Non, ce n’est pas parce que les Mavs ont la hype qu’il faut attendre l’impensable de la part de Doncic et Porzingis

Le 03 oct. 2019 à 09:58 par Bastien Fontanieu

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Alors que la nouvelle saison des Mavs va bientôt démarrer, dans une hype qui explose les compteurs depuis janvier dernier, la franchise de Dallas est dans un virage intrigant de son histoire. Un virage identitaire, technique, émotionnel, le genre de transition qui doit aussi mettre le frein sur des attentes parfois placées… un peu trop haut.

31 janvier 2019, début de soirée. Ambiance au calme à New York, Kristaps Porzingis est encore présent chez les Knicks, même s’il n’a pas posé un orteil sur le parquet cette saison, la faute à une longue rééducation post-opération au genou. Pendant ce temps-là, à Dallas, les rumeurs s’enchaînent alors que la nouvelle réalité s’est installée à une vitesse folle dans les rues de la cité texane : Luka Doncic est un phénomène rarissime autour duquel il faut construire. En un éclair, en un instant, Mavs et Knicks mettent en place un transfert qui va envoyer KP chez son collègue slovène. Il est 19h, la NBA est en apnée. Porzingis et Doncic sont bel et bien réunis à Dallas, sous les même couleurs, dans ce qui est déjà considéré par nombreux comme étant la dernière saison en carrière de Dirk Nowitzki. Comment peut-on concrètement demander meilleure transition ? Comment mieux laisser partir le meilleur joueur de toute son histoire ? Les Mavs ont passé 20 ans à suivre le talent, le charisme, la personnalité et l’esprit de compétition d’un Européen uber-technique… et lorsque celui-ci s’en va, un autre dans la même veine débarque. Et accompagné, qui plus est, par un phénomène tout aussi impressionnant du même genre. Sans vouloir promettre de carrière Hall of famesque à Luka et Kristaps, car il y en a du chemin à parcourir devant eux, le scénario est presque trop beau pour les dingos de la franchise, MFFL. C’est écrit à la main, et fait pour bercer les amoureux de l’ami Dirk. Le synopsis est tellement bon que la NBA vue d’Europe va se métamorphoser en une soirée. Quelques heures seulement après l’officialisation de ce transfert, le nouveau thème est posé et il va rythmer les mois suivants, dans une hype démesurée. Surtout dans le vieux continent, évidemment, vu les joueurs principaux concernés.

Porzingis et Doncic à Dallas. Eh, t’as vu Luka et Kristaps en duo ? Franchement, KP et le Rookie de l’année sur pick and pop, ohlolo. Il faut avoir littéralement passé les 8 derniers mois dans une cave pour ne pas avoir été confronté, au moins 15 fois, à la hype autour de la nouvelle paire phare des Mavs. Une hype qui, il faut le  dire d’entrée, a de quoi être expliquée. Doncic vient de nous offrir une première campagne all-time en sortie de Madrid, son avenir est déjà acté parmi les plus belles étoiles de la NBA et du basket en général. Le type joue 3 mois avec des adultes et se place déjà derrière LeBron dans le classement de popularité des ailiers All-Stars à l’Ouest. Quel est son plafond ? Personne ne le sait. Et c’est ce qui rend cette hype si excitante. Porzingis a lui mis très peu de temps avant de devenir un crack à New York. Surnageant dans le merdier de Gotham, Kristaps a bossé, résisté dans une ville à la pression médiatique insoutenable, au point de devenir All-Star… avant de se blesser. On parle d’une licorne, de Porzingod, un type qui peut contrer tout le monde à l’arceau, shooter de 9m, mais aussi postériser ses défenseurs ou les sanctionner dos au panier. L’affiche est indéniablement stimulante. Voir deux garçons aussi doués évoluer ensemble, dans une franchise qui a déjà montré sa capacité à mettre les jeunots bien en avant, surtout venus d’ailleurs, il y a de quoi se frotter les mains. Et la Ligue, justement, a bien saisi la chose. En voyant un tel enthousiasme médiatique autour de deux prodiges au sourire bien large, la NBA et les acteurs principaux évoluant autour n’ont pas traîné pour changer leur dispositif.

Effet Doncic immédiat, et avec Porzingis c’est encore plus fat : Dallas aura 13 matchs en antenne nationale cette saison.

Plus que Brooklyn.
Plus que Toronto.
Plus que San Antonio.

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) August 20, 2019

Les équipes qui, pour le moment, seront les plus diffusées sur beIN Sports la saison prochaine :

– Dallas : 8 fois
– Rockets et Clippers : 7 fois
– Boston : 6 fois
– Denver : 5 fois
– Nets, Bucks, Wolves, Pelicans, Thunder et Spurs : 4 fois

A confirmer pendant la saison.

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) August 22, 2019


Autant être clair donc, notamment en clin d’oeil aux fans des Rockets ou des Spurs, qui sont voisins de palier. Si vous avez du mal avec les Mavs, avec Dallas, ou avec ce nouveau duo, il va falloir prendre votre mal en patience car ils vont beaucoup être mis en avant. On ne fait qu’effleurer le début du dispositif médiatique qui sera mis en place autour de Doncic et Porzingis, avant même de parler de match en Europe, ou de chassé-croisé avec Dirk. Business is business, comme dirait nos copains outre-Atlantique. Mais business is bon business… quand ça gagne. Et c’est là que le curseur, entre hype frénétique et résultats problématiques, doit être réglé avant ce début de saison. Nous sommes à l’Ouest, dans une conférence de dingue, où quasiment chaque soir une armée veut être prétendante au titre. Et Dallas, à la bataille avec Houston, San Antonio, New Orleans et Memphis, va devoir jouer des coudes dans sa propre division. Est-ce que ces Mavs sont nettement meilleurs que les Pelicans, dont la hype est elle démesurée chez l’Oncle Sam ? Pas sûr. Et Zion, malgré tout son talent et ses promesse, va lui aussi devoir batailler pour espérer rentrer dans un Top 8 synonyme de Playoffs. Nous sommes aussi dans une année de retour concernant Porzingis. Si sa rééducation semble terminée et parfaitement gérée, les Mavs ont été clairs sur le load management qui devrait lui être imposé. Back-to-back, calendrier aisé, toute opportunité sera saisie pour conserver Kristaps physiquement parlant. Est-ce que KP peut vite rejouer au niveau All-Star auquel il était il y a plus d’un an et demi ? La question le suivra tout au long de l’automne.

Nous sommes, pour enchaîner, devant une équipe qui a son potentiel offensif et ses limitations défensives. Dans le système de Rick Carlisle, avec deux joueurs aussi intelligents que Porzingis-Doncic et de meilleures armes autour d’eux pour sanctionner, l’attaque des Mavs pourrait être incroyable certains soirs. La défense, elle aussi, pourrait être incroyable, mais dans le mauvais sens du terme. Regarder l’effectif de cette année et trouver des spécialistes défensifs relève du casse-tête force 5. Et dans cette jungle de l’Ouest qui ne laisse aucune chance aux équipes bancales, cela pourrait se ressentir régulièrement dans les résultats à Dallas. Enfin, et c’est peut-être là le point le plus important : même si la hype le refuse par définition, il faut donner du temps à Luka et Kristaps. Des leaders qui, aux dernières nouvelles, ont 20 et 24 ans, et moins de 260 matchs cumulés dans leur carrière NBA. Ce sont des enfants dans cette Ligue, tout simplement. Et les enfants, s’ils peuvent parfois sortir du lot (hello Thunder 2010), se prennent souvent des gamelles avant de savoir marcher le torse bombé. Il faut aussi passer par là, se prendre des tartes, être ciblé, accepter la pression médiatique et donc décevoir si cela arrive. Les Mavs ont peut-être deux All-Stars dans leur effectif, qui vont tout exploser cette saison et remettre Dallas dans l’élite de l’Ouest. Les Mavs ont peut-être deux futurs Hall of Famers côte à côte, qui vont passer le reste de leur carrière ensemble et écraser la concu sur la décennie 2020. Mais les Mavs ont surtout pour mission de devoir donner à ces deux jeunes la possibilité de se tromper cette saison. Que les défaites soient les leçons de demain, que les larmes coulent s’il le faut, tête baissée dans le vestiaire en papotant avec l’ami Dirk. C’est peut-être ce qu’on peut leur souhaiter de meilleur, à la fois pour la transition au sein de la franchise, mais aussi pour l’évolution de leurs deux nouvelles stars.

Que vont faire les Mavs cette saison ? On a hâte de le savoir, sur les parquets. De l’excitation, il y en aura à foison. Des caméras planquées sur Kristaps et Luka, il y en aura tous les soirs. Mais des erreurs d’inexpérience ? Il y en aura aussi. Comme des défaites, des désillusions, ou des transferts potentiels de mi-saison. Cette juste balance, il faudra la trouver dès que possible. Dans les vestiaires, mais aussi dans la fanbase, et les grands bureaux de la Ligue.