Le leadership pour les nuls : prochain cadeau à offrir à Kevin Durant s’il ne se bouge pas le cul ?

Le 26 janv. 2015 à 12:15 par Bastien Fontanieu

Et c’est reparti pour un tour. Telle une horloge suisse qui fait sa rotation mécanique, la saison régulière fait une pause au mois de janvier pour se pencher sur Kevin Durant : encore l’heure de sortir le fouet ?

L’an passé, l’addition était déjà salée. Trop obstiné dans sa quête du soutien arbitral et montrant un manque d’agressivité flagrant dans son jeu, KD avait eu droit à quelques jolis coups de bâtons de la part de la rédaction, demandant immédiatement à l’extra-terrestre du Thunder de muscler son jeu et sa tête pour passer un nouveau cap. C’était en début d’année, juste avant que Kevin n’explose pour aligner des matches à plus de 30 points, sans Westbrook à ses côtés, chez LeBron notamment, avec le feu dans les yeux, en route vers un titre de MVP quasi-unanime après un déclic exceptionnel autour du mois de… janvier. La transformation soudaine était si belle à voir, si passionnante à regarder évoluer, qu’on oubliait presque Russell et sa détermination venue d’un autre monde, ses qualités athlétiques à faire pâlir Usain Bolt. Puis les PlayOffs, une nouvelle désillusion, des matches passés à voir Westbrook prendre le leadership, Durant les fesses par terre et le dos tourné pour ne pas affronter la peur de l’échec, un nouvel été pour se poser des questions. Puis l’absence pour le Mondial avec Team USA, une blessure en début de saison, et nous voici arrivés aujourd’hui. Enfin ! En cette fin de mois de… janvier.

Depuis, quels changements ont eu lieu ? Difficile à juger. Autour du pauvre Kevin, toujours cet architecte déprimant au quotidien : Scott Brooks, bientôt nommé le plus grand imposteur de sa génération, quand le duo le plus explosif de ces 15 dernières années (coucou Shaq et Kobe) sera enfin séparé. L’entraîneur du Thunder n’a plus de souci à se faire concernant sa réputation. Le jeu proposé par OKC est tellement dégueulasse sur demi-terrain, notamment hier soir à Cleveland où une nouvelle partie de dauphin-dauphine a été tenue, que cette saison devrait très clairement représenter la dernière pour le petit ‘stratège’ d’Oklahoma. On connait ses qualités de formation chez les plus jeunes, on connait aussi son playbook qui fait la taille d’un Télé Z. Le coach est probablement le premier responsable du jeu si irrégulier proposé par ses joueurs depuis des semaines, voire des années selon certains. Une victoire contre Golden State, certes, puis deux défaites consécutives, face aux Hawks et Cavs, sur deux modèles totalement similaires : une défense collective regroupée pour faire péter un plomb à ces jeunes qui -clairement- se ramènent sur un terrain pour jouer en mode basket loisir. Mais alors où est Kevin Durant dans tout ce bazar ? Où le positionner entre son coach, un bras-droit qui le regarde droit dans les yeux, et des coéquipiers plus (Waiters) ou moins (Adams) douteux ?

C’est là que la question de leadership prend tout son sens. Il suffit de voir LeBron activer son mode cyborg récemment pour comprendre ce qui fait la différence, encore, entre le numéro 35 d’OKC et le numéro 23 de Cleveland. Pendant que James s’occupe des médias, de ses coéquipiers, de son coach et même de sa marque -le tout certes avec des décisions plus ou moins bonnes-, Durant semble perdu dans ce bazar nommé Thunder, de toute évidence toujours aussi à l’aise au scoring car envoyé depuis Jupiter pour tous nous anéantir, mais incapable de prendre le guidon en main pour fermer la gueule de certains. On peut reprocher aux Derrick Rose, Kobe Bryant, Dirk Nowitzki et autres leaders de notre monde d’être par moments un peu trop lourds, mais il faut aussi rappeler de temps en temps qui est le chef du village et quelle phrase doit retentir dans le vestiaire quand toute une équipe galère. Aujourd’hui ? Le doute existe dans l’opinion générale, entre un Russell Westbrook quatre étoiles mais qui n’a pas la légitimité d’un MVP en titre, et un Kevin Durant placé devant les caméras mais repoussant ce type de responsabilités. Il faut qu’une véritable hiérarchie s’impose au Thunder, une répartition claire des tâches et des rôles de chacun, afin que la saison -et surtout la carrière promise à KD- démarre. Car le scénario proposé par la franchise la plus athlétique de la NBA ressemble bizarrement à celui de ces dernières saisons, une régulière marquée par des temps forts et des performances remarquables, avant de voir le jeu ralentir en PlayOffs et les limites du coach et de son meilleur marqueur être exposées devant tout le monde.

Après tout, pourquoi ne pas réaliser un coming-out général et faire de Kevin Durant ‘seulement’ le meilleur marqueur de sa génération ? On parle bien de marqueur, pas de joueur ici, KD étant encore à des kilomètres de ce qu’un joueur complet, tant techniquement que mentalement, doit proposer. Peut-être qu’on a trop attendu d’un joueur aussi doué balle en main. Peut-être qu’on a aussi trop d’impatience devant l’évolution d’une telle plante. Peut-être qu’on aimerait le voir défier LeBron dans la hiérarchie du sport. Peut-être que LeBron a lui aussi mis un paquet de temps avant de passer un cap. Peut-être que le déclic n’aura jamais lieu à OKC. Et peut-être que, comme l’an passé, ce papier écrit juste avant une métamorphose divine sera un nouveau coup de départ non-calculé. Toutes ces interrogations, celles qui entourent Kevin Durant et son potentiel hors du commun, sont mises en avant car une nouvelle campagne de PlayOffs soldée par une défaite pourrait représenter la goutte d’eau faisant déborder le vase. Une cruche bien représentée par Scott Brooks, posée en rebord de table par Russell Westbrook, et maintenue par KD en fermant les yeux. Si le MVP en titre trouve un moyen d’accepter sa notoriété, sa légitimité et l’importance de son rôle, peut-être qu’il trouvera un moyen de cacher -de la même façon que LeBron avec Blatt- les limites techniques de son entraîneur. Russell pourra peut-être accepter un rôle de side-kick ultime à la mène, tout le monde suivra peut-être Durant dans ses déclarations, et on commencera peut-être à regretter ces lignes. Peut-être, peut-être, peut-être…

Il existe un paquet de critères à mettre en avant pour expliquer le manque de progrès au Thunder et un récent jeu des plus inconstants. Scott Brooks, Dion Waiters, Reggie Jackson et même Russell Westbrook : tout le monde peut voir le doigt pointé sur lui pour justifier la saison mi-figue mi-raisin d’OKC. Seulement, bon nombre de problèmes seraient réglés si Kevin voyait les LeBron, les Duncan et autres stars qui l’entourent, capables de mener leur paquebot dans le droit chemin en acceptant leur responsabilité première : celle d’être un leader. Au quotidien.

Source image : ESPN


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