Lance Stephenson, Brooklyn’s Finest

Le 05 sept. 2014 à 16:33 par Nicolas Meichel

Après sa très belle saison 2013-2014, Lance Stephenson est en quelque sorte devenu une légende pour nous. Du talent, du caractère, une grande bouche, bref le genre de mec que TrashTalk kiffe par dessus tout. C’est pour cela que nous avons décidé, pour célébrer son anniversaire, de revenir sur les origines du personnage Lance Stephenson, lui qui a grandi au pays de Notorious B.I.G., Ol’ Dirty Bastard et Woody Allen.  

Considérée comme la Mecque du basket, la ville de New York a véritablement une place à part dans le monde de la grosse balle orange. Du Madison Square Garden au Rucker Park, en passant par les petits playgrounds situés à chaque coin de rue, on retrouve cette culture, cette atmosphère qui existe nulle part ailleurs. Quand vous êtes originaire de ce type d’environnement, c’est difficile de se faire une place. Le talent est infini, et la concurrence est rude. Du matin au soir, ça joue dur, il y a de la compétition, il y a du trash talking, mais il y a surtout l’amour du jeu.

Un pur produit new-yorkais

lance[1]Né à Brooklyn le 5 septembre 1990, Lance Stephenson a grandi dans cet univers là. Il a fait partie de cette catégorie de très jeunes prodiges made in NY, devenus célèbres alors qu’ils n’avaient même pas encore de poils au menton. Repéré à l’âge de 12 ans par Clark Francis lors du tournoi AAU du Bronx, Lance Stephenson s’est vite fait un nom dans le paysage du basket new-yorkais. A l’époque, Lance était le genre de mec qui n’hésitait pas à jouer contre des gars beaucoup plus âgés que lui. Le genre de mec qui n’a pas hésité à se frotter (avec succès) à O.J. Mayo lors de l’ABCD Camp en 2005 (qui avait trois ans de plus), lui qui était considéré à l’époque comme le meilleur lycéen du pays. A partir de là, la folie Stephenson était lancée, et il était devenu « Born Ready » (surnom donné par Bobbito Garcia, speaker légendaire de Rucker Park lors de l’été 2006, en référence à sa capacité à affronter tout le monde, peu importe l’âge). En High School, Lance confirmait tout son talent. Dans le même lycée que Stephon Marbury et Sebastian Telfair, Stephenson a permis à Lincoln High School de remporter quatre titres PSAL (Public Schools Athletic League), avec les honneurs qui vont avec : nommé deux fois Player Of The Year par le New York Daily News, nommé dans USA Today All-USA Boys Basketball Team en 2007, meilleur marqueur de l’histoire des lycées de l’Etat de New York…

Ça, c’était pour la partie positive. Mais comme souvent avec Stephenson, la controverse était de la partie. Suspendu en 2008 après s’être battu avec un coéquipier, arrêté la même année pour mauvaise conduite envers une jeune femme, puis coupé par l’équipe des -18 ans de Team USA car trop individualiste, Lance n’était pas loin de se cramer tout seul. Aujourd’hui l’un des meilleurs joueurs à son poste, « Born Ready » aurait très bien pu suivre le même chemin que Lenny Cooke. Quand vous grandissez à New York et que vous êtes considéré comme le futur de votre sport, cela peut très vite tourner à la catastrophe. Tout simplement parce qu’il est presque impossible de supporter l’énorme hype qui vous suit alors que vous ne connaissez pas encore grand-chose de la vie. Tout le monde vous dit que vous êtes au dessus de lot, tout le monde vous suit, et forcément, vous prenez la grosse tête, ce qui empêche généralement un développement optimal, sur et en dehors du terrain. Lance Stephenson est passé par là. On parle quand même d’un mec qui s’est laissé filmer dans le cadre d’un documentaire sur sa vie permettant de réaliser un reality show sur internet, nommé « Born Ready TV » ! Pas de doute, il avait le melon le Lance. Mais comment pouvait-il en être autrement ? Quand vous dominez tout le monde, que ce soit au lycée, au Rucker Park l’été ou à l’Elite 24 Classic de 2007, c’est difficile de rester humble. Mais c’est aussi ça Brooklyn. Du talent plein les mains, une grande bouche et une confiance inébranlable. Cela ne plaît évidemment pas à tout le monde, mais on dit souvent que l’on devient le produit de son environnement. Et Lance Stephenson pue Brooklyn à plein nez, que ce soit dans le jeu ou dans l’attitude.

Fidèle à ses origines

Après une belle année en NCAA du côté de Cincinnati où il a été désigné Big East Rookie Of The Year, Lance Stephenson arrive en NBA avec cette mauvaise réputation collée à la peau. Il chute au second tour de la draft, où Larry Bird décide de prendre le risque et de le drafter. Habitué à tourner les serviettes durant ses deux premières saisons en NBA, Lance Stephenson ne parvient pas à se faire une place dans la rotation des Pacers. Sa sélection de shoot digne de Gérard et son manque d’adresse le pénalisent et l’empêchent de gagner du temps de jeu. Alors qu’il semble bloqué à Indiana, Lance va profiter de la blessure de Danny Granger pour se (re)faire un nom. Il gagne de précieuses minutes, et profite de l’occasion pour montrer ses qualités défensives, ainsi que ses progrès au shoot et aux rebonds. Après une saison 2012-2013 prometteuse ponctuée de PlayOffs surprenants, c’est véritablement la saison dernière que Stephenson a explosé aux yeux de la ligue. Nous, on est tombé sous le charme, lui qui est définitivement devenu l’un de nos héros.

stephenson_lebronDans une NBA plus que jamais dans le politiquement correct, Lance Stephenson est le genre de mec qui débarque de nulle part pour foutre un bordel sans nom. « Je m’en fous de vos règles à la con, rien à cirer de votre ligue de bisounours, moi je viens de Brooklyn, et je ne suis pas là pour me faire des potes ». Cette attitude là, c’est du Brooklyn tout craché. Et quand vous associez cela avec toute la folie caractérisée dans ses dribbles et ses passes, vous obtenez le « Born Ready » que tout le monde attendait. Depuis son arrivée dans la grande ligue, Lance Stephenson n’a pas changé d’un pouce. Il est toujours ce mec avec une grosse confiance en soi, qui n’hésite pas à chambrer et défier des mecs comme LeBron James. On peut même dire qu’il est arrivé en NBA deux décennies trop tard. Lance, c’est un mec qui aurait largement eu sa place dans les années 1990. Aujourd’hui, il est critiqué de toute part, alors qu’il représente ce qu’il y a de mieux dans le basket : de la passion ! Auteur de sa meilleure saison en 2013-2014 (13.8 points / 7.2 rebonds / 4.6 assists de moyenne, le tout ponctué de cinq triple-doubles, record de la saison), Stephenson est passé tout près de son premier All-Star Game. Il aura été l’un des grands artisans de la bonne saison des Pacers, même si ces derniers se sont écroulés au fur et à mesure que la saison avançait. Créatif en attaque, complet, bon défenseur, « Born Ready » a montré à toute la ligue que la hype qui animait sa jeunesse n’avait pas été injustifiée. Son côté freestyle et fou-fou connait des avantages et des inconvénients, mais au moins, il est resté lui-même. Lors des derniers PlayOffs, il a combiné des hauts et des bas au niveau de son jeu, mais il nous aura jamais déçu au niveau de son attitude : déclaration choc, la bouche grande ouverte sur et en dehors du terrain, des regards menaçants, des coups bas en douce….Lance a fait du Lance. S’il avait été sur un playground new-yorkais un dimanche après-midi, cela aurait été pareil. Que ce soit LeBron James ou un inconnu en face, il possède la même passion, la même envie de le détruire. Pas intimidé une seconde, Stephenson est le genre de mec indispensable quand il faut partir à la guerre. Pendant que certains de ses coéquipiers se faisaient dessus à l’idée d’affronter Miami, « Born Ready » était prêt à en découdre, et on l’a vu une fois sur le terrain. On n’est pas ici pour jouer au vieux con, mais il est typiquement le genre de phénomène en voie de disparition aujourd’hui. Dans la NBA actuelle, les rivalités se font rares. La ligue fait le maximum pour être la plus clean possible, et on ne peut pas en vouloir aux joueurs de s’adapter à cela. Si la NBA est considérée aujourd’hui comme soft, ce n’est pas de la faute des joueurs, ces derniers ne font que suivre le mouvement. Ce n’est pas facile de sortir du moule, d’aller à contre-sens, mais Lance Stephenson est différent. Brooklyn, c’est dans son sang, c’est dans sa tête, c’est dans son cœur, et dans sa bouche. C’est son ADN, tout simplement. Et désormais, c’est du côté de Charlotte qu’il va apporter ce « Brooklyn Swag », lui qui a signé aux Hornets cet été après quatre saisons chez les Pacers.

Pur produit new-yorkais, Lance Stephenson possède en lui tout ce qui caractérise le basket made in Brooklyn. De la passion, de la confiance, du talent, de la folie, et toujours les mots justes pour faire mal, que ce soit sur un terrain de basket ou même derrière un micro. Y’a pas de doute, « Born Ready », c’est définitivement Brooklyn’s Finest.

Source couverture : artkor7 de TrashTalk


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