivers débarque en pompier bourré, Nikola Jokic gloutonne les Grizzlies avec 47 points, 15 rebonds et 8 passes, et si Will Barton prend à son tour un abonnement illimité à l’infirmerie (…) le Joker s’occupe de tout, se farcit Zion Williamson au buzzer et mène les Pépites jusqu’au podium de l’Ouest, who needs Jamal Murray quand vous avez un Facundo Campazzo au four et au moulin nan on déconne. Le 5 mai l’ogre des Balkans compile 23 points et 6 rebonds… au premier quart-temps face aux Knicks, sur les épaules de ce marteau les Nuggets déroulent et terminent la régulière à la troisième place de l’Ouest avec un bilan de 47-25, à égalité avec les Clippers mais devant les Californiens grâce au tie-breaker. Ce sera donc les Blazers au premier tour, pour une énorme revanche de la magnifique demi de conf de 2019, mais cette fois-ci ce sera sans Jamal Murray et ça change quand même pas mal la donne. Les Nuggets perdent le premier match mais égalisent grâce à 38 points (à 15/20) de qui vous savez, puis Niko fait rebelote au Game 5 lors d’un match exceptionnel, remporté par Denver face au FC Lillard, génie légendaire mais également bien trop seul. Le Game 6 ne sera qu’une confirmation de la mainmise de Denver grâce notamment au petit Monte Morris qui sort de sa boîte, quelques jours plus tard Nikola Jokic est élu MVP sans aucune surprise et fête son trophée avec une défaite au Game 1 des demi-finales de Conférence à Phoenix. La première d’une série de… quatre de suite, car Niko est lui aussi trop esseulé, car Michael Porter Jr. est en plein sophomore wall alors qu’il avait été si bon au premier tour, car les héros sont fatigués, car le collectif des Suns fut tout simplement incroyable sur la série. Marche arrière toute par rapport à 2020, bonnes vacances, vous les avez malgré tout mérité.

L’IMAGE DE LA SAISON

Pauvre petit père. Non mais vraiment. Il avait pourtant mis tout le monde d’accord dans la bulle mais une très vilaine blessure en avril aura coupé Jamal en plein dans son élan, précipitant également la saison de son équipe dans la catégorie des années à oublier. Le jour où tout a basculé, clairement.

IL A ASSURE COMME UNE BETE : NIKOLA JOKIC

Trois lettres, M, V, P, et on pourrait s’arrêter là. 26,4 points, 8 rebonds, 10,8 passes, à 56,6% au tir dont 38,8% de loin, à chaque fois ses meilleures moyennes en carrière ou presque. La stat la plus impressionnante pour décrire le cannibalisme du garçon ? Cette saison les Nuggets ont joué 72 matchs, et cette saison Nikola Jokic a joué… 72 matchs. Jamais fatigué, jamais rassasié, et ce ne sont pas 72 matchs mais bien 72 mixtapes que le Joker nous a offert de décembre à juin, terminant l’exercice avec une cruelle élimination face à Phoenix mais cumulant tout de même 33 points à 53,4% au tir dont 43,1% du parking et 85,4% aux lancers, 10,5 rebonds et 4,5 passes lors du premier tour contre les Blazers. Jokic en 2019-20 ? Des matchs iconiques TOUTE la saison. 16 triples-doubles au total, ces 47 points face au Jazz, le 50/8/12 face aux Kings, 43 pions à Boston, 41 face aux Blazers, 37/14/9 à Chicago, 37/10/11 deux jours plus tard à Milwaukee, un 29/22/6 à Phoenix, un 47/15/8 à Memphis, le quart-temps parfait contre NY, la série entière face à Portland et, pour finir ,complètement lessivé… 32/20/10 au Game 3 contre les Suns. Chaque soir de la saison aura été le théâtre d’une nouvelle démo, Niko s’écharpant également en défense, n’en déplaise à quelques détracteurs. Un trophée de MVP quasi unanime et un dossier qui, s’il a bénéficié un temps des blessures de ses dossiers concurrents, n’a au final absolument aucune astérisque tant le monstre a dominé les débats de A à Z. Pour faire plus fort ? Il; va falloir faire très fort.

ON L’ATTENDAIT AU TAQUET, IL A ETE STOPPE EN PLEIN VOL : JAMAL MURRAY

Après des Playoffs tout bonnement exceptionnels, notamment une série dantesque au premier tour face au Jazz, Jamal Murray avait probablement coché 2021 comme l’année parfaite pour fermer des bouches. Trop cher, pas assez constant, surcoté, on en lit des conneries, chacun son avis d’ailleurs et on vient de donner le nôtre, mais Djam avait en tout cas à cœur de valider une vraie première saison de All-Star. Caramba encore raté, car si les deux tiers de la saison disputés par le meneur des Nuggets furent satisfaisants en tous points, le niveau n’est pas encore celui d’un joueur étoilé. Oh il y a bien eu quelques éclairs de génie, suffisamment pour ne surtout pas être pressé avec un joueur d’à peine 24 ans, mais il y a surtout eu ce triste soir du 12 avril face aux Warriors, quand les ligaments du pépère décidèrent de mettre un terme prématuré à sa saison. Une issue terrible à l’exercice de Murray, qui précipitera finalement la chute des Nuggets deux mois plus tard face aux Suns, précisément là où il aurait fallu un poste 1 au sommet pour stopper Phoenix. Les croisés à 24 piges merci mais non merci, l’envol du Murray sera pour plus tard, peut-être dès l’hiver prochain, soyons fou.

LA SUITE

Seuls Monte Morris et Jamal Murray sont signés pour plus de deux ans et il faudra très vite se pencher sur le dossier Nikola Jokic, même si l’issue ne fait guère de doutes. Les jeunes Vlatko Cancar, P.J. Dozier voire Bol Bol ou Zeke Nnaji complètent le young core de Mike Malone, avec le rookie récemment drafté Nah’Shoon Hyland, mais globalement le roster est à repenser autour du trio Murray / Porter Jr. / Jokic, au moins pour cette année en tout cas. Un MPJ souvent cité parmi les mecs disponibles pour un trade ou, plutôt, souvent réclamé par d’autres franchises dans le cadre de trades éventuels. C’est pas pareil hein. A voir si Tim Connelly poursuivra le projet actuel autour de ses trois leaders où s’il profitera de la belle cote de son ailier longiligne, mais un tas de solutions s’offrent en tout cas aujourd’hui à la franchise de Denver. Et avec Nikola Jokic dans la place, la garantie d’être – toujours – un minimum compétitif.

Une régulière démarrée dans la douleur puis les Nuggets ont rectifié le tir et ont profité d’un MVP dans une forme sensationnelle. Malheureusement la blessure de Jamal Murray aura finalement été rédhibitoire et c’est donc un pas en arrière par rapport à la saison précédente. Faire confiance au groupe présent ou reconstruire autour du Joker, telle est la question, au 31 juillet 2021.