Jabari Parker et les Bucks : décollage compliqué, mais les ailes enfin déployées ?

Le 15 mars 2016 à 16:42 par Alexandre Martin

Choisi en numéro 2 à la Draft 2014 par les Bucks, Jabari Parker n’a joué que 25 matchs pour sa première saison dans l’élite. Et même si son année de rookie a donc été largement amputée à cause d’une blessure au genou, il est apparu assez évident que “Bari” n’était pas aussi NBA ready que la plupart des observateurs l’avaient affirmé avant que Milwaukee ne le sélectionne. Pour autant, il est encore très jeune et montre depuis quelques semaines les signes de l’éclosion progressive d’un excellent joueur. Mais jusqu’où peut-il aller ? Quel niveau peut-il vraiment atteindre ? 

En ce 15 mars 2016, Parker va soufller 21 bougies et va enfin pouvoir aller lui-même acheter de la bière au supermarché sans être obligé de demander à son entraîneur qui ne lui proposait pour l’instant que du coca… Il est arrivé dans l’élite par la grande porte, celle qu’on ouvre aux joueurs pris dans les cinq premiers d’une Draft. Mais très vite, nous nous sommes aperçus du boulot qu’il lui restait à accomplir avant de vraiment peser sur les parquets. Entre sa défense quasiment fantomatique, son shoot inoffensif derrière l’arc et trop irrégulier à mi-distance ou sa palette limitée de moves dans le périmètre ou au poste, des doutes sur le niveau du gamin – sur sa capacité à compter en NBA – sont apparus. S’il ressemble par exemple à Carmelo Anthony en terme de gabarit, il est loin d’en avoir les talents balle en main.

L’ami Jabari était donc attendu en cet exercice 2015-2016 même si personne n’espérait des miracles de la part d’un joueur qui venait de passer presqu’un an sans jouer. Il faut du temps pour se (ré)acclimater quand on revient d’une telle blessure – rupture des ligaments croisés du genou – et la tolérance était de mise surtout quand il s’agit d’un très jeune joueur dont la carrière n’en est encore qu’aux balbutiements. D’ailleurs, l’équipe des Bucks que Parker a quitté en décembre 2014 était bien différente de celle qu’il a retrouvée en novembre 2015 après seulement 4 matchs dans cet exercice 2015-2016. Il avait quitté une équipe construite autour d’un meneur-scoreur talentueux (Brandon Knight) et une défense très solide basée sur un mélange entre dureté (Zaza Pachulia) et jeunesse athlétique (Giannis Antetokounmpo, John Henson…). Il a retrouvé une escouade dont le nouveau meneur Michael Carter-Williams est moins dangereux à longue distance qu’un enfant de huit ans et dont le pivot – Greg Monroe – est certes très intéressant au poste bas mais n’est en rien le pilier d’une bonne défense. Deux éléments essentiels car du coup les Bucks ne jouaient pas du tout pareil que quand Parker les avait quittés. Et il a eu bien du mal à s’adapter, à se remettre dans le bain d’autant plus que l’équipe de fonctionnait pas ainsi et enchaînait les défaites alors qu’elle avait surpris tout le monde la saison dernière…

Ce sont donc des performances en dents de scie – entre moyennes et mauvaises – que nous a proposé le sophomore de novembre à février (11,2 points à 48% au tir et 4,6 rebonds en 29 minutes). Peut-on vraiment le lui reprocher ? Peut-on vraiment juger Jabari Parker là-dessus ? Certainement pas, en tous cas pas définitivement. Car le fait de faire jouer un meneur sans shoot et un pivot dont le point fort est d’être sous le cercle a clairement bridé offensivement les deux  jeunes et très prometteurs ailiers de l’effectif que sont Giannis Antetokounmpo et donc Jabari Parker. D’ailleurs dès que Jason Kidd a commencé à décuver et a enfin tranché dans le vif pour prendre de vraies décisions, celles qui font avancer une équipe, le potentiel de la liane grecque et du molosse né à Chicago ne font que crever l’écran. Tiens, tiens… En effet, dans un éclair de lucidité, J-Kidd a décidé de faire démarrer les matchs à “MCW” et à “Moose” sur le banc. Ce sont O.J. Mayo puis Jerryd Bayless qui se sont alors retrouvés dans le costume du meneur titulaire et Miles Plumlee dans celui du pivot du cinq ou en tous cas avec un temps de jeu plus conséquent. Les Bucks ont ont trouvé un rythme offensif qui leur convient faute de pouvoir défendre de manière très solide. Et si Giannis le Grec s’éclate comme jamais depuis que ça court chez les Daims, il faut bien se rendre compte également que c’est aussi le cas de Jabari Parker.

Cela fait 15 matchs que Kidd a modifié drastiquement ses rotations et cela fait 15 matchs que “Bari” tourne à 20,2 points à 51,8% au tir, 6,6 rebonds, 2,3 passes décisives et 1,3 interception en 38 minutes de moyenne sur les parquets avec plusieurs double-doubles et une pointe à 36 points fin février contre les Rockets. Et comme par hasard, les Bucks viennent de gagner 9 de leurs 15 derniers matchs… Tout va mieux, il peut enfin s’exprimer. Car Jabari Parker n’est pas Melo ou KD (joueurs avec lesquels il a été souvent comparé), il est Jabari. Cet ailier très athlétique, très puissant et qui a besoin d’espace pour donner le meilleur de lui-même. Il peut tout à fait jouer sur demi-terrain mais à sa manière, plutôt face au cercle et en drive et surtout sans intérieur sous le cercle pour venir lui bouffer de l’espace. Il a besoin de pouvoir utiliser son physique bestial (2m03 pour 114kg de muscles) pour dominer son adversaire direct et plus il y a de place mieux c’est. Il peut ainsi pénétrer et finir en utilisant cette combinaison de puissance et d’agilité qui le caractérise. Rares sont les gars de sa taille de son poids qui peuvent filer vers le cercle aussi vite et bondir de manière aussi explosive ce qui permet à Parker de se jouer de la plupart des postes 3 ou 4 de la ligue dès qu’il a la place d’exprimer son potentiel athlétique.

Et puis alors en transition, ou semi-transition… Il est monstrueux. Le nombre de joueurs NBA de la même taille qui peuvent suivre Parker sur une contre-attaque se compte sur les doigts d’une main. Une fois lancé, Jabari est inarrêtable d’autant plus qu’il peut aussi bien foncer au cercle et tout écraser sur son passage, y compris le ballon dans le cercle mais il peut aussi lever la tête et faire la bonne passe en pleine course ce qui est finalement pas très courant pour un bestiau de plus de 110 kg ce qui, au passage, met souvent en avant la bonne vision de cet ailier. Bref, avec des meneurs qui savent shooter et un pivot qui leur laisse un peu de place sous le cercle, notre ami Jabari peut s’exprimer et il depuis qu’il le fait, il régale et nous remet de bons gros espoirs quant à son potentiel. Avec plus de concentration en défense et du boulot – beaucoup de boulot – sur son shoot, Jabari Parker peut devenir un un ailier-fort moderne très complet et dévastateur car ses qualité athéltiques sont très au-dessus de la moyenne tout comme sa compréhension du jeu.

Il n’a que 21 ans et a donc encore beaucoup de temps pour developper un tir fiable derrière l’arc par exemple. Cet anniversaire était l’occasion de faire un point et le constat est limpide : il a du travail mais Jabari Parker est là et bien là. On a hâte de le voir sur une saison entière aux côtés de son pote Giannis dans une configuration qui leur est favorable. Nous pourrions avoir de très agréables surprises… 

36 points contre les Rockets

Source image :twitter / @NBA


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