Les Warriors sont officiellement englués dans la vase de la NBA : de pyromanes à pyrbilan, tout est allé tellement vite

Le 18 nov. 2019 à 15:30 par Giovanni Marriette

Stephen Curry 18 novembre
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Si vous suivez la NBA de loin, avec pour habitude de regarder quelques highlights et de prendre connaissance de temps en temps du classement, une chose a clairement du vous frapper : la place des Golden State Warriors, force de frappe hallucinante et habituée aux tous premiers spots à l’Ouest lors des cinq dernières saisons. Si vous maitrisez un peu plus le sujet ? Vous connaissez alors la raison d’un tel effondrement et il n’y a finalement rien d’illogique à ça. Ah oui, et ceux qui parlent de karma, on vous propose d’aller au marché demain, d’acheter un sac de clous rouillés et de les manger en mâchant bien. No judgement here, juste un constat, histoire de bien comprendre à quel genre de folie l’on a à faire, pour une équipe qui visait encore le three-peat il y a de ça… cinq mois. Vio-lent.

Pas de jugement donc mais un état de fait, et commençons d’ailleurs par vous dresser cette liste qui n’a rien de la liste de Noël parfaite : Eric Paschall, Willie Cauley-Stein, Glenn Robinson III, Jordan Poole, Marquese Chriss, Omari Spellman, Ky Bowman, Alec Burks, Damion Lee. Cette liste ce n’est pas celle des joueurs de G League qui revêtiront le maillot de Team USA lors des prochains jeux panaméricains, ce n’est pas non plus celle des joueurs encore free agents dont personne n’a voulu… mais bien la liste de ceux qui entouraient D’Angelo Russell le 9 novembre dernier lors d’une défaite à Minneapolis. Dur, très dur. Très dur lorsque l’on sait qu’un an jour pour jour après ce match perdu après prolongation, le roster de Steve Kerr ressemblait plutôt à ceci : Stephen Curry, Shaun Livingston, Klay Thompson, Quinn Cook, Kevin Durant, Andre Iguodala, Jordan Bell, Kevon Looney, Draymond Green, Jonas Jerebko. Avec un petit DeMarcus Cousins qui se marre en civil sur le banc, ça c’est pour le swag. Mais comment a-t-on pu en arriver là ? Disons que c’est une succession de peaux de bananes qui s’est dressée sur la route de la franchise californienne, avec comme terrible introduction la blessure de DeMarcus Cousins, une de plus, et surtout celles de Klay Thompson et Kevin Durant lors des Finales NBA. La suite ne sera rien de plus qu’une free agency banale pour Golden State, avec les re-signatures de Klay Thompson et Kevon Looney, l’arrivée de D’Angelo Russell pour épauler Curry sur le backcourt, celle de Glenn Robinson III pour jouer les 3&D, de Willie Cauley-Stein pour enfin exploser dans une franchise bien gérée ou encore d’Alec Burks pour garnir le banc.  On est donc alors sur un départ annoncé, KD, et ceux de deux légendes de la dynastie en cours (Iguodala et Livingston), contrebalancés par des arrivées certes moins clinquantes mais probablement malicieusement réfléchies.

On part donc sur une saison qui ne débouchera probablement pas par une bague car LeBron James ou Kawhi Leonard, entre autres, ont rejoint la Conférence Ouest pour y faire autre chose que des colliers de perles ou des bracelets brésiliens (ce racisme anti-scoubidou, c’est moche), mais on part quand même sur une année de transition post KD, une année de transition en attendant le retour de Klay Thompson, une année de transition à l’aube de laquelle tout le monde s’accorde à dire que Stephen Curry pourrait bien se remettre en mode 2015/2016. Sauf que quatre mois et des brouettes après le genou de Klay Thompson ou le tendon d’Achille de Kevin Durant, c’est cette fois-ci… la main de Steph qui allait se briser sous le gros cul maladroit d’Aron Baynes. Stupeur pour les Warriors, au cours d’une reprise qui avait déjà du mal à être satisfaisante et c’est peu de le dire. Verdict sans appel, saison terminée pour le double-MVP et la motivation du joueur pour revenir ne séchera pas les larmes d’une fanbase horrifiée par une telle répétition de coups du sort. Car Draymond Green ratera lui aussi cinq rencontres et c’est depuis… D’Angelo Russell qui est sur le flanc pour une quinzaine de jours. Résultat des courses ? Nous sommes le 18 novembre 2019, il est 15h50, les Warriors sont derniers de NBA avec deux victoires et douze défaites et sont en lice pour battre de nombreux records, mais pas vraiment les mêmes que les saisons précédentes…

Un 73-9 en saison régulière ? Oh que non. Un trophée de MVP incontestable et incontesté car offert à l’unanimité ? Hell no. 400 tirs à 3-points dans la même saison pour un seul et même joueur ? Encore moins. Non, car cette saison ce sont bien des records de nullité que les Dubs pourraient aller chercher pour leur premier exercice dans le flambant neuf Chase Center. On vous proposait d’ailleurs hier plusieurs conseils pour éviter de vous y blesser, car tout ça ne peut juste pas être du au hasard, car la thèse de la malédiction est bel et bien privilégiée par les plus fins limiers du game. Mais revenons à nos moutons losers, avec quelques stats qui, on préfère prévenir, risquent de faire mal au séant de la Dub Nation. Jugez plutôt :

12ème défaite de la saison pour les Warriors.

Saison 2019-20 : au bout de 14 matchs
Saison 2018-19 : au bout de 35 matchs
Saison 2017-18 : au bout de 53 matchs
Saison 2016-17 : au bout de 64 matchs
Saison 2015-16 : 🙃🙃🙃🙃🙃🙃

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) November 18, 2019

Rien que ça, disons que ça vous calmerait un taureau dans un moulin rouge. Car on remarque d’emblée que si depuis conq ans la concurrence grignote peu à peu son retard, cette saison 2019-20 n’a évidemment rien à voir avec ses prédécesseures. Dur à avaler pour des familles qui n’avaient peut-être pas vu six défaites à la maison en plus de cinq ans et qui viennent donc d’en vivre six en deux foutues semaines. Une autre stat qu’il faudra surveiller ? Le classement des pires saisons all-time en NBA, évidemment, mais déjà celui des pires saisons dans l’histoire de la franchise, chaque chose en son temps. Car aujourd’hui les Warriors sont derniers de la NBA, petit évènement s’il en est, mais ils sont surtout en route pour faire de l’ombre aux pires équipes all-time estampillées Warriors, et ça c’est quand même un titre honorifique bien bien moche…

stats warriors 18 novembre

Mais la chute aussi rapide que vertigineuse des Dubs ne fait pas écho uniquement en Californie puisque c’est également tout en haut un autre classement tout aussi significatif que l’on pourrait retrouver en fin de saison les partenaires de Christophe Machin et Ludo Untel. Celui des… pires cassages de gueule d’une saison sur l’autre, dans lequel on peut par exemple retrouver les Bulls post-Jordan, les Cavs post-LeBron (à deux reprises), les Spurs pre-Duncan ou le Heat post-LeBron encore lui. Aujourd’hui les Warriors semblent terriblement, au sens propre comme au figuré, partis pour se hisser tout en haut de classement spécial hauts-le-cœur, toujours aussi badant pour une organisation qui vait fait de la victoire une incroyable routine depuis plus d’une demi-décennie.

warriors 18 novembre

A tout seigneur tout honneur on termine avec l’un des architectes de la construction Warriors, Steve Kerr, qui connait cette saison des tourments qu’il n’avait plus connu depuis fort longtemps… En tant que joueur ? Une saison moyenne à Cleveland à l’époque où la Dance était à la mode mais une carrière passée dans des franchises qui gagnent. En tant que coach ? Disons que Stevie est champion NBA… dès sa première expérience sur un banc, et que la suite se décomposera en cinq finales en cinq ans, difficile de faire beaucoup mieux. Il n’y a en fait que dans le costume de dirigeant (à Phoenix) que le blondinet s’est un peu troué, mais qui ne fait jamais d’erreurs comme dirait Steve Mandanda. Aujourd’hui ? L’homme au dos fragile présente évidemment un bilan cata en termes de chiffres et il a même validé en perdant jeudi face aux Lakers sa plus longue série de défaites depuis le début de son mandat avec les Dubs. Cinq à l’époque, sept à l’heure de ces lignes, et une série qui pourrait malheureusement continuer de grimper puisque les coéquipiers de Marcel Chapon et Guillaume Tabouret sont au devant de trois matchs à l’extérieur, puisque de toute façon, absolument tous les matchs des Warriors cette saison seront de potentielles défaites puisque GS est potentiellement également la… pire équipe de la Ligue.

Dur dur constat, notamment lorsque l’on a vécu depuis cinq ans une démo quasi-perpétuelle de GS, chaque soir, chaque semaine, d’octobre à juin. Une saison qui s’annonce elle-aussi historique, pas comme on l’imaginait mais pas de panique, les Warriors sauront rebondir, via la Draft et via le retour des héros façon Koh-Lanta. On peut en tout cas dire que quanc les Guerriers font les choses ils ne les font pas à moitié. Exceptionnels ou dégueulasses, superteam ou superpisse, jamais dans le mou et toujours fou.