Petit à petit Carmelo Anthony fait son nid : du scoring à la pelle, quel que soit son rôle à Houston
Le 04 nov. 2018 à 15:40 par Bastien Fontanieu
Avec deux victoires sur leurs deux derniers matchs et des orages qui pourraient gentiment s’éloigner, les Rockets retrouvent un peu de leur identité. Une des éclaircies pour Houston ? Carmelo Anthony, dont la nature de scoreur est bien exploitée par Mike D’Antoni.
C’est un des sujets les plus épineux de ce début de saison dans le Texas, concernant un des joueurs les plus critiqués de ces dernières années. Melo, compétiteur féroce, de moins en moins tonique sur ses jambes et donc de plus en plus exposé dans la Ligue, abordait la nouvelle saison avec de gros points d’interrogation sur son crâne. Comment l’intégrer aux Rockets ? Comment ne pas défoncer l’efficacité défensive de l’équipe en le responsabilisant ? Va-t-il s’entendre à nouveau avec son coach ? Et quid d’un spot de sixième homme ? Pointé du doigt pour son approche parfois trop égocentrique et datée, comme si on était encore en 2008 quand Melo était un indiscutable All-Star, l’ailier a d’abord été au centre des critiques, tel le parfait bouc émissaire qu’il a souvent été dans sa carrière. Les Knicks galèrent, la faute à Anthony. Le Thunder galère, la faute à Anthony. Les Rockets galèrent, la faute à Anthony. Et malheureusement, il était difficile de ne pas froncer les sourcils en voyant l’impact du vétéran sur les premiers matchs de la régulière, son apport défensif proche du néant et une réussite au shoot douteuse l’envoyant directement dans la fosse aux lions. Oui, que ce soit injuste ou non, Melo méritait quelques tacles appuyés, et le script à Houston ne faisait que renforcer l’image dessinée autour d’Anthony depuis des années. Sauf que dans son coin, sans stresser, avec un peu plus de sagesse et de patience, l’ailier a préféré garder la tête levée, attendant que la machine se mette en place à la fois collectivement et individuellement. Certes, les tirs ne rentraient pas, mais pour un type avec 25 000 pions en carrière, ce n’est pas demain que l’attaque va devenir un sujet de prise de tête. Ce qu’il fallait, surtout, c’est que Melo trouve sa place et que Houston se reprenne pour calmer l’orage. Ce qui a été géré sur les deux dernières rencontres.
Dans le jeu et dans le résultat, on ne va pas se mentir, c’est pas l’extase. Les Rockets semblent bien loin de leur niveau de l’an dernier, des deux côtés du terrain, et on se demande quand est-ce que la saison des Texans va enfin se lancer. Sauf que d’autres joueurs doivent être interrogés, entre suspension de Chris Paul et blessure de James Harden, pour ne citer qu’eux. Et s’il devait y avoir un débat autour de l’aisance de Melo dans le système de Houston, il a de moins en moins d’intérêt et de pertinence quand on voit les récentes performances du vétéran. Quasiment 20 points de moyenne sur les 5 derniers matchs, en étant parfois envoyé dans le 5 majeur et parfois bombardé en sortie de banc, difficile de le critiquer là-dessus. Un bon sixième homme, c’est un copain qui accepte de mettre son ego de côté et va accepter les responsabilités données par ses supérieurs, en fonction de l’état global de l’équipe. Harden sur le côté ? Anthony dans le cinq. Harden de retour ? On va sur le banc. Et elle est peut-être là, la première petite perche positive tendue vers nous, après des années passées à fusiller Carmelo pour son statut de faux franchise player. Peut-être que l’acceptation de ce nouveau rôle, sans faire de bruit, en calmant les troupes et en scorant à foison sera le début d’une transition prometteuse. La défense restera infernale, et les pourcentages aléatoires quand on voit la sélection du joueur. Mais il n’est pas vraiment question de cela aujourd’hui. Après avoir fait toute sa carrière en tant que titulaire les yeux fermés, Melo est aujourd’hui dans une phase de changement, dans un virage important de sa vie, et les récentes sorties ont de quoi donner espoir à beaucoup de monde. Les Rockets, les fans du joueur comme les proches d’Anthony.
Who, me ? C’est ce que nous disait Carmelo Anthony, il y a un an, lorsqu’un rôle de sixième homme lui était suggéré à Oklahoma City. Doucement, avec le temps, le vétéran a accepté sa réalité, et s’il reste encore pas mal de boulot pour totalement transformer le paysage du joueur, les débuts sont intéressants à suivre. Just keep shooting, si les Rockets s’y mettent collectivement, on parlera peut-être de lui comme un sérieux client au titre de Sixième homme de l’année.