Kyle Singler pourrait être bientôt coupé par le Thunder : ils n’ont pas le droit de cingler une telle légende

Le 28 août 2018 à 12:35 par Aymeric Saint-Leger

LeBron James Lakers GOAT
Source image : Public Domain Pictures

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, non-binaires, l’heure est grave en cette fin de mois d’août. Après avoir subi la perte d’un être cher de notre belle Ligue en la personne de Manu Ginobili, qui a officiellement annoncé sa retraite hier, c’est une autre légende de la balle orange qui pourrait quitter la NBA dès cet été, sans avoir prévenu personne. Sans crier gare, dans la discrétion, l’altruisme, la pudeur (et l’anonymat le plus complet), Kyle Singler pourrait se faire couper par le Thunder sous peu. On ne reverra peut-être plus jamais celui qui est dans la course au GOAT sur un parquet… 

Pourquoi est-ce que le destin est si cruel ? Ce doit être la question que se pose le moindre fan de basket en ce début de semaine. Hier, on a dit adiós à El Manu, un des rares joueurs qui faisait l’unanimité au sein de la Ligue. Aujourd’hui, c’est un autre joueur qui ne pousse pas au débat qui pourrait quitter les atours de la NBA sous peu. Kyle Singler, c’est un peu un symbole, une icône. Quelqu’un de si bon et généreux qu’il se laisse postériser pour que les autres se sentent bien. Si dévoué et partageur qu’il invite même ses copains sur les photos. Un bon coéquipier, qui a toujours su bien enfouir son talent pour ne pas enfoncer ses partenaires dans une crise de jalousie. Parfois, ce fut dur pour The Wig. Comme ce jour de 2010, où l’excellence est ressortie du corps du maestro, pour emmener Duke jusqu’au titre NCAA en 2010. Depuis, l’ancien Blue Devil a appris à se canaliser, à ne montrer que quelques onces de talents, pour arrêter d’impressionner l’ensemble des badauds qui bavent devant son altesse sérénissime. C’est ainsi qu’il a commencé son voyage en NBA à Detroit, dans un petit marché, le temps d’apprendre à maîtriser la grande illusion, la disparition du talent. Pendant deux ans et demi, malgré tous ses efforts, il n’arrive pas à mettre moins de huit points par rencontre, le poignet de K-Smooth reste indomptable. Mais lorsqu’il entre dans la lumière, à son arrivée à Oklahoma City au milieu de la saison 2014-15, ça y est, il a achevé sa transformation, son travail sur lui-même, et se fond dans la masse parmi les simples humains si peu doués. Mais ce que n’avait pas prévu Kyle Singler, c’est que le Thunder allait le garder captif pour cinq ans et 25 millions de dollars (merci Sam Presti) à l’intersaison 2015. Enfermé dans cette bulle, il n’arrive plus à se défaire de la spirale dans laquelle il s’est engagé, et continue à faire décroître son niveau sans pouvoir stopper ce processus. Ainsi, le voilà rendu, trois ans plus tard, a avoir réussi la prouesse de n’inscrire seulement 1,9 point par rencontre, et de n’en disputer que douze la saison dernière. La mission est si réussie, qu’elle l’est trop. Ainsi, l’improbable imbroglio, l’impossible entreprise dans laquelle s’est embarqué l’ailier se retourne contre lui. Son trop plein de bonté pourrait lui coûter sa place à OKC, comme nous l’apprend Bobby Marks d’ESPN via son compte Twitter.

On the stretch provision, keep an eye on OKC and Kyle Singler. The Thunder would see their tax bill drop from $93.19M to $73.78M if they waive Singler. The waiver would save OKC a combined $23.4M in tax and salary this season.

— Bobby Marks (@BobbyMarks42) 27 août 2018

La stretch provision… Cette pratique qui permet de couper un joueur, et d’étaler son salaire indésirable sur plusieurs années, afin de libérer du cap sur la première année, ou de simplement baisser la masse salariale d’une franchise. C’est ce que les Knicks pensaient à faire avec le gros contrat de Joakim Noah, et c’est donc ce que le Thunder pourrait réaliser avec celui de Kyle Singler. Le 33ème choix de la Draft 2011 n’a pas un énorme salaire, puisqu’il toucherait 5 millions de dollars lors de l’exercice 2018-19. La dernière année de son contrat n’étant pas garantie, il ne lui reste donc qu’un an de salaire qu’il va assurément percevoir de la part d’OKC. Sauf que Sam Presti, il en a marre de payer une douille tous les ans. Cet été, les finances de la franchise, c’est pas tip top, puisque la masse salariale de l’équipe de Billy Donovan s’élève à 149,6 millions, bien au-dessus du salary cap ou encore du plafond de la luxury tax. Ainsi, dans l’état actuel des choses, Oklahoma City doit 93,2 millions de dollars en guise de taxe de dépassement de masse salariale à la NBA. C’est immense. Ainsi, tous les moyens sont bons pour revenir vers le vert, ou du moins, pour payer moins de taxes. Même si cela arrache sans doute le cœur au GM et aux fans de la franchise de Westbrook, il faudra peut-être se séparer de La Perruque Humaine sous peu. En utilisant la stretch provision sur son contrat, OKC ne paierait plus que 145,6 millions de dollars de salaire la saison prochaine. Et cette petite baisse entraîne elle une baisse plus importante de la luxury tax, de quasiment 20 millions de dollars. En effet, à chaque fois qu’un dollar est dépensé en trop, au-dessus de la luxury tax, c’est une amende de quatre dollars qui vient se rajouter à la facture déjà trop salée. Donc en enlevant quatre millions de salaires sur la saison prochaine, ce sont en fait 23,4 millions au total qui seraient retirés de la facture de la franchise.

On pourrait se dire que ça vaut le coup, financièrement parlant. C’est sûr, mais on ne peut pas faire ça à n’importe qui… À Andre Roberson par exemple, ou à Steven Adams, Russell Westbrook ou encore à Paul George, des gars pas trop importants pour le Thunder quoi. Mais pas à Kyle Singler. Lui qui a tout donné pour ne pas créer de tensions dans l’équipe, qui s’est sacrifié pour ne pas être au niveau de l’ailier dont il était le back-up à l’époque, Kevin Durant. Jamais un mot plus haut que l’autre, le maître de l’univers et du airball a fait tout son possible pour être moyen, voire mauvais parfois. Porter le costume de Rumble le Bison, il a su le faire sans rechigner, lorsqu’il était si chaud qu’il pouvait faire 50 sur 50 de derrière l’arc à l’échauffement. Tout ça, il l’a fait pour se contenir. La juste récompense serait de le garder dans l’effectif jusqu’au bout, même si sa mission réussie n’a pas emmené OKC jusqu’au titre. Il y a dix-sept joueurs dans le roster de Billy Donovan, dont deux two-way contracts, ils sont donc quinze pour quinze places dans l’effectif final. Ainsi, pas besoin donc de cingler quelqu’un, encore moins Kyle Singler, même s’il est quatrième premier choix au poste 3. Si ce n’est qu’une question d’argent, Mr Presti, gardez-le, il peut vivre d’amour, d’eau fraîche, de compassion et d’empathie, tel le grand homme parmi les grands hommes qu’il est. Cette incroyable tignasse rousse doit continuer à virevolter sur les parquets (ou les bancs) NBA. Un homme qui porte aussi bien le survêtement ET le costume, c’est une denrée rare, on n’en trouve pas à tous les coins de rue. Si Oklahoma City finit par mettre sa menace à exécution, le Kyle Singler deviendra une espèce protégée, car en voie de disparition. Les autres franchises ne sont pas au courant du subterfuge, du stratagème de masquage de son talent, et pourraient simplement croire que l’ancien de Duke est mauvais, alors que nous, fervents membres adorateurs du fan club de Kylounet, nous savons tous que c’est évidemment l’inverse. Ils pourraient se faire berner, et l’ailier pourrait ne plus jamais avoir de contrat, à 30 ans, dans la Grande Ligue. Un comble au vu de son talent.

À force de masquer son talent immense de plus en plus, Kyle Singler est resté bloqué dans cette spirale de baisse de son niveau. Alors qu’il faisait tout ça pour venir en aide à OKC, le management semble avoir oublié tout ce que la chèvre rousse a fait pour lui, et veut le dégager, pour une histoire de gros sous. Sam Presti, tu es un ingrat, tu ne mérites pas tous les sacrifices que ce bon Kylounet a fait pour toi et pour ta franchise. Si le Thunder le coupe, il faudra sauver le soldat Singler, qui à 30 ans est déjà une légende de la NBA, mais surtout une des meilleures punchlines all-time, un des seuls qui peut arriver à nous faire sourire à l’annonce de la retraite de Manu Ginobili.

Source texte : Twitter/@BobbyMarks42