Profil Draft 2017 : Jarrett Allen, du potentiel mais un manque de régularité

Le 05 juin 2017 à 09:42 par David Carroz

Profil Draft Jarrett Allen
Source image : Youtube

Une belle afro, une moustache sympa, la gueule de Jarrett Allen pourrait être une belle tête de gondole pour une franchise. Mais le jeune homme qui a déjà connu Team USA chez les moins de 18 ans l’été dernier a d’autres atouts pour draguer les scouts, avec ses qualités physiques et son potentiel des deux côtés du parquet.

Profil

> Âge : 19 ans. Jeune, tellement qu’il pourrait être le petit fils de @ABallNeverLies.

> Position : Pivot. Pivot per lei da quando sai, La prima volta l’ho incontrata. – Andrea Bocelli, Pivot Per lei.

> Equipe : Texas Longhorns. Coucou Kevin Durant.

> Taille : 211 centimètres. Solide, sans être exceptionnel. On peut lui rajouter les 10 centimètres de sa touffe de cheveux ?

> Poids : 107 kilos. Encore un peu de muscle à prendre.

> Envergure : 227 centimètres. Devrait essayer de voler avec ses ailes.

> Statistiques 2016 : 13,4 points, à 57,9% à 2 points et la bulle du parking, 0,8 passe, 8,4 rebonds, 1,5 contre et 0,6 interception en 32,1 minutes.

> Comparaison : Lorenzen Wright, Myles Turner.

> Prévision TrashTalk : Milieu du premier tour, mais hors des lottery picks.

Qualités principales

# Le matos physique pour s’imposer comme pivot NBA

Il est rare de se pencher sur le cas de joueurs qui physiquement ne semblent pas en mesure de se frotter aux joutes NBA. Jarrett Allen est lui-aussi apte à aller dans les raquettes, grâce à son gabarit digne des pivots modernes. Cette hauteur se confirme par son envergure, car avec ses longs bras l’ancien des Longhorns pourrait dunker sur la pointe des pieds, Giannis Antetokounmpo style. On vous laisse donc imaginer que pour finir au cercle et réceptionner les lobs, il y a du monde. Surtout avec ses grosses paluches pour attraper la gonfle, qui peuvent aussi lui servir à serrer la pince de Kawhi ou tenir le ballon comme un “pamplan-mousse” dirait l’ami George. Comme en plus il dispose d’un jump intéressant lorsqu’il a le temps de bien prendre ses appuis, il doit gérer à proximité du cercle. Certes, il est encore un peu léger, mais il a la carrure pour lui permettre de prendre du volume sans que cela n’impacte négativement son jeu, comme sa bonne foulée et son agilité.

# Potentiel en défense et au rebond

De ces qualités physiques découle un potentiel défensif qui va faire saliver les scouts. Un mec grand et long avec un minimum de jump, voilà de quoi s’offrir un protecteur de cercle. Comme Jarrett Allen décolle assez vite et dispose d’un certain instinct et timing pour contrer, son rôle semble tout trouvé. De plus, il sait défendre plus au large car il a souvent évolué poste 4 cette saison, ce qui l’a donc fait progresser dans ce domaine où son agilité et sa vitesse lui servent, malgré un déplacement latéral pas au top. Son allonge compense une partie de ce défaut. Des points forts qu’on retrouve au moment de sortir sur les shooteurs ou venir en aide. L’intérieur à l’afro manque encore de dureté et d’énergie, mais les progrès attendus ici laissent entrevoir un bel avenir. Même constat en ce qui concerne les rebonds. Même si Jarrett Allen n’a pas sorti de grosses stats – cela vient aussi du fait qu’en jouant ailier-fort, il n’avait pas les mêmes opportunités qu’un pivot – ses mains et la longueur de ses bras lui permettent d’aller chopper le ballon très haut.

# Les prémices d’un jeu offensif

Si bien entendu on pense aux lobs et aux putbacks devant un tel gabarit, il ne faut pas limiter le jeu offensif du Texan à cet aspect purement athlétique. Alors on ne va pas non plus s’enflammer et aller le comparer à Hakeem Olajuwon, mais on a pu voir sur certaines séquences du toucher, quelques feintes et un bon footwork. Jarrett Allen est encore en train de se construire un arsenal, mais on sait qu’avec du taf, la panoplie peut être bien plus large que celle de DeAndre Jordan. Par exemple avec un jump hook déjà intéressant, excellent à droite et bon à gauche, en particulier grâce à son extension qui le rend difficile à contrer. En outre, le pivot sait shooter, même s’il est un peu lent pour dégainer.

Défauts majeurs

# Dureté et énergie en défense

Gros point noir dans le profil de Jarret Allen, il semble disparaitre des matchs par moment, manquant de constance, mais surtout paressant perdre en concentration. Cela se ressent particulièrement en défense, avec des replacements hasardeux, cherchant son joueur au lieu d’aller protéger le cercle, finissant par ne faire aucun des deux. Un manque de QI flagrant qui se confirme par ses hésitations lorsqu’il s’agit de venir en aide, mettant à mal les rotations défensives de son équipe. Alors quand on mise sur son physique car le cerveau ne suit pas, il faut se montrer intraitable dans ce domaine. Mais ce n’est pas le cas pour Jarrett Allen, car s’il est un bon contreur, il n’a rien montré d’exceptionnel pour un mec disposant de telles qualités de taille et de longueur. Tout cela parce qu’il est trop timide et ne montre pas les muscles. Ce manque de cran mais aussi de force, en particulier dans les cannes. D’où des souffrances lorsque se présente face à lui un intérieur rugueux, qui eux n’ont pas peur de jouer physique, le maltraitant pour la prise de position ou l’enfonçant dans la peinture. On s’en rend bien compte au rebond où il manque de vice et oublie de box out, paraissant pataud, pas concentré ou concerné. Enfin, on le voit aussi en difficulté sur pick-and-roll malgré quelques atouts, trop lent latéralement, trop recroquevillé sur sa position. Les fondamentaux ne sont pas là.

# Un jeu offensif à polir, en particulier dans le trafic

Autre problème pour Jarrett Allen qui est finalement lié à sa propension à se faire bousculer par manque de répondant, il saute moins haut dans le trafic. Dès qu’il est entouré, il semble en difficulté. Il faut dire que non seulement il galère quand on joue physique face à lui, mais en plus il ne possède pas un maniement de balle suffisant pour s’en sortir techniquement. Trop soft, il ne peut pas finir fort, en particulier quand quelqu’un se dresse devant lui. Et comme au poste il n’est pas encore apte à mettre son défenseur à l’amende, les tirs moisis ou les pertes de balle se multiplient. A la moindre prise à deux, il panique. La faute à une vision du jeu médiocre et à une faible compréhension de ce qui l’entoure. Bref, il ne peut pas créer d’action, ni pour lui, ni pour ses coéquipiers, ne réagit pas assez vite et n’œuvre pas en faveur du spacing avec son tir trop lent. Si les prémices pour qu’il pèse offensivement, on est encore loin du compte et il va falloir taffer grave.

# Besoin de régularité

Au cours de la saison NCAA, Jarrett Allen a globalement montré des progrès. Après avoir débuté mollement, il a proposé par exemple un gros mois de février. Mais au final, il n’a pas produit de manière constante, ce qui laisse planer des doutes sur sa capacité à être au niveau soir après soir en NBA. Peut-on vraiment compter sur lui ? Cela provient en partie de sa nature calme, voire timide. Il ne se fait pas violence sur les parquets et subit plus qu’il n’agit et agresse. Un aspect mental qu’il va devoir bosser pour peser avec régularité chez les pros, et éviter de se faire bouffer.

Conclusion

Au final, Jarrett Allen présente un énorme potentiel à exploiter, mais surtout à polir. Entre sa taille et sa longueur, il doit pouvoir apporter dès à présent du rebond en NBA. De quoi gratter des minutes afin de poursuivre la progression observée tout au long de l’année en NCAA et devenir non seulement un point d’ancrage en défense, mais pourquoi pas un pivot athlétique également capable de jouer face au panier, bien loin des mecs qui jouent avec des moufles, nombreux dans la Grande Ligue. Un projet sur le long terme pour une équipe qui n’a pas peur de prendre le temps pour développer ses jeunes.


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