Kings from the Queens : Rafer Alston, cette légende du basket de rue qui a réussi à se faire une place dans l’univers NBA

Le 28 juil. 2021 à 16:34 par Nicolas Meichel

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Dans le cadre de la sortie de la deuxième série spin-off de l’univers power “Power book III : raising Kanan” le 18 juillet 2021, sur la plateforme de notre partenaire Starzplay, TrashTalk s’est lancé dans une série également. Une série d’articles sur des basketteurs qui ont réussi une belle carrière en NBA après avoir, comme Kanan Stark le héros ou comme 50 Cent le producteur de la série, grandi dans le Queens à New York. Leurs fortunes sont diverses mais leurs histoires sont passionnantes. Cinquième épisode aujourd’hui : Rafer Alston. 

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Les AND1 Mixtapes, ça vous dit quelque chose ? Du basket de rue, du son hip-hop, une qualité vidéo loin d’être au top mais des moves de folie de la part des meilleurs streetballers que vous pouvez imaginer. Ça y est, vous voyez ? De la fin des années 1990 jusque dans les années 2000, le phénomène AND1 marque à sa manière le monde du basket et aide à faire de l’équipementier américain – AND1 – l’un des poids lourds du marché des sneakers. Tout ça, cela n’aurait sans doute pas été possible sans le génie, la technique et la créativité d’un homme : Rafer Alston, aka Skip to my Lou. Né au milieu des années 1970 et originaire du quartier Jamaica dans le Queens à New York, Alston devient une véritable légende du streetball local, humiliant un à un ses adversaires directs tout en envoyant du caviar à la pelle. Les playgrounds de la Grosse Pomme – et notamment le mythique Rucker Park – représentent le terrain de jeu préféré de Rafer, qui devient une véritable attraction à New York puis ailleurs. Car très vite, sa notoriété va dépasser les frontières de Big Apple. Ses exploits sur le bitume sont filmés, avec les moyens du bord certes mais bel et bien filmés, et la cassette en question sera à l’origine du phénomène AND1. Le coach de Rafer Alston au moment où ce dernier évolue au lycée Benjamin N. Cardozo dans le Queens prend connaissance de la “Skip tape” et décide de la transmettre à l’équipementier, qui a alors l’excellente idée de la faire circuler en l’incluant gratuitement dans n’importe quelle vente de chaussures. Cela fait un carton, AND1 et Rafer Alston changent de dimension, les AND1 Mixtapes s’enchaînent, et Skip to my Lou devient évidemment l’une des figures de la marque en compagnie de grands noms comme Stephon Marbury, Latrell Sprewell et Kevin Garnett.

Rafer Alston fait partie de ces rares phénomènes qui possèdent à la fois le statut de street legend et de joueur solide NBA. Car s’ils sont très nombreux à être passés par la case playground avant de jouer dans la Grande Ligue, on n’en connaît pas beaucoup qui ont atteint un tel niveau de notoriété dans la rue tout en réussissant à s’adapter pour faire carrière dans la Grande Ligue. La NBA a beau être une ligue où le un-contre-un domine, c’est un autre monde. Chez les pros, il n’y a qu’une place limitée pour laisser éclater sa créativité au grand jour. La liberté de jouer comme on l’entend, les nombreuses prises de risques et le côté showman qui caractérisent tant le basket de rue sont des aspects qui ne collent pas forcément au jeu professionnel, où on attend le plus souvent d’un meneur de jeu qu’il fasse tourner l’attaque correctement en limitant au maximum les erreurs. La transition peut donc s’avérer compliquée pour un mec comme Rafer Alston, qui – quelque part – voit ses instincts être refoulés. Traversant le pays pour rejoindre la Californie au moment de ses années universitaires, Alston rejoint officiellement la NBA en 1998, lui qui est sélectionné avec le 39e choix de la Draft par les Milwaukee Bucks. Ses premières années sont clairement passées dans l’ombre, lui qui goûte dans un premier temps à l’antichambre de la NBA avant de squatter le banc de Milwaukee. Entre 1998 et 2002, Rafer joue 114 matchs pour seulement neuf titularisations et onze minutes de moyenne, tout ça avec des stats faméliques de 2,8 points et 2,5 passes décisives à 33,2% au tir.

Sa carrière NBA est-elle destinée à l’échec ? Rafer Alston est-il sur le point de devenir le nouveau symbole du streetballer incapable de s’imposer chez les grands ? Non. Car Skip to my Lou n’est pas qu’un génie de la rue, il n’est pas qu’un gars ultra talentueux balle en main, c’est aussi un joueur intelligent qui comprend le basket et qui est capable de contribuer des deux côtés du terrain. Il va le prouver au plus haut niveau. Après une année de transition à Toronto lors de la saison 2002-03, Alston profite du soleil de Miami pour véritablement se faire une vraie place en NBA. Dans une équipe du Heat en reconstruction où évolue notamment un rookie du nom de Dwyane Wade et un nouveau coach nommé Stan Van Gundy, Rafer reçoit des responsabilités et participe à la saison surprise des Floridiens cette année-là. Derrière Flash, Lamar Odom, Eddie Jones ou encore Caron Butler et Brian Grant, Alston apporte 10,2 points, 4,5 assists et 1,4 interception en plus de 30 minutes de jeu de moyenne. Certes, ses pourcentages au tir laissent à désirer (37,6% de réussite seulement, mais quasiment autant derrière la ligne à 3-points) mais Van Gundy le laisse s’exprimer et ça paye, peu importe les déchets par-ci par-là. Bref, il y a comme un petit air de Queens à South Beach. Il joue les 82 matchs de la saison régulière, dont 28 dans le cinq de départ, et participe grandement aux Playoffs NBA, Miami allant jusqu’à un Game 6 de demi-finale de conférence cette année-là.

Une année qui fait office de tournant pour le meneur made in New York City, qui va ensuite devenir un meneur titulaire à plein temps sous le maillot de Toronto et surtout Houston pendant trois saisons et demi. Chez les Rockets, c’est le frère de Stan Van Gundy – Jeff – qui mise sur lui. Et en 2009, quand il est transféré à Orlando, Alston retrouve SVG, alors coach du Magic. Une réunion qui va permettre à Alston de connaître l’un des sommets de sa carrière. Profitant de la blessure du meneur titulaire Jameer Nelson, Rafer se retrouve à la mène lors des Playoffs et joue son rôle dans le superbe run d’Orlando, qui remporte la Conférence Est. 23 matchs joués au cours de cette campagne, 23 matchs dans le cinq, avec quelques belles perfs individuelles en prime, comme ce match à 21 points – 10 passes pour éliminer les Sixers au premier tour, ses 26 points dans un Game 4 crucial contre les Cavaliers de LeBron James en finale de conf’, ou encore ses 20 pions face aux Lakers dans le Game 3 des Finales NBA. Orlando finira par s’incliner contre la bande à Kobe Bryant et Pau Gasol, mais plus personne ne pourra dire que Rafer Alston n’était pas fait pour la Grande Ligue.

Passé ensuite par les Nets, le Heat, la Chine et la D-League, Rafer Alston quittera le monde pro en 2012. Parfois critiqué pour son tempérament, parfois sujet à controverses, celui qui était surnommé Skip to my Lou sur les playgrounds de New York a cependant réussi là où beaucoup ont échoué. Les sceptiques qui le pensaient incapable de quitter la rue pour faire une longue carrière NBA ont eu tort, lui qui a accumulé plus de 700 matchs dans la Grande Ligue pour des stats tournant autour des 10 points et 5 passes décisives.