Défenseur de l’Année 2019-20 : y’a du très gros client cette saison, Rudy Gobert va avoir du boulot pour taper le triplé

Le 03 déc. 2019 à 10:07 par Giovanni Marriette

Rudy Gobert
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C’est reparti pour la valse des rankings, tout au long de la saison, pour vivre ensemble l’évolution de la course aux différents trophées qui seront remis fin juin 2020. Après les Sixth Men dimanche et les Rookies hier, place aujourd’hui aux gardiens du temple, aux libéros, aux stoppeurs, aux milieu- récupérateurs. Place à ces mecs sans qui certaines équipes gagneraient beaucoup moins de match même si cela ne se voit pas forcément dans les boxscores ou les Top 10. Allez, on file au royaume des défenseurs, alors munissez-vous immédiatement de votre plus grosse doudoune parce qu’on préfère vous prévenir, il y en  a certains qui mordent.

NB : on essaie d’être objectif, mais on regarde surtout les matchs, quasiment tous et toutes les nuits. Bien conscients que l’on risque parfois de déborder du moule habituel, mais le classement suivant est davantage un ressenti qu’un pronostic sur le futur lauréat désigné par la NBA, une NBA qui vient d’élire, on le rappelle, Carmelo Anthony meilleur joueur de la semaine à l’Ouest. Voilà, c’est tout.

#10 Les Toronto Raptors

Mode wild-card activé, on ne pouvait débuter ce ranking sans rendre hommage à la défense collective des Raptors. Déjà car la franchise de Toronto se place quatrième au nombre de points encaissés et deuxième au Defensive Rating, pô mal, mais surtout car on aurait presque envie de donner le trophée à… Nick Nurse. En effet, comme la saison dernière et ce malgré le départ de Kawhi Leonard, les Raptors défendent… ensemble. Marc Gasol, le revenant Ibaka, le très utile Hollis-Jefferson et l’étonnant Boucher dans la raquette, l’homme à tout faire Siakam sur les ailes, le grand absent Lowry et son fuc**g remplaçant VanVleet… tout le monde met la main à la pâte à Toronto, même un banc incroyable d’ailleurs, et voilà comment on se retrouve à mettre des +40 en une mi-temps au Jazz ou à forcer Joel Embiid à terminer une soirée à 0/4000 au tir. Étouffant et surtout terriblement sérieux. Personne ne se détache donc individuellement mais très clairement, la défense des Raptors, fallait qu’on en parle.

#9 Jonathan Isaac

Si le Magic est aujourd’hui neuvième de la Ligue au Defensive Rating et deuxième au nombre de points encaissés, la présence de son ailier n’y est clairement pas pour rien. Dans sa troisième saison NBA seulement, l’ancien freak de Florida State est aujourd’hui… le meilleur contreur de la Ligue, tout simplement, et il pourrait d’ailleurs faire un très beau prétendant aux places d’honneur du MIP tant il a progressé dans tous les domaines durant les derniers mois. Pour ce qui est de la défense ? Accrochez-vous. Des cannes immenses, des bras immenses, et un potentiel immense pour se servir au mieux de ce corps parfait. Isaac est une véritable liane à laquelle aucun ballon ou presque ne résiste, que ce soit sur les ailes pour défendre de grands postes 3 ou dans la raquette pour transformer quasiment trois ballons par match en fougasse goût cuir. Rajoutez à cela une présence assez incroyable qui ne se voit pas dans les stats et une activité incessante due à son fougueux âge, et vous obtenez déjà le capitaine officiel de la défense du Magic. Ah oui, il vient d’avoir 22 ans.

#8 Giannis Antetokounmpo

On ne pouvait juste pas l’oublier, même si ses performances sont aujourd’hui tellement constantes et attendues qu’elles en deviendraient presque banales. On connaît la bête en attaque, mais alors en défense… va falloir en parler. Principale muraille d’une équipe quatrième au classement du Defensive Rating, Giannis est peut-être l’un des attaquants les plus inarrêtables de sa génération et cela soir après soir mais tout ça ne l’empêche donc pas d’être le leader défensif de son équipe, et c’est peut-être bien pour cela qu’il est aujourd’hui le principal… favori à sa propre succession dans la course au trophée de MVP. Intimidant au possible, coupant les lignes de passe même quand il est à dix mètres de l’action, toujours dans le bon timing pour venir crever un ballon contre la planche, Giannis est un cauchemar pour n’importe quel attaquant se trouvant sur le terrain en même temps que lui. Et rien que pour çà, le type mérite sa mention dans ce classement.

#7 Rudy Gobert

Ouch. Rudy Gobert septième ? Le double-DPOY en titre ? Seulement septième ? Malheureusement oui, et pour aller chercher le back-to-back-to-back Rudy et le Jazz vont devoir passer la seconde. Pas que ce soit catastrophique hein, mais les résultats du Jazz, leur place dans les différents rankings défensifs et la concurrence accrue dans la course au trophée mettent le pivot français dans une situation moins confortable que la saison précédente. Et pourtant, la Tour Eiffel de Salt Lake City affiche ses meilleurs moyennes en carrière au rebond (13,7 par match, troisième de la Ligue), il dépasse encore les deux contres par match (sixième NBA), et il est toujours – évidemment – la raison la plus logique de voir le Jazz emmerder pas mal de monde depuis le début de la saison. Pour avancer dans ce classement ? Il faudra frapper fort, il faudra envoyer du match à 20 rebonds, à 10 contres, et il faudra surtout (re)faire du Jazz l’une des fortersses les plus imprenables de toute la Ligue. Et bon courage hein, y’a du boulot.

#6 Jimmy Butler

Pas forcément le classement dans lequel on attendait le plus Jimmy Butler, mais peut-être celui qui explique le mieux le “nouveau” Butler et le “nouveau” Miami. Véritable patron du squad d’Erik Spoelstra, Buckets n’est pas un patron en mode j’en plante 50 tous les soirs mais plutôt le genre de chef parfait dans l’exemple qu’il donne à ses jeunes coéquipiers. Et en défense notamment, et en défense surtout. Meilleur intercepteur de la Ligue, étouffant au possible sur les meilleurs attaquants adverses et entrainant avec lui tous ses baby-teammates, le Butler 2020 est une fois de plus un vrai gars, qui plus est renforcé dans la position de mâle alpha qu’il affectionne tant. Gros coup du front office car à l’arrivée l’équipe vit bien et les résultats sont là grâce à une attaque dont le maître-mot est le partage et une défense gérée par le boss. L’heure également d’en placer une pour Bam Adebayo qui gère la partie intérieure du trafic, mais si on met tous les joueurs de l’équipe autant filer le DPOY à Erik Spoelstra.

#5 Anthony Davis

Intimidation, présence, statistiques, bilan collectif. Le nouvel intérieur des Lakers remplit toutes les cases d’un concurrent sérieux dans la course au DPOY, et s’il cartonne comme prévu en attaque c’est plutôt le côté défensif de la force qui fera des Lakers de vrais prétendants au titre. Deuxième meilleur contreur de la Ligue, phare principal d’une équipe classée troisième au nombre de points encaissés, AD représente l’essentiel de ce qui fait flipper tout le monde au moment de jouer les Lakers. Dwight Howard et JaVale McGee sont là pour jouer les lieutenants au pays des girafes mais celui qui fait faire demi-tour à tout le monde en arrivant dans la raquette jaune et violette c’est bien lui et personne d’autre. Dans la course tous les ans, AD pourrait bien coiffer tout le monde cette année si jamais il ne rate pas trop de matchs et si jamais les Lakers continuent de rouler sur tout le monde. Et ça fait peut-être beaucoup de si, mais vous conviendrez que le premier si a de grandes chances de conditionner le deuxième non ?

#4 Gary Harris

Alors celui-là est clairement sous les radars, peut-être un peu surcoté par nos soins mais en tout cas… clairement sous-coté par tout le monde. Si vous avez vu quelques matchs des Nuggets cette saison vous avez forcément de quoi on parle, tant l’arrière de Denver fait partie des cauchemars identifiés des meilleurs attaquants de la Ligue. Devin Booker ? 6/21. Luka Doncic ? 3/12. Kyrie Irving ? 8/20. James Harden ? En dessous des 30 points pour la première fois depuis 1972. La liste pourrait tout à fait être la même que celle des joueurs ayant eu affaire à Gary depuis le début de saison, tant le garçon semble s’être donné comme mission d’éteindre tous les feux qu’il croisait. Big up également à un Paul Millsap toujours aussi utile en défense et à un Torrey Craig bizarrement utilisé mais saignant dès qu’il joue… mais c’est bien le Pépère Gary qui gère l’essentiel de la partie défensive à Denver. Ah oui, on allait oublier : les Nuggets ont la meilleure défense de toute la Ligue, ça peut toujours servir au moment de départager des défenseurs.

#3 Ben Simmons

Alors qu’on soit d’accord, la présence de Ben Simmons est autant un taquet à un Joel Embiid trop inconstant quau merveilleux début de saison de Benny dans sa partie de terrain (entre autres). Passé un étranglement pas très catho sur un gros chat de Minneapolis, le premier mois du grand meneur australien est parfait. Il faut dire que ça devient très vite compliqué quand t’as un meneur aux mensurations de pivot qui défend sur toi comme s’il faisait 1m80 et 78 kilos. Rapide, puissant, déplacements latéraux solides et sens de l’anticipation, Ben Simmons a toutes les qualités requises pour être un défenseur élite et les Sixers surfent sur la présence de leur gardien de but pour gagner beaucoup plus de matchs qu’ils n’en perdent même si l’ensemble reste parfois décevant. Fallait être très fort pour être le principal stoppeur d’une équipe qui compte Al Horford, Joel Embiid et Josh Richardson dans ses rangs mais Ben Simmons s’est imposé comme le tronpa, emmenant même avec lui le jeune Matisse Thybulle dans sa folie défensive. Y’a rien à dire de plus : chapeau Benjamin Simon.

#2 Marcus Smart

Restez silencieux et pas de gestes brusques, on entre désormais dans l’antre de bêtes sacrément féroces. Marcus Smart ? Oh mon dieu. Incisif en attaque mais laissant souvent le leadership offensif à Kemba Walker, Jayson Tatum voire Jaylen Brown (encore heureux), le meneur des Celtics est absolument intraitable dès lors qu’il s’agit de défendre sa baraque. Intensité incroyable, cardio et motivation à se faire (re)chier dessus Yohan Diniz, Marcus est un vrai chein qui ne lâchera jamais son os. Son match il y a deux semaines face aux Clippers est une masterpiece, son début de saison entier aussi d’ailleurs, et tant que Smart sera sur le terrain il vous faudra risquer les points de suture pour atteindre le panier. Floppeur magnifique, il en faut aussi, véritable poumon de son équipe, une équipe parmi celles qui défendent le mieux, évidemment, de toute la Ligue. Car en plus de donner sa vie chaque soir Cucusse emmène les copains dans son sillage, condition sine qua  non pour pour pouvoir prétendre à un trophée dont il n’a jamais semblé si proche.

#1 Patrick Beverley

On reste dans la catégorie canine, dans la catégorie des ces clébards que personne n’a jamais réussi à vacciner contre la rage. Ce qu’il fallait à Patoche pour enfin toucher l’apogée de sa carrière de chien de chasse ? Une meute de mecs qui pensent et qui vivent comme lui, des types pour qui la défense est la meilleure des attaques. Car qu’on se le dise, on aurait tout à fait pu mentionner Kawhi Leonard ou Paul George dans ce classement. Sauf que Kawhi ne joue qu’un match sur huit, sauf que Paul George est parti récupérer ses chevilles à Tatum Mag, et c’est donc logiquement la Pat Patrouille qui remporte le suffrage. On parlait juste au dessus de ce match entre ses Clippers et Boston, on vous conseille du coup le combo dernier quart / prolongations. Complètement possédé, Patou nous a offert en une demi-heure une mixtape de toutes ses qualités : don de soi, posage de couil*es, impertinence, folie, clutchitude des deux côtés du terrain, leadership, agressivité. Un cinglé magnifique en quelques sortes, que l’on n’a pas envie de voir soigné car c’est lorsqu’il est en manque de cachetons qu’il est le meilleur. Spoiler ? Si jamais les Clippers n’en laissent pas trop en route cette saison, on pourrait bien avoir le premier poste 1 meilleur défenseur de la Ligue depuis… 24 ans. Il s’appellait Gary Payton, je sais pas si vous connaissez.

Trois meneurs sur le podium, la révolution est en marche. parce que c’est bien beau des lampadaires qui distribuent des baffes, mais des rottweilers qui courent partout la bave aux lèvres pendant 40 minutes tous les sirs c’est pas mal non plus. N’appelez surtout pas la SPA, il faut les laisser en liberté, tant pis pour les victimes.