Avant Vince Carter, il y avait Nat Hickey : allez, flashback, quand les papis faisaient déjà de la résistance

Le 01 mai 2019 à 14:40 par Gianni Mancini

Nat Hickey
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Chers lecteurs de tout âge, c’est o-ffi-ciel. Vince Carter effectuera son retour l’an prochain pour une 22ème saison au sein de la Grande Ligue, un record. A 42 ans, s’il vous plait, et du coup on est même en train de se demander si on ne va pas finir par partir à la retraite avant lui. Mais, malgré ses prouesses, Carter a encore un peu de chemin à faire avant d’être le plus vieux joueur à fouler les parquets NBA…

Pour conter cette histoire, il faut vraiment prendre la machine à remonter le temps et aller jusqu’à la préhistoire du basket américain. La American Basketball League, ça vous dit quelque chose ? A nous non plus, mais c’est pourtant là-bas que Nat Hickey fit ses gammes. Pour vous résumer un peu vulgairement, la ABL était un peu l’ancêtre de la NBA, une première tentative post-Première Guerre Mondiale de créer une ligue de basket professionnelle. Alors, quand on dit professionnelle, il faut nuancer le tout, et on était davantage proche de la foire du boudin aux pommes que de ce qu’on a actuellement, ou même ce qui se développera quelques années plus tard. Certes, mais sur un CV, ça compte quand même, et Hickey, de son nom de naissance Matthew J., peut se targuer d’avoir porté le maillot de franchises telles que les Eddie Holly’s Majors, les Chicago Bruins (non, pas ceux de la NHL) les Boston Trojans (non, pas ceux sur votre PC), ou encore les Cleveland Rosenblums, avec qui il remporta d’ailleurs le titre national en 1926. Que ça fasse rêver ou pas, reste que l’arrière de poche (1m80) fit preuve d’une longévité remarquable au cours de sa carrière : 27 années à arpenter les planches, avec en tout douze franchises différentes, qui a dit journey-man ? Après presque trois décennies de bons et loyaux services, et seulement deux ans d’interruption entre 1942 et 1944, parce que la guerre c’est quand même une bonne raison pour s’arrêter de jouer au basket, ce bon vieux Nat allait pouvoir profiter d’une belle retraite largement méritée. Enfin, non, c’était mal le connaître ça.

Oui, parce que lors des dernières années de sa carrière de joueur, le gus, visiblement hyperactif, cumulait aussi un job en tant qu’entraîneur principal au sein de la NBL, puis de la BAA, qui une fois fusionnées formèrent la NBA. On espère que vous avez encore quelques restes des cours de physique-chimie du collège parce qu’effectivement, il faut s’accrocher. Retenons simplement que, à partir de 1944, Hickey était à la fois joueur et entraîneur, et il fut notamment head coach des Tri-Cities Blackhawks, les ancêtres d’une certaine franchise actuelle d’Atlanta… C’est au milieu de tous ces noms barbares et de ces équipes de vendeurs d’épicerie que le moment de gloire de Nat Hickey allait arriver. Si on vous dit que ce parfait no-name est détenteur d’un des records les plus remarquables de l’histoire de la NBA, vous ne nous croirez pas, et pourtant.  Lors de la deuxième année après la formation de la Basketball Association of America, la saison 1947-48, Hickey était donc entraîneur des Providence Steamrollers. Bon, la franchise n’a existé que trois saisons, et on ne saurait pas trop quoi vous dire à son sujet, si ce n’est qu’ils n’étaient pas très bons. Pour preuve, la team de notre client du jour a claqué un bilan de 4 victoires et 25 défaites sur la période, et il faut croire que le concept de tanking existe lui aussi depuis la nuit des temps. C’en était trop pour Hickey, qui décida que le roster avait besoin d’un renfort de poids : lui-même. Il se déclara officiellement en tant que joueur à part entière de l’équipe à partir de janvier 1948, soit trois jours avant sa 46ème bougie. On vous l’a dit que Vince Carter pouvait aller se rhabiller. Pas de quoi trop s’affoler non plus, car le suspect ne joua que deux petits matchs, pour des stats ahurissantes de 0/6 au tir et de cinq fautes commises. En tout, deux petits lancers-francs inscrits face aux St. Louis Bomber, et une copie vierge rendue face aux New York Knickerbockers. Mais ici, ces chiffres passent au second plan, puisque en foulant le parquet, Hickey s’était déjà assuré une place dans les grands récits, et son passage à la postérité. On ne parle pas d’être le seul joueur à ne pas mettre de points contre les Knicks, mais bien le titre prestigieux du joueur le plus vieux all-time en NBA, s’il vous plait. Une marque à 45 ans et 363 jours qui tient encore aujourd’hui, et qui risque bien de tenir pendant un long moment. On vous l’a dit, parfois, ce sont les petites histoires qui font les grandes.

Cela fait toujours plaisir de faire un petit focus sur des héros insoupçonnés de la Grande Ligue. Nat Hickey avait tout d’un plombier made in NBA, mais finalement, il est peut-être le no-name avec l’exploit le plus marquant. En ce jour, ça valait bien un petit bouquet de muguet.