Playoffs Revival : le coeur des Knicks ne suffit pas

Le 03 févr. 2014 à 11:52 par David Carroz

Playoffs revival New York Knicks 1999
Source image : Youtube, montage @TheBigD05

La saison régulière, c’est sympa, les matchs se multiplient, mais on ne regarde parfois certaines rencontres que d’un œil discret. Pour vous aider à tenir dans ces instants difficiles, voici un de nos petits retours sur les grands moments de l’histoire des Playoffs. Parce que c’est à cette période de la saison que les légendes naissent et que les fauves sortent les crocs.

Aujourd’hui, retour sur le parcours des New York Knicks en 1999. Après une saison régulière laborieuse, ils vont faire mentir les pronostiques en jouant avec cœur, intensité et une rage de vaincre qui va leur permettre d’atteindre les NBA Finals malgré leur huitième place à l’attaque de la post season. Retour sur cette équipe qui avait une âme dont l’effectif actuel ferait bien de s’inspirer. Un parcours où le collectif aura pris le dessus sur les prestations de chacun, même si certaines performances individuelles sont restées dans les mémoires.

Le contexte : saison réduite par le lock-out

En 1999, la saison régulière ne dure que 50 matchs à cause du lock-out. Une saison tronquée pour débuter la seconde retraite de Jordan. L’Empire NBA cherche une nouvelle icône, un nouveau maître pour régner. Les Bulls ont volé en éclats. L’échéance du contrat de Phil Jackson, le transfert de Pippen à Houston, la signature de Rodman à LA… seuls Toni Kukoc et Ron Harper restent à Chicago. Bon ok, Bill Wennington, Randy Brown et Dickey Simpkins aussi, mais pas sûr que cela compte vraiment pour les fans… A l’Est, New York, Indiana et Miami sont les équipes les plus attendues, alors qu’à l’Ouest se présentent comme favoris le Jazz (double finaliste malheureux), les Spurs (avec leur Twin Towers Duncan Robinson) ainsi que les Rockets (malgré un effectif vieillissant) et les Lakers. Voici pour l’état des lieux de la ligue. Passons aux protagonistes de notre histoire, et pour cela remontons plus loin dans le temps.

Au début des années 90, les Knicks sont parmi les plus sérieux rivaux des Bulls. Leurs différents face-à-faces en Playoffs sont très engagés. L’effectif est alors composé des Patrick Ewing, Charles Oakley, John Starks… mais New York ne parvient pas à battre Chicago. Ils atteignent les Finales NBA contre les Houston Rockets en 94 (lors de la pause baseball de Jordan) mais chutent contre Houston après 7 matchs très disputés. En 95 les Knicks revanchards, seconds de la Conférence Est,  rencontrent les Pacers au deuxième tour des Playoffs. La défaite lors de cette série sonne le glas de la période Pat Riley en tant que coach à New York. Il devient le traitre qui s’enfuit au Heat de Miami, ce qui donne lieu dans les saisons suivantes à des matchs très engagés entre les deux franchises.

Eté 1995, Don Nelson prend la tête de la franchise new-yorkaise pour 59 matchs seulement. Non mais sérieusement, Don Nelson à New York… et pourquoi pas Mike D’Antoni ? Ses conflits avec certains joueurs entrainent son remplacement avant le terme de la saison régulière par Jeff Van Gundy, qui était assistant coach de longue date des Knicks. Mais cette année, les joueurs de Big Apple doivent comme toutes les autres équipes s’incliner face aux futurs champions, les Bulls, une fois de plus… À l’intersaison 1996, les Knicks signent Allan Houston en tant que free agent – avec un salaire de franchise player alors qu’il n’en a jamais eu le statut – et échangent Anthony Mason – pourtant le joueur qui a passé le plus de minutes sur le parquet l’année précédente en NBA – contre Larry Johnson, ancien numéro 1 de la draft et Rookie of the Year. New York réussit une très bonne saison régulière (57 victoires) et les Knicks battent les Hornets, l’ancienne équipe de Johnson, au premier tour des Playoffs avant de rencontrer le Heat de Miami. Le retour à Big Apple de Pat The Rat Riley est chaud bouillant. Une bagarre lors du Game 5 qui débute entre P.J. Brown et Charlie Ward entraine la chute des Knicks suite à la suspension de plusieurs joueurs pour les deux derniers matchs de la série.

Au début de la saison suivante, Pat Ewing se blesse au poignet et la côte des Knicks baisse. Ils se qualifient en Playoffs tout de même (43 victoires) en terminant septièmes de la Conférence, gagnant le droit de rencontrer au premier tour… Miami Heat ! Contre toute attente,  New York se qualifie mais perd au tour suivant face aux Pacers d’Indiana, malgré le retour de leur pivot. Mais l’image la plus marquante des Playoffs pour les Knicks sera la bagarre entre Larry Johnson et Alonzo Mourning lors du Game 4 contre le Heat. Et si la rage de vaincre qui les fera avancer la saison suivante avait pris ses racines dans ces conflits avec Miami?

La performance : huitième spot mais finalistes

L’été 1998 marque un tournant dans l’histoire de la franchise. Deux joueurs emblématiques des dernières années quittent le club, l’arrière John Starks et l’ailier fort Charles Oakley échangés contre Latrell Sprewell et Marcus Camby. Une grosse perte au niveau de l’expérience, et de prime abord de l’envie. Mais un nouveau souffle pour un effectif vieillissant qui cherche des mecs plus athlétiques. Revenons un peu sur ces nouveaux joueurs. Sprewell sort de 68 matchs de suspension pour avoir tenté d’étrangler son coach P.J Carlesimo la saison précédente. Un bisounours en quelque sorte. C’est un arrière explosif, et aussi un meilleur défenseur que Starks. Camby quant à lui est un intérieur prometteur, excellent défenseur lui aussi, mais sujet aux blessures.

À huit matchs de la fin de la saison régulière, NY n’a pas son billet pour les playoffs. Mais cette équipe a du cœur, remporte six rencontres et arrache son billet pour la phase finale, et le droit de rencontrer cette fois encore Miami au premier tour. De manière surprenante, le Heat lutte malgré son statut de favori et les Knicks réalisent l’upset de se qualifier au terme du cinquième et ultime match de la série grâce à un panier d’Allan Houston à 0,8 secondes de la fin. C’est seulement la deuxième fois de l’histoire que le huitième de Conférence sort le premier.

En demi-finale de Conférence, les Knicks se baladent et sortent les Hawks d’Atlanta en quatre matchs secs. Place alors aux choses sérieuses qui vont faire passer cette équipe dans la légende du sport de Big Apple. Finale de Conf’ face aux Pacers, sans Ewing qui se blesse gravement lors du deuxième match (rupture partielle du tendon d’Achille). On annonce alors l’enfer à cette équipe de New York. Mais c’est sans compter sur les ressources morales des joueurs. Ils remportent le Game 3 grâce à une action à 4 points de Larry Johnson à la fin du match. Exceptionnel. Le Madison Square Garden résonne encore de l’euphorie qui a suivi le panier à 3 points accompagné de la faute.

Lors du Game 4, Larry Johnson doit quitter à son tour ses coéquipiers pendant plus d’un quart-temps. New York perd ce match mais montre encore sa volonté en posant d’énormes soucis à Indiana. Ils se qualifient contre toute attente en 6 matchs.

En finale, ils rencontrent les Spurs du duo Duncan-Robinson. Le combat est déséquilibré. San Antonio s’appuie sur un secteur intérieur dominant alors que les Knicks n’ont d’autre pivot que Chris Dudley à opposer aux Twin Towers. Malgré cela, ils arrivent à remporter le troisième match de la série, au Madison Square Garden (après deux défaites à San Antonio lors de deux premiers matchs), mais ils ne peuvent pas lutter. Après la défaite du Game 4, ils espèrent juste retourner au Texas pour ne pas voir les Spurs fêter le titre à New York. L’ego des Knicks est immense, le talent de Sprewell aussi. Il ne veut pas que son équipe lâche prise lors de ce Game 5, il prend ses responsabilités. Face à un énorme Tim Duncan (31 points, 9 rebonds), le chouchou du MSG se démène. Il prend feu et à l’image de cette équipe des Knicks, il rentre dans la légende du Madison Square Garden. 35 points et 10 rebonds. Mais malheureusement, il ne réussit pas à donner la victoire à New York sur la dernière action, les Spurs l’emportent 78-77. Héros dans la défaite, beautiful loser.

La suite : les Spurs s’installent et les Knicks s’enlisent

Pour les Spurs, c’est le début de la dynastie des hommes de Popovich. Pour New York, c’est malheureusement le dernier coup d’éclat d’une franchise qui a accumulé les mauvais choix depuis. Et la Mecque du basket perd depuis chaque année un peu plus espoir de voir ses protégés briller et la faire vibrer de nouveau.

Cette équipe était le symbole du cœur que le public du Madison Square Garden attend de voir. Plus de les noms, c’est l’énergie qui importe. Et ces Knicks-là en avait à revendre.