Le Grit & Grind est désormais dans le rétro à Memphis : et si on enchaînait avec du… Fast & Furious ?

Le 25 sept. 2019 à 10:21 par Giovanni Marriette

Fast and Furious
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Marc Gasol, Zach Randolph, Tony Allen, Tayshaun Prince, Mike Conley, Matt Barnes… Depuis dix ans au moins, les soldats passés par Memphis ont quasiment tous en commun un ADN resté propre à la franchise du Tennessee : le Grit And Grind. Née d’une petite embrouille entre Tony Allen et Rudy Gay en 2011, ça part fort, la devise est ensuite devenue un véritable crédo à Memphis, à la base de tous les succès ou presque de la franchise. Une véritable story mais aujourd’hui cette époque est bel et bien révolue, et on entre donc dans une nouvelle ère, un peu plus raccord avec une ère où tout va plus vite.

Vous avez tous connu ce coach qui vous sortait avant un match des phrases du genre on se connait les gars, on sait qu’on ne gagnera pas ce match si on prend plus de quarante points. Et ne faîtes pas genre vous ne savez pas de quoi on parle. Le Memphis des années 2010 ? C’est peu ou prou la même chose, à quelques dizaines de points près. De points de suture aussi, tellement cette bande d’Oursons a défendu gueule et griffes sa tanière depuis bientôt dix ans. Une défense basée sur des uppercuts dans la gueule, des prises à trois incessantes et des défenses étouffantes sur l’homme, une attaque placée durant laquelle aucun tir pris avant le buzzer des 24 n’était autorisé, bref un jeu parfois ennuyant pour l’amateur de highlights mais tellement efficace pour user l’adversaire avant de le taper dans le money time pour l’emporter 88-84. Tout le monde tire dans le même sens, on joue jusqu’à la mort si ça peut permettre de gagner un match. Les beaux parcours de 2013 ou 2015 sont là pour prouver que l’idée était bonne, le trophée de DPOY de Marc Gasol également, mais petit à petit les têtes d’affiche de cet état d’esprit de guerriers se sont envolés vers des cieux plus rémunérateurs, plus victorieux ou tout simplement plus axés sur le tir en première intention. Aujourd’hui ? Jae Crowder ou Kyle Anderson semblent être les derniers Mohicans de la bande, et c’est davantage avec un groupe qui court et qui shoote que Taylor Jenkins devra composer. Est-ce une mauvaise nouvelle ? Non, bien au contraire, car les besoins de la NBA version 2019 ont changé et, de surcroît, le roster new generation des Grizzlis a tout pour devenir une machine à highlights, dans un premier temps, et une machine à gagner, c’est l’objectif à moyen-long terme.

La raison noumero ouno de ce changement d’identité à venir ? L’arrivée en ville de Ja Morant évidemment, le numéro 2 de la dernière draft étant peut-être – déjà – parmi ce qu’il se fait de mieux dans la catégorie chefs d’orchestre supersoniques. Ultra-rapide, spectaculaire et amateur de basket léché, le jeune Ja débarque à Memphis pour offrir au bouillant FedEx Forum ses premiers alley-oops depuis 1830. Capable de courir le 100m en huit secondes ballons en main, l’ancien crack de Murray State a tout pour devenir le chouchou d’une franchise qui s’en cherche un depuis le départ des deux meilleurs joueurs de son histoire, et il pourra se construire aux côtés de mecs qui partagent le même goût que lui pour la vitesse et spectacle. Brandon Clarke par exemple, récent MVP de la Summer League et potentielle belle surprise en sortie de banc, ou encore Jaren Jackson Jr., pas vraiment le Blake Griffin 3.0 mais jamais le dernier pour courir vite et sauter haut. Rajoutez-moi un Dillon Brooks qui avance caché mais de fort belle manière depuis deux ans, un Josh Jackson qui a autant de chances de devenir un bust que d’exploser si l’environnement lui convient, un Tyus Jones qui a prouvé à Minneapolis qu’il était capable de s’inscrire dans un tel projet, saupoudrez d’un peu de Grayson Allen pour rappeler à tous qu’un bon brin dans le pif ne fait jamais de mal, old good dayz, et vous obtenez un ensemble jeune, ambitieux et en pleine possession de ses moyens, à des années lumières des groupes de barlous entrevus à Memphis depuis dix ans.

L’homme qui devra mettre le liant dans tout ça ? Taylor Jenkins. Sacré défi pour un coach rookie mais qui a pu apprendre le métier aux cotés de Mike Budenholzer à Atlanta puis Milwaukee, on a vu pire comme formation. Taylor Jenkins donc, qui aura la lourde tâche de passer de Grit & Grind à Run & Gun, mais quelque chose nous dit que les profils à sa disposition devraient grandement l’y aider. Est-ce que quelqu’un est prêt pour les premiers 135-128 à Memphis ? pas sûr, il faudra peut-être quelques semaines pour s’y faire. A moins que l’âme des Tony Allen and co. se balade encore dans les travées du FedEx, mais ça on n’y croit pas vraiment. Réponse le 23 octobre à Miami, pour le premier… All-Star Game de la saison ?