Steve Nash au Hall of Fame : flashback sur une soirée à 23 assists en Playoffs, Magic et Stockton ont eu chaud

Le 07 sept. 2018 à 10:33 par Clement PLB

Steve Nash - Suns - Draft 1996
Source : Montage pour TrashTalk by @The BigD05 via images YouTube

Commençons par replacer le contexte. Les Lakers et les Suns se retrouvent au premier tour des Playoffs pour un  Game 4 déjà couperet pour la franchise de Kobe Bryant, mené 2-1 et qui doit s’imposer sur son terrain pour s’éviter une situation des plus défavorables. C’est sans compter sur Steve Nash, ce lutin canadien distributeur de caviar, qui ira ce soir-là titiller le record d’assists en Playoffs.

Ce 30 avril 2007, Steve Nash a 33 ans, il est double MVP, il sort d’une saison régulière réussie avec ses Suns, couronnée par une deuxième place dans la Conférence Ouest. Un cador de la NBA, opposé à une autre légende, et pas des moindres, Kobe Bryant, qui aurait dû pour beaucoup être MVP en 2006, à la place d’un Nash qui obtenait là son deuxième trophée consécutif. Surtout qu’en cette année 2006, lors de leur affrontement au premier tour des Playoffs, durant ce même Game 4, Kobe va planter un game winner entaché d’une belle erreur d’arbitrage, faisant suite à des no-calls controversés sur deux pertes de balle de Stevie, laissant un goût amer aux gars de l’Arizona qui se consoleront en remportant finalement la série. Mais d’un point de vue individuel, ce match va alimenter le débat sur le “vol” commis par le génial Canadien d’un titre de MVP que Kobe aurait pu obtenir. C’est donc dans cette ambiance particulière que les Suns se rendent au Staples Center, après une défaite ramenant la série à 2-1, lors d’un Game 3 où les Angelinos ont surpris Stevie et ses gars par leur agressivité, avec notamment des trappes ultra physiques, à la limite de la faute sur leur maître à jouer. Le cadre est placé, désormais place au match.

Déterminé à ne pas se faire avoir une deuxième fois par la stratégie défensive des Angelinos, Steve Nash va faire ce qu’il sait faire de mieux, accélérer le rythme du match pour empêcher les Lakers de s’ajuster, accélérer encore et encore, pousser le ballon pour obtenir des paniers faciles en transition et en contre attaque. Le premier quart en est la démonstration, 33 points inscrits, et Nash est déjà à 8 assists. Du alley-oop pour Shawn Marion, une petite passe maline pour Leandro Barbosa du parking, de l’agressivité pour aller défier et attirer les intérieurs adverses, et puis ce duo si dévastateur avec Stoudemire, sur pick-and-roll ou sur du hand-off, qui commence son travail de démolition de la raquette adverse. Le deuxième quart est mieux contrôlé par les Californiens, mais Stevie continue son récital, trouvant toujours le mec ouvert, et pouvant aussi compter sur le Stoud pour convertir quelques ballons moins décisifs. Une superbe passe avec rebond dans un trou de souris pour son intérieur et une no-look aérienne pour Barbosa du parking et le voilà à 15 assists à la mi-temps, record de Playoffs égalé avec Magic Johnson et le plus inattendu Doc Rivers à ces côtés. Et encore, les Suns sont maladroits de loin, compilant un laid 4 sur 16… Le record de 24 assists codétenu par Magic et John Stockton peut trembler, la barre des 30 semble même envisageable à cet instant. Surtout que le troisième quart-temps reprend sur un rythme soutenu, Nash profitant des errements de la défense des Lakers pour scorer étonnamment seul à 3-points et servir à plusieurs reprises ses shooteurs dans un fauteil. Toujours aussi redoutable en transition, il ajoute cinq assists durant cette période, atteignant la barre des 20 à l’entrée du dernier quart. Le record est à portée de ses mains magiques, notre tout jeune retraité Boris Diaw lui permettant notamment de faire grimper son total jusqu’à 23 passes, avec des finitions au cercle tout en finesse dont il le secret. A 1 min et 2 secondes de la fin du match, Nash est donc à une passe du record, et peut raisonnablement espérer le battre. Le match est plié, car malgré un petit sursaut d’orgueil, les Lakers ne reviendront pas à moins de 11 points. Les conditions sont réunies, mais son poulain de 33 ans ayant déjà joué 39 minutes, c’est le moment choisi par Mike D’Antoni pour le bencher définitivement, histoire de le préserver d’une blessure stupide qui compromettrait sérieusement les chances pour les Suns de poursuivre leur aventure en Playoffs. Le record a tremblé, et aurait pu être explosé selon les dires de D’Antoni et Raja Bell.

“Si nous avions mieux shooté, il aurait pu en avoir 35”. – Raja Bell.

“En shootant mieux [du parking], il aurait eu 30 assists.” – Mike D’Antoni

Mais Steve Nash n’est pas un homme de performance individuelle, il vit pour le collectif et surtout le run and gun, pas du tout le genre à aller chercher à tout prix l’assist ou le rebond qui lui manque pour valider un triple double (Ricky Davis et Russell Westbrook celle là elle est pour vous). Du coup on va laisser à son pote Bell la conclusion :

“23 assists c’est correct [pour lui]. Si tu es intéressé par ça.”

Le record aurait très bien pu tomber ce soir là, par le talent et la magie des mains de Steve Nash. Le bonhomme n’a pas voulu aller le chercher, considérant qu’il en avait fait assez pour que sa team domine aisément les Lakers. Un grand monsieur qui va entrer au Hall Of Fame, aussi humble que talentueux. Ce match est un chef d’œuvre, l’apogée de l’un des plus grands artistes de la passe que la NBA ait connu.

Source : ESPN