Maladie, inquiétude et quarantaine : quand les Warriors ont vécu un épisode de Dr. House

Le 04 déc. 2018 à 14:21 par Victor Pourcher

Warriors
Source image : YouTube/NBA

La saison dernière, une impression de facilité se dégageait des Warriors à chaque match, spécialement en Playoffs. Alors la question d’un reporter à David West, demandant si ce titre avait été plus facile à obtenir que le précédent, ne semblait pas plus scandaleuse que d’autres. Pourtant, le joueur avait vivement réagi et lâché des déclarations énigmatiques : “Nous sommes si proches, les gens n’imaginent même pas ce que nous avons traversé.” Désormais retraité l’ancien intérieur s’est s’expliqué, comme d’autres joueurs, sur ces mots pour The Athletic.

C’est le titre de champion NBA 2018 à peine en poche que David West avait balancé cette quote, avant de continuer dans cette voie au micro de Marc J. Spears en annonçant que beaucoup de choses s’étaient passées en coulisse et que tout le monde serait choqué quand elles deviendraient publiques. À l’époque, tout cela avait l’air d’un coup de gueule contenu depuis un moment, d’une frustration que le vétéran, partant à la retraite et le titre acquis, pouvait enfin extérioriser en larguant une dernière bombe à retardement. Difficile d’imaginer un autre scénario que celui d’une embrouille au sein du vestiaire, une sorte de preview de rap contender en plein match de Durant et Green cette saison. Mais dans The Athletic, David West revient sur ce qu’il avait en tête et dévoile les dessous d’une affaire qui n’a rien à voir avec une guerre d’égo : au cours du mois de mars, entre le match à Minneapolis du 11 et celui à domicile du 14, l’équipe a été sous la menace d’une méningite. Alors, rapide point Michel Cymès : la méningite est une inflammation des méninges (ça va jusque là, on a perdu personne ?), membrane qui entoure le cerveau et le moelle épinière qui peut être extrêmement dangereuse. Résumé pour les paumés en science comme nous : ça craint, ça craint vraiment, du genre avec potentiellement la mort à la fin, toussa toussa. Sam Amick rapporte les propos de l’ancien des Warriors :

“C’était une peur sérieuse concernant notre santé qui, pour moi, était quelque chose comme… Wow… Je l’avais encore dans la tête à ce moment-là [lors de l’interview en sortie de Finales, ndlr]. Toute l’équipe a été affectée. C’était fou, c’était au cœur de la saison. C’était encore une de ces choses qui ont montré la force de cette organisation.”

D’où ce danger est-il venu ? Il semblerait qu’un collaborateur extérieur aux Dubs, chargé de la nourriture des joueurs et du staff au quotidien, ait contracté la maladie. Après avoir brièvement été dans un état mettant sa vie en danger, il aurait gagné ce court combat contre la maladie. Parce que peu importe ta place dans la franchise d’Oakland, tu remportes tout ce qui se présente. Alors vous pensez probablement que ce n’est pas grand chose finalement, mais la franchise a immédiatement pris des mesures. Non, non, non, vous n’avez pas saisi : une franchise NBA qui prend des mesures pour la santé de ses joueurs, ce n’est pas simplement un rendez-vous chez le docteur du coin, celui qui tape des pauses clopes et qui tousse plus que toi. D’abord, une mise à l’écart du reste de l’organisation et tournée de picouses pour tout le monde : hop hop hop, on veut rien savoir Steph, tu remontes ta manche ou tu baisses ton froc c’est comme tu veux, mais tout le monde a le droit à son vaccin en urgence. Ensuite, que tout le monde sorte du gymnase : la direction des Warriors a purement et simplement “désinfecté” les installations et déplacé certains entraînements en attendant. Et inutile de vous dire que la cantine réservée aux joueurs et au staff a subi le même sort. L’histoire ne dit pas s’ils sont parvenus à laver l’affront du 3-1 lead ou encore la trace du chasedown de LeBron James sur le verre. En tout cas, tout en restant en interne, cette alerte est tout de même parvenue jusqu’à l’équipe de G League, basée à Santa Cruz, notamment par l’intermédiaire de Chris Boucher, ancien two-way contract des Warriors désormais à Toronto, qui raconte aussi à The Athletic :

“Bien sûr que nous avons pris un moment à l’entraînement de Santa Cruz pour parler de ça. Même si parfois tu ne te sens pas forcément très proche [de l’équipe principale, ndlr] ou que ce n’est pas toi, ça t’affecte quand même. Donc nous avons pris un moment pour en parler, voir comment nous le ressentions. Personne ne voulait être dans cette situation, donc nous comprenions ce qu’ils pouvaient ressentir même nous n’en étions pas.”

Si tous les joueurs s’accordent sur le fait que ce fut une période plutôt stressante, seul ce génie JaVale McGee n’a pas été impressionné : “J’ai grandi dans le quartier, la méningite n’est pas quelque chose qui me fait peur.” Ok JaVale, mais tu es au courant que tu n’aurais pas pu taper un tête-tête avec la méningite hein ? Bref. Si l’on regarde les dates, ces nouveaux éléments peuvent en partie expliquer les difficultés de Golden State en fin de saison dernière. Car s’ils ont dominé les Playoffs comme peu d’équipes l’avaient fait avant eux (5 défaites en 21 matchs, et un sweep en Finales), ils ont aussi connu un fin de régulière plus difficile : 10 défaites lors des 17 derniers matchs. Bien sûr que les blessures de Stephen Curry et Klay Thompson ont joué. Mais on connait l’importance du mental, tout particulièrement pour une équipe en quête d’un back-to-back que tout le monde s’attendait à les voir soulever : pour des joueurs qui se disaient déjà fatigués physiquement et mentalement, la menace et le stress d’une maladie grave sur le dos, c’est pas vraiment pas le top. Pour qui est-ce le top d’ailleurs ? Mais au final, comme le dit David West, sans en faire leur plus beau titre pour autant, on ne peut que reconnaître le bon rebond, mental mais aussi sportif, et on peut comprendre qu’il ait pour eux une saveur différente… celle du cuistot à la méningite ?

On n’aura pas eu le background des histoires de vestiaires aux Warriors de la part de David West. Ses propos en sortie des Finales 2018 avaient éveillé la curiosité des insiders. On sait désormais par quoi est passée cette équipe : un gros coup de stress pour la santé des joueurs juste avant la postseason. Les haters ont, semble-t-il, payé les meilleurs marabouts la saison dernière… Alors qu’il suffisait d’un match contre les Clippers pour les faire vaciller cette année.

Sourcetexte : The Athletic, Twitter