L’avis de la rédaction, meilleur moment de la décennie : dernier jour des années 2010, l’heure de se souvenir des belles choses

Le 31 déc. 2019 à 10:55 par Giovanni Marriette

Aaron Gordon
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On était revenu hier sur ces moments qui nous avaient marqués depuis dix ans, les moments les plus… douloureux de notre passé récent. Une fois les larmes séchées, il fallait donc terminer cette année, et cette décennie, sur une note un peu plus glam, un peu plus heureuse. C’est parti pour un bouquet final de hurlements de bonheur, de cris de joie et de sourires, parce que c’est aussi et surtout ça la NBA : le meilleur moyen qu’on ai trouvé pour être heureux.

Giovanni

Fan des Spurs de la première heure ou presque, comment pourrais-je mentionner un autre souvenir que celui de ces merveilleuses Finales 2014. Un an auparavant la défaite face au Heat sonnait comme une désillusion assez all-time, notamment compte tenu du scénario, et douze mois plus tard j’avais donc droit à cette revanche parfaite, revanche opposant les mêmes hommes ou presque, avec comme rêve le plus cher de voir ma franchise de cœur aller chercher un cinquième titre, et à titre personnel mon quatrième vécu en direct. Ah tiens d’ailleurs, levez la main dans la salle ceux qui ont vécu en direct quatre titres de leur franchise favorite ? Ok, me disais bien.

Ce mois de juin fut en tout cas merveilleux pour moi à plus d’un titre. Tout d’abord, le fantôme de Ray Allen fut définitivement mis à la porte, non pas que je n’y pense plus mais disons que 2014 est venu sécher les larmes de 2013. Quelque chose de très personnel donc, mais aussi et surtout… au niveau de l’orgasme visuel offert par ces Spurs-là. Rarement, pour ainsi dire jamais, je n’aurais vécu une telle impression devant du basket. Tim Duncan pour sa véritable dernière danse, Tony Parker, Manu Ginobili, Danny Green qui troue de la ficelle, un Boris Diaw magique, Patty Mills, Marco Belinelli, Aron Baynes, Cory Joseph et Tiago Splitter pour hisser au paradis de la balle orange le drapeau international, la naissance de Kawhi Leonard en tant que monstre, et plus globalement un basket total à me faire hurler dans mon salon comme si j’étais dans une arène. Passe, extra-passe, giga-passe et ultra-passe, du sport rendu à l’état de perfection et un Heat complètement groggy, avec pour firework final un poster monumental de Manu Ginobili sur Chris Bosh et la voix de Jacques Monclar qui résonne encore dans ma tête. Dix jours sur un nuage, le plus beau nuage de ma décennie de basket.

Ben

Avoir la chance d’assister à un match NBA en chair et en os est toujours quelque chose d’incroyable. Mais lorsqu’en plus ce match devient un moment marquant de la carrière de l’un des meilleurs joueurs de l’histoire, c’est le genre de souvenir à conserver tout devant dans le tiroir de la mémoire présent dans chaque cerveau humain. Alors quand j’ai su que LeBron James et que toute la clique du Heat arrivaient à Oakland durant mon séjour en Californie en 2014, je n’ai pas réfléchi longtemps pour acheter mon billet, et tant pis si cela signifiait le début d’un mois à se nourrir exclusivement de noodles à 30 cents le paquet.

Le 12 février 2014, j’avais beau porter les Warriors dans mon cœur et souhaiter la victoire de Stephen, Klay et compagnie à l’Oracle Arena, je n’ai pu que saluer la performance du King, la seule raison pour laquelle tout ceux qui étaient présents avec moi dans la salle avaient accepté de payer un peu plus cher leur billet que d’habitude. Et on peut dire qu’on en a eu pour notre argent avec une grande prestation du MVP en titre passé à une assist d’un nouveau triple-double mais surtout auteur du game-winner depuis le parking avec Iggy dans son short et d’une célébration devenue légendaire avec un dixième de seconde sur l’horloge. Comme quoi, avant 2016 Andre Iguodala avait déjà des mauvais souvenirs du numéro 23 à Oakland. Et au moment où la balle vient transpercer les ficelles, je me souviens que l’ensemble des fans de Golden State se sont mis à applaudir devant la grandeur de l’exploit. Aujourd’hui, cette action est peut-être dans certains Top 10 de la carrière du Chosen One aussi considéré comme le meilleur joueur de sa génération et je peux dire que j’y étais. Et ça, ça valait bien tous les bols de soupe chinoises qui ont suivi.

David

Bien sûr, à l’instar de mon pire souvenir… j’ai pensé à Derrick Rose. Ses cinquante pions face au Jazz il y a quelques mois qui m’ont arraché une larme, tellement j’étais heureux de le voir… heureux. Mais c’est un autre grand blessé qui m’a fait vivre une émotion encore plus vive au début de cette décennie.

Lors des Playoffs 2011, on ne sait même plus quel est le vrai niveau de… Brandon Roy, si l’on peut encore espérer le voir fouler de manière régulière les parquets et nous enchanter par son talent. Car si les qualités n’ont pas quitté ses mains, lorsque le corps ne suit plus, trop marqué par les pépins physiques, on a vite tendance à ne parler des grands joueurs qu’au passé. B-Roy vit cette amère expérience tandis que les Blazers semblent lentement mais sûrement se décider à se passer de lui. Nate McMillan, le coach de Portland, utilise son joueur avec parcimonie : seulement quarante-sept rencontres pour l’arrière, dont plus de la moitié sur le banc. Des stats en chute libre. Mais il est bien sur le parquet du Rose Garden lors du troisième quart-temps du Game 4 face aux Mavs, lors du premier tour des Playoffs. Les Blazers sont à la ramasse avec une grosse vingtaine de points de retard et moins de dix minutes sur le chrono. Le miracle peut débuter. Après un premier panier du parking au buzzer, Brandon Roy mène la charge. McMillan a-t-il senti que la magie opérait ou a-t-il simplement tenté un coup de poker en laissant le numéro 7 sur le parquet au début du dernier acte ? Peu importe la raison, elle va valider l’un des moments les plus fous de l’histoire de la Ligue. B-Roy va disputer l’intégralité de ce quatrième quart et nous gratifier d’une performance majuscule, au talent, à l’envie, au cœur. Il remet les siens dans le match, assurant à la conclusion avec une palette dont peu de joueurs disposent. Et lorsqu’il plante le panier avec la faute pour égaliser à 82 partout, c’est l’explosion à Portland, avec une minute à jouer. Et ce n’est pas fini, puisqu’à 35 secondes de la fin, c’est le shoot de la gagne qu’il rentre, plus personne ne trouvant la mire par la suite. Alors bien sûr, on pourra étaler les stats, balancer des chiffres pour indiquer la qualité de la prestation de Brandon Roy. Mais cela ne rendrait absolument pas compte de l’émotion dégagée, bien au-dessus d’une feuille de score. Cette communion avec le public et ses coéquipiers, lorsqu’il tombe en larmes dans leur bras. Franchement, c’est pour cela qu’on aime le sport et qu’on matte du basket, pour avoir des frissons dans le dos et les yeux embués rien qu’à évoquer de tels moments des années plus tard.

Bastien

J’aurais pu prendre un match, une action, une performance, que ce soit en saison régulière ou en Playoffs, mais non. Impossible. Quand on joue au basket ou qu’on aime le basket, rien n’est plus spectaculaire qu’un bon dunk. Au diable les trois-points, les crossovers ou les shoots au buzzer, le top of the top, c’est le tomar. Et le 13 février 2016 va se dérouler, à Toronto, une pluie de dunks comme on en a rarement vu. Comme je n’en ai jamais vu. Le Dunk Contest de 2016, quelle dinguerie… Il faut savoir qu’au moment où le concours démarre, le niveau d’attentes est tellement bas qu’on hésite même à regarder la chose en direct. Andre Drummond…? Will Barton…? Fais chier, encore une soirée de merde gâchée à regarder un duel foireux à 3h du matin. Vus les concours précédents, on sait déjà à quoi s’attendre, impossible que Zach LaVine et Aaron Gordon retournent le game. Impossible qu’en l’espace d’une heure, ils deviennent le centre de la planète sportive, je n’abuse même pas.

Car les deux marsupiaux vont livrer un show historique, incroyable, inimaginable. Coup pour coup, ça se rend les arabesques avec originalité, et les juges sont en PLS depuis fort longtemps. Nous mêmes, qui devions commenter l’événement en live, abandonnons le projet d’entrée. Tant pis, c’est incontrôlable. On est devant quelque chose d’hors-normes, hors du temps. Gordon vient de sauter par-dessus une mascotte en passant la balle sous ses jambes, are you kidding me…?! On a à peine le temps de regarder le ralenti pour la 376ème fois que LaVine prend la balle et tape un rider de la ligne des lancers francs… C’est trop, beaucoup trop, pour nos petits cœurs de basketteurs. Comment vivre un truc pareil, comment départager deux types aussi forts et inspirés le même soir. L’expérience nous fait presque perdre la notion de temps et de lieu, pendant que les 10 tombent à la volée. Au final, c’est Zach qui va l’emporter, rendant la soirée encore plus légendaire car le dimanche sera embourbé dans le débat autour du réel vainqueur de ce Dunk Contest 2016. Les souvenirs sont encore frais, les émotions aussi. Comme la sensation d’avoir été, pendant une nuit, un gosse retombant amoureux du basket, en direct. Inoubliable.

Alex

Nous sommes dans la nuit du 27 au 28 février 2016. Les fans français qui ont veillé pour regarder la réception des Warriors par le Thunder sont en train de vivre un match d’un niveau et d’une intensité exceptionnelle pour une simple rencontre de saison régulière. Pourquoi ? Parce que les Durant, Westbrook, Ibaka et autre Steven Adams envoient du lourd depuis la première minute. Ils menaient de 11 points à la mi-temps et encore de 5 en entrant dans le dernier quart, devant une Chesapeake Arena plus que bouillante. Mais aussi parce que malgré cette pression de tous les instants, les Warriors sont là. Dans le sillage du duo Curry – Thompson, les pensionnaires de la baie d’Oakland vont réussir à arracher une prolongation. 103 partout et 5 minutes supplémentaires à jouer. Russell Westbrook et Serge Ibaka lancent l’assaut pour OKC. Sauf qu’en face, il y a un garçon qui ne voit pas du tout les choses comme les 18 000 et quelques fans massés dans l’arène d’Oklahoma City. Un certain Stephen Curry.

Le meneur de Golden State va marquer 12 points dans cette prolongation. C’est beaucoup. Et surtout, il va tuer le match d’une manière hallucinante… A 30 secondes de la fin, Klay Thompson va remettre les deux équipes à égalité d’un lay-up plus la faute. 118 – 118. Le Thunder prend un temps-mort et en sortie de celui-ci, on laisse le chrono s’écouler du côté des locaux, on essaie de trouver une ouverture et c’est finalement Westbrook qui prend un jumper très compliqué. Brique. Le rebond arrive jusqu’à Iguodala. Il reste un peu plus de 6 secondes sur l’horloge. Steve Kerr a encore un temps-mort mais il ne le prend pas ! Peut-être sait-il ce qui va se passer… Iguodala donne la balle à Curry. Le Chef compte déjà 43 points dans sa ligne de stats à cet instant et 11 tirs primés rentrés. Il pose quelques dribbles, passe la ligne médiane et avant que son défenseur n’ait le temps de monter sur lui, il dégaine de 12 mètres, excentré sur la gauche. DE-DANS. 0.6 sur l’horloge. Le Thunder ne s’en remettra bien évidemment pas. Ce tir est le symbole du heat-check proposé par Curry tout au long de cette saison 2015-16 qui le verra devenir MVP unanime en ayant proposé l’une des plus grandes saisons régulières individuelles de tous les temps au milieu de ce qui peut être considéré comme… la plus grande saison régulière collective de l’histoire. La pyromanie basketballistique dans toute sa splendeur. Inoubliable.

Nico

La décennie 2010 est blindée de grands souvenirs. Je pourrais parler des heures du shoot de Ray Allen, du titre des Cavaliers en 2016, de certains exploits de l’Équipe de France et plein d’autres choses encore. Mais je vais partir sur un moment tout récent, qui date d’avril 2019. C’est donc encore parfaitement ancré dans ma tête et cela explique peut-être mon choix, mais ce moment m’a marqué plus que les autres.

Moda Center, Game 5 du premier tour entre les Blazers et le Thunder, 115-115 au tableau d’affichage, 3-1 pour Portland dans la série. Après une belle remontée en fin de match de la part des hommes de Terry Stotts, Damian Lillard a la balle en main dans les ultimes secondes. Auteur de 47 points jusque-là, le sniper des Blazers a Paul George face à lui, avec l’opportunité d’envoyer le Thunder à la maison. Tout le monde est debout à l’intérieur de la salle. Tout le monde attend un nouvel exploit de Dame Time. Et là, l’instant de grâce. Un moment inoubliable. Dame D.O.L.L.A. prend un tir impossible du parking souterrain après un side-step, tir qui termine sa trajectoire dans le panier, au buzzer. Le public explose, je n’arrive pas à y croire devant mon écran et les messages au sein de la rédac fusent. “WTFFFFFFFFFFFFF”, “xjzkhdxjznjdbenk”, “Lillardddddddddddddddddddddd”, vous voyez le délire quoi. Et ce qui rend tout ça encore plus beau, c’est la réaction de Lillard après son shoot, ce bye bye fabuleux vers le banc du Thunder après une série tendue où Dame a dressé un Russell Westbrook un peu trop insolent à ses yeux. Bref, y’a tout dans cette scène. L’action, le trashtalking, l’enjeu, les 50 points, la fameuse photo de Lillard avec ses potes sur lui, le seum de PG-13 derrière… juste exceptionnel, tout ça aux alentours de 7h du matin. Un buzzer-beater pour remporter une série de Playoffs, c’est très très rare. Alors un buzzer-beater aussi incroyable, avec tout ce qui va avec, c’est juste difficile de demander mieux, et ce n’est pas un fan des Blazers qui parle. Certes, il y a eu le tir improbable de Kawhi Leonard trois semaines plus tard, un autre moment légendaire, mais le côté trashtalking qui accompagne la bombe de Lillard fait la différence.

Julien

En tant que fan des Lakers, ma décennie a plutôt bien commencé avec un titre de champion en 2010. Mais c’était sans compter la descente aux enfers et le karma au plus bas au fil des années de cette dernière décennie. Si je ne devais retenir qu’un seul souvenir ? Ce serait le dernier match de Kobe face au Jazz, un soir d’avril 2016. Une sorte de maigre consolation quand tu sais que tous les ans tu ne joueras pas les Playoffs.

C’était donc le 13 avril 2016, dans un dernier match de saison régulière mais également de… carrière pour Kobe Bryant. Un match non sans enjeu puisque le Jazz avait besoin d’une victoire dans sa lutte avec Houston pour espérer les Playoffs. Un match dans une soirée historique également puisque les Warriors allaient également battre le record de victoires des Bulls en saison régulière. Oui mais ça c’était sans compter avec Kobe, qui sortira un match tout à son image, n’en déplaise à certains. Cette nuit-là le Mamba a ainsi mis les Lakers sur son dos, une fois de plus, une dernière fois, et a décidé de gagner le match tout seul, avec 60 points au compteur. Bien évidemment on est sur du croquage en règle avec 50 tirs pris, mais le résultat est là : une dernière danse monstrueuse. Avec 10 points de retard dans les 3 dernières minutes, il n’y avait pas meilleur début de scénario pour le show mamba. Le mec se transforme et décide du sort du match, devient inarrêtable, malgré les tentatives de prise à deux, à trois, à douze. Il ramène les Lakers à 1 point sur un 3-points venu de nulle part, Jack Nicholson et le Staples Center se lèvent, c’est de la folie furieuse et on voit les Jay-Z et Snoop Dog debout qui ne comprennent pas ce qu’il se passe. Possession suivante mal gérée par le Jazz et Kobe enfonce le clou, donnant 3 points d’avance aux Lakers, ce qui monte son bilan perso à 58 points. On commence à voir les gens se prendre la tête à deux mains car c’est un moment historique qu’ils sont en train de vivre, comme nous, comme moi. Le Jazz ne reviendra pas et Kobe sortira sur deux derniers lancers portant son total à 60 points, la victoire en poche et la bise au Shaq pour finir. Point d’exclamation sur sa carrière, du parfait Kobe Bryant pour terminer une longue et fructueuse carrière.

Des souvenirs par milliers mais quelques uns qui prennent le pas sur les autres. là où la fanitude prend tout son sens, mais où notre amour de la balle orange prend surtout tout son sens. Est-ce que ce sport, cette ligue, peuvent parfois nous faire trembler à ne plus pouvoir parler ? Assurément. A-t-on déjà pleuré devant la NBA, c’est arrivé. Comme dirait Pascal : c’est ça, être fan.