Gros Cavaliers – Bulls prévu en demi-finale : faut pas éliminer les Bucks d’abord ?

“Les Cavs privés de Kevin Love face aux Bulls”, “avec la blessure de Love, c’est l’occasion ou jamais pour les Bulls de battre LeBron James”… Voilà comment les articles ont commenté l’absence de l’ailier fort de Cleveland. Mais si son forfait est bien confirmé, un détail cloche : les Chicago Bulls sont loin d’avoir validé leur billet pour les demi-finales de Conférence et il serait temps de respecter un peu plus les Bucks.

Ce n’est pas comme si une telle erreur n’avait pas été déjà faite en début de saison. En se fiant uniquement aux effectifs sur le papier, tout le monde était unanime : Joakim Noah et LeBron James allaient  pouvoir passer de bons moments ensemble en finale à l’Est pour décider qui irait défier le champion de l’autre côté du Mississippi. Six mois plus tard, les deux mastodontes annoncés ont dû s’incliner devant la supériorité des Hawks en saison régulière et ils devront donc se mettre sur la tronche plus tôt que prévu pour pouvoir gagner le droit d’affronter Atlanta… Ou pas d’ailleurs, puisque pour l’instant, la franchise ayant laissé la meilleure impression en postseason reste les Wizards, qui attendent tranquillement de savoir si les Faucons vont les rejoindre ou si les Nets vont réaliser l’upset.

Les Cavs sont eux aussi dans cette position de spectateurs devant leur télé. Alors que jeudi dernier les Bulls pensaient avoir fait le plus dur en s’imposant lors du Game 3 à Milwaukee au bout de deux prolongations, ils semblaient sereins. Mais comme depuis le début de la saison, le bien est toujours suivi du pire dans l’Illinois. Deux défaites plus tard, toute l’inconstance des hommes de Thibodeau -soulignée par les performances en dent de scie de Derrick Rose- refait surface. Preuve de cette schizophrénie, les discours varient d’un joueur à un autre maintenant que les Bucks sont revenus à 3-2. D’un côté ceux qui appellent à une révolte et qui jugent que les ingrédients nécessaires pour remporter un match de Playoffs ne sont pas présents. D’un autre, ceux qui restent confiants car il ne manque qu’un match pour se qualifier. Et certains qui ne se positionnent pas ou plutôt qui jonglent entre les deux points de vue.

Une série tendue
Source : sac bee.com

Soyons clairs : malgré les deux défaites, Chicago reste favori pour accéder au tour suivant. Plus complets, plus talentueux, plus expérimentés, ils ont aussi un seul match à gagner pour rejoindre les Cavs, quand Milwaukee doit récupérer deux victoires. Cela parait simpliste mais cela compte, surtout quand on bénéficie de l’avantage du terrain en cas de Game 7. En élevant leur niveau de jeu, les hommes de Thibodeau en ont les moyens et se doivent de passer, malgré les difficultés actuelles.

Parlons-en justement de ces points qui posent des soucis à la franchise de l’Illinois et à ses fans. Ces raisons qui font que l’inquiétude monte chez certains. Avec les deux dernières victoires, le momentum semble avoir choisi l’enclos des Daims plus que celui des Taureaux. Parce qu’ils ont fait en sorte de le mettre de leur côté. La recette : un basket simple, du potentiel (beaucoup de potentiel…), de l’agressivité et une implication défensive de tous les instants, sans chercher à compliquer les choses ou à faire ce qu’on ne sait pas faire. Cela parait facile comme cela, mais quand on voit ce que proposent les Bulls, on se rend compte que ce n’est pas le cas.

Jason Kidd, franchise player des Bucks
Source : Bleacher Report

Ce qui fait également la différence, c’est que Jason Kidd a pris le dessus sur Tom Thibodeau dans l’utilisation de son effectif. Les rotations apportent de la fraicheur à une équipe qui peut ainsi proposer cette intensité défensive qui est l’une des clefs de la réussite des Bucks. Alors que Jimmy Butler (44,2 minutes), Derrick Rose (39,1 minutes), Pau Gasol (35,5 minutes) et Joakim Noah (35,2 minutes) s’essoufflent parfois sur le parquet, seuls Khris Middleton (41,2 minutes), Giannis Antetokounmpo (37,1 minutes) et dans une moindre mesure Michael Carter-Williams (34,7 minutes) affichent des temps de jeu élevés. Surtout, OJ. Mayo, John Henson (qui joue plus que les titulaires Zaza Pachulia et Ersan Ilyasova à l’intérieur), Jared Dudley et Jerryd Bayless font bien souffler les titulaires, tout en surclassant les remplaçants des Bulls. Alors qu’Aaron Brooks, qui a eu un rôle essentiel cette saison à Chicago, doit se contenter de miettes (10,7 minutes) et n’a aucun impact sur la série alors que D-Rose ne brille pas tout le temps.

La fraicheur physique évoquée – ou son absence – pèse sur l’organisme de certains joueurs. En particulier pour Derrick Rose. Auteur d’un Game 1 et d’un Game 3 de grande qualité, il n’a pas eu la même adresse lors des trois autres rencontres. En regardant de plus près, on constate que les matchs 2, 4 et 5 n’ont été précédés que d’un seul jour de repos, contre au moins deux pour les deux autres rencontres.

Statistiques de Derrick Rose en Playoffs en fonction du temps de repos.
Source : NBA.com

Ceci n’est pas étonnant. Le meneur des Bulls manque encore de rythme après son absence en fin de saison, et les cinq matches avant les Playoffs n’étaient pas suffisants pour le retrouver. De tels soucis sont fréquents pour les joueurs qui reviennent de blessure. Dans le même ordre d’idée, Jimmy Butler voit aussi son adresse baisser quand il joue trop, et l’enchainement des rencontres à plus de 40 minutes à tout donner en attaque et en défense nuit à son efficacité.

Enfin, alors que les tickets shoot sont assez bien répartis à Milwaukee derrière les 17 tentatives par match de Khris Middleton, le duo du backcourt chicagoan monopolise un peu trop la balle. Certes Pau Gasol a été très bien muselé lors des premières rencontres, mais lors du Game 5, il était bien plus en réussite (25 points à 9/15). Pourtant, il a été oublié, surtout dans le quatrième quart-temps. En gros, Milwaukee utilise les armes des Bulls des années précédentes pendant que Chitown oublie que sa force reste son collectif. C’est là encore très certainement une victoire de Jason Kidd sur Tom Thibodeau. Un coach des Bulls qui sent de plus en plus son siège lui glisser sous les fesses et que seule une apparition en Finale NBA pourrait maintenir en place.

Jimmy Butler, le seul joueur irréprochable côté Bulls
Source : Chicago Tribune

Toutes ces données font qu’aujourd’hui la franchise de Windy City est la treizième équipe de l’histoire à se faire remonter de 3-0 à 3-2 et à galérer quand d’autres favoris ont su expédier leurs séries pour profiter de quelques mojitos devant la fin des rencontres du premier tour. De quoi soulever des questions sur l’avenir en Playoffs des Bulls et énerver les fans qui comme de nombreux observateurs imaginaient un écart plus important entre les deux teams de la Division Centrale.

Mais une telle configuration n’est pas exceptionnelle non plus. Atlanta ne se balade pas face à Brooklyn. Pas plus tard que l’an dernier, les Spurs pourtant premiers de la Ligue (62 victoires) ont dû passer par un Game 7 pour éliminer Dallas au premier tour. L’entrée en matière en Playoffs peut s’avérer bien plus compliquée qu’attendue en fonction des matchups et ne définit pas pour autant la suite des événements. L’éventuelle qualification pour affronter Cleveland au second tour donnerait alors lieu à une série totalement différente pour les Taureaux habitués à voir rouge et à jouer avec plus de cœur et d’envie lors des gros chocs.

Des jeunes soudés à Milwaukee
Source : dairylandexpress.com

C’est pour cela que malgré les difficultés actuelles, les Bulls conservent leur statut de favori pour cette confrontation face à Milwaukee. Parce qu’ils restent mieux armés que les Bucks en terme d’expérience. Parce qu’ils ont toujours l’avantage du terrain. Parce que si 12 équipe avant eux se sont faites remontées à 3-2 après avoir mené 3-0, aucune ne s’est faite éliminer. Parce qu’il y a trop de talent par rapport à la jeunesse de Milwaukee et tout son potentiel.

Mais être favori ne garantit pas la qualification et les statistiques ne sont que des vérités du passé. Si la franchise du Wisconsin est remontée dans ce premier tour des Playoffs, ce n’est pas seulement parce que Chicago ne joue pas bien, mais aussi parce que Jason Kidd et ses hommes n’ont rien lâché et ont su s’appuyer sur leur force collective. Cependant, si les hommes de Thibs affichent le même état d’esprit, la même intensité  que leurs adversaires, sur qui mettriez-vous une pièce ?

Oui, les Bucks peuvent passer. Mais tant qu’ils ne l’auront pas fait, Chicago gardera ce statut de favori. À eux de l’assumer. Tout le monde attend un combat entre Cavs et Bulls en demi-finale. Maintenant, il faut finir le taf. Dès jeudi ?

Source image : Bleacher report.