Jonas Valanciunas se sent comme un ours dans un pot de miel à Memphis : et si on découvrait enfin le “vrai” Jonas ?

Le 25 sept. 2019 à 11:35 par Giovanni Marriette

Jonas Valanciunas
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Il était temps. Il était temps que Jonas Valanciunas se présente à la NBA comme le joueur qu’il a probablement toujours été : un leader. Un leader tous les soirs. Parmi la crème de la crème à son poste à ses débuts, le géant lituanien a depuis connu une trajectoire longiligne, loin d’être honteuse attention, mais peut-être moins importante que son potentiel ne le laissait entrevoir. Puis le 7 février dernier… coup de tonnerre, déménagement, tristesse de quitter les futurs champions pais potentielle vraie naissance en tant que joueur qui compte vraiment. On fait le point ? Allez, on fait le point.

Quand on fait le point sur la carrière de Jonas Valanciunas, on a presque l’impression que le bonhomme est un vétéran en NBA. Dans le paysage depuis des lustres, dans le paysage des Raptors évidemment, le baobab lituanien n’a en fait que… 27 ans. 27 ans, toutes ses dents mais pas mal en moins pour ses match-ups, et une carrière qui pourrait finalement décoller pour de bon cette saison, après s’être affranchi en février dernier de son premier tuteur légal en NBA. Exceptionnel sur la fin de sa carrière d’ado malgré l’ombre de Ricky Rubio, autre jeune-vieux qui lâchait alors des 51/24/17/12 en compétitions internationales, Jonas était alors le pivot le plus talentueux de sa génération, mains en or et buffet incroyable, et sa carrière NBA s’annonçait au minimum brillante, et au maximum… énorme. Huit ans plus tard ? On est donc resté sur une carrière “simplement” brillante, avec un Jonas toujours solide dans son rôle mais jamais vraiment capable d’en sortir. Exemple parfait du mec qui passe de MVP en FIBA à bûcheron en NBA, c’est la vie pour certains et c’est du gâchis pour les autres, mais la seule chose concrète c’est bien que Jonas ne dépassera jamais les 13 points de moyenne au Canada. Il n’empêche que le mec restera à jamais comme l’un des soldats les plus valeureux de l’histoire de la franchise, il n’empêche qu’il aura eu un rôle prépondérant dans la construction d’un roster qui finira champion NBA en 2019… sans lui, mais il nous reste alors au coin de la bouche un petit goût de raté, le goût d’une carrière qui aurait peut-être dû être différente.

De second rôle à Toronto à… crackito à Memphis ?

De moins en moins utilisé et estimé à Toronto, Jaunasse avait besoin de changer d’air. Et c’est donc l’air du Tennessee qui lui sera imposé en février dernier, avec un déménagement direction Memphis. On aurait pu penser que la poutrasse aurait besoin de quelques matchs d’adaptation pour retrouver son basket ? Lol. 23 points à 9/11 pour son tout premier match, 25 dix jours plus tard, et déjà trois doubles-doubles bien violents sur ses quatre premiers matchs. Son mois de mars ? Le meilleur de sa carrière. 20,4 points à 53% au tir, 11,1 rebonds, 2,4 passes et 1,7 contre en à peine 29 minutes, Jonas fait du sale dès qu’il joue et s’impose comme l’un des meilleurs pivots de la Ligue sur le dernier mois de compétition. Le 21 et le 23 mats face à Houston et Orlando, il enchaîne par exemple un 33/15 avec un 23/24/3/4, preuve de la nouvelle dimension dans laquelle il est rentré, une dimension dans laquelle on l’attendait beaucoup plus tôt dans sa carrière cependant. Et c’est là que les questions affluent.

Niveau obtenu grâce à une ouverture des défenses habituelles en mars ? Grâce à une hiérarchie un peu vaseuse à Memphis ? Coup de chaud sans lendemain… ou naissance d’un Jonas nouveau qui s’apprête à dominer la Ligue ? Ici on a envie de croire à cette dernière idée, et le projet mis en place à Memphis pourrait aller à ravir à ce new Valanciunas. Très probable titulaire à la reprise avec le revenant Jaren Jackson Jr. à ses côtés (avec qui il n’a encore jamais joué), possiblement prêt à profiter des éclats de défense que créera Ja Morant, le natif d’Utena a une sacrée belle cote de MIP maison et c’est probablement un autre homme que vous découvrirez à la rentrée des classes. Le travail de l’ombre sera toujours exécuté au poil bien sûr, mais Taylor Jenkins a probablement découvert en même temps que la NBA que son pivot avait des mains de fée et qu’il pouvait s’en servir sur un terrain, au moins aussi souvent que les bumps ou les écrans de retard pour lesquels il était envoyé au bois durant ses premières années en NBA. Vrai joueur, vraies mains, et la Grande Ligue aura donc mis huit ans pour s’en rendre compte, huit années que le joueur lui-même aura également mis pour se dire qu’il était peut-être temps d’être moins timide.

Les Grizzlies ressemblent donc à un beau gagnant du Loto, même s’il faudra quand même filer un sacré chèque à Jonas la saison prochaine. Sauf que pour la première fois, on risque de se dire très vite que le grand gaillard mérite son oseille, et surtout qu’il mérite tout ce qui lui arrive. Et quoi de mieux que les Grizzlies pour un homme dont le hobbie principal étant jeune était probablement de chasser des Ours à mains nues avant de les manger tout cru, ça c’était pour l’anecdote.