Le départ de Kenny Atkinson, preuve du pouvoir des superstars NBA : Kevin Durant et Kyrie Irving, elle est là la nouvelle culture Nets

Le 01 avr. 2020 à 14:50 par Nicolas Meichel

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La nouvelle a surpris, elle a même été choquante. Début mars, quelques jours seulement avant la suspension de la saison NBA, la franchise de Brooklyn et Kenny Atkinson ont mis fin à leur relation alors que le coach était l’un des symboles du renouveau et de la culture Nets. Immédiatement ou presque, les regards se sont tournés vers Kevin Durant et Kyrie Irving, les deux grands noms arrivés durant l’intersaison 2019.

Comment pouvait-il en être autrement ? Quand vous assistez au départ brutal et inattendu de l’un des piliers d’une franchise, le premier réflexe que vous avez est de regarder ce qui a récemment changé au sein de cette dernière. Et du côté de Brooklyn, c’était un jeu d’enfant de connecter les points, créant même parfois des raccourcis prématurés. “Kyrie et KD se cachent derrière tout ça ! Ils ne voulaient pas Kenny Atkinson” a-t-on entendu assez rapidement, sans même connaître les vraies raisons du départ du coach de Brooklyn. Ce départ, il a en quelque sorte officialisé la fin d’une culture et le début d’une autre. Ces dernières années, les Nets avaient réussi à très bien se reconstruire sous l’impulsion du manager général Sean Marks et de coach Atkinson. L’autre équipe de New York était dans la mouise suite aux “exploits” du duo Mikhail Prokhorov – Billy King (avec notamment ce transfert XXL avec les Celtics en 2013 qui s’est violemment retourné contre Brooklyn), mais les choix judicieux de Marks ainsi que le coaching de Kenny avaient permis aux Nets de repartir de l’avant en construisant une vraie culture. Une culture caractérisée par le développement des jeunes joueurs, la mise en place d’un collectif vraiment cohérent, et une bonne gestion des finances. Tout l’inverse de la période précédente en gros. Résultat, la franchise de Brooklyn était passée d’une vingtaine de victoires en 2016 à 42 en 2019, avec une qualification pour les Playoffs en prime. Mais tout ça, ça a donc changé. Officiellement au début du mois de mars, officieusement l’été dernier.

Au départ, le recrutement de Kyrie et KD sonnait un peu comme une récompense pour les Nets. Une récompense pour le travail bien fait, un aboutissement par rapport à cette culture subtilement construite au fil des années. On se rappelle encore des déclas de Durant au moment du Media Day, de ses mots doux par rapport à Kenny Atkinson et son travail au cours des dernières saisons. Mais l’arrivée des deux stars à l’intersaison 2019 a surtout bouleversé la dynamique qui caractérisait la franchise, propulsant celle-ci dans une nouvelle dimension. À chaque fois que vous recrutez un grand nom, ça change pas mal de choses, alors imaginez deux. Ça, les Nets le savaient. Ils étaient conscients de prendre une route différente de celle empruntée les années précédentes, une route qui doit mener au titre mais pas sans risque, notamment après l’épisode Uncle Drew à Boston et la rupture du tendon d’Achille de KD. Sauf que cette part de risque ne pèse pas lourd quand vous avez la possibilité de recruter Irving et Durant, un duo que vous ne pouvez pas laisser passer, peu importe la culture que vous avez construite. Les Nets n’ont évidemment pas hésité, y ajoutant même DeAndre Jordan, grand copain du duo. Une signature bien moins hype que celle des deux stars, mais une signature qui symbolise bien le changement de culture à Brooklyn. On ne va pas se mentir, Dédé n’aurait probablement pas atterri chez les Nets s’il n’avait pas été un proche de Kyrie et Kevin. Avec la présence de Jarrett Allen – jeune joueur développé par Atkinson depuis 2017 – sur le poste de pivot, le besoin n’était pas vital. Sauf qu’Irving et Durant ont pris moins de billets verts pour permettre à Brooklyn de signer Jordan et ce dernier a ainsi fait partie du package. C’était un premier signe de la prise de pouvoirs des stars.

Et puis il y a eu cette saison 2019-20, une saison considérée comme une période transitoire en attendant le retour de blessure de Kevin Durant. Une saison où l’objectif n’était pas de jouer le titre, mais plutôt de progresser ensemble au maximum afin d’être le plus compétitif possible une fois que l’effectif sera au complet. Au final, la campagne a été chaotique, avec un certain nombre de blessures et un bilan négatif de 28 victoires pour 34 défaites sous Atkinson. Au moment du départ de Kenny, on avait mis en avant les principales raisons expliquant celui-ci en se basant sur le travail d’investigation de The Athletic. L’une d’entre elles, c’était le duo KD – Kyrie. Ces deux-là, très proches, n’auraient jamais vraiment été emballés par Atkinson, qui visiblement n’était pas très chaud non plus à l’idée de les coacher d’après certaines rumeurs qui ont circulé il y a quelques semaines. En clair, il n’était plus l’homme de la situation, peu importe sous quel angle on se place. Durant et Irving n’ont jamais dit, “Il faut dégager Atkinson”, mais ils ne voyaient pas en ce dernier le coach qui allait leur permettre de maximiser leur passage à Brooklyn. Quand vous avez des grandes stars qui débarquent et qui ne sont pas derrière leur entraîneur, la position de ce dernier est très vite fragilisée, sauf s’il possède un statut d’intouchable, ce qui est très rare dans la Ligue. Et ce n’était pas le cas de l’ami Kenny malgré son excellent taf. C’est simple, la NBA, elle appartient aux stars. Les titres, ils sont gagnés par les stars. Dans l’ère du player empowerment, les grands joueurs ont de plus en plus de pouvoir et n’hésitent pas à l’exercer pour se retrouver dans la meilleure situation possible. Une culture récente comme celle des Nets ne pouvait pas rivaliser avec des grands noms comme Kevin Durant et Kyrie Irving.

Plusieurs éléments expliquent le départ surprise de Kenny Atkinson. Ils ne sont pas tous liés directement à KD et Uncle Drew, mais le dénominateur commun reste ce changement de culture opéré lors de la dernière intersaison. Si on ne sait pas encore qui sera sur le banc des Nets à l’avenir, il est certain que le futur coach sera choisi en fonction des envies des deux stars.