Une semaine depuis son retour, comment évaluer la reprise de Kobe Bryant ?
Le 17 déc. 2013 à 21:50 par Bastien Fontanieu
C’était Dimanche dernier, à la maison, face aux Raptors. Dans une sorte de folie médiatique généralisée, Kobe faisait son grand retour sur les parquets de la NBA, huit mois après s’être explosé le tendon Achille. Comment évaluer du coup ses premières sorties remarquées ?
Coup-ci, coup-ça. Du bien, comme du moins bien. Sympa mais sans plus. Un peu comme ces cadeaux de Noël dont on ne comprend pas la présence et que l’on reçoit d’un membre éloigné de la famille, le retour de Kobe s’est fait avec un sourire en coin mais un énorme WTF en tête. Nous rassurant d’un côté, dans les minuscules excès de folie que certains se créaient depuis quelques semaines en imaginant notamment le gonze retourner à 25 points de moyenne sur un claquement de doigt, le Mamba nous a aussi très franchement inquiétés sur certains points du jeu.
En effet, n’importe quel sportif (même celui du Dimanche) qui a déjà pratiqué un chouilla de basket sera aussi conscient que nous qu’il faut courir un minimum pour maintenir son corps en condition et ainsi pouvoir réaliser trois allers-retours sans avoir à cracher ses poumons ou demander un temps-mort. De ce fait, le manque de cardio évident pour le moment dans le jeu de Kobe, sorte de quarantenaire toujours aussi passionné par sa pratique mais qui tente de repousser la date de péremption aussi longtemps que possible, nous a quelque peu inquiété. Fallait-il s’y attendre ? Après tout, huit longs mois sans pratique sportive, sans affronter de véritable compétition, et à 35 ans, non seulement ça fait mal au coeur, mais en plus ça fait pousser le bidon. Là aussi quelle surprise, de voir aujourd’hui le Mamba remplir ses shorts bien comme il faut, lui qui nous avait habitué pendant si longtemps à l’entretien minutieux d’un corps de soldat d’élite : on a franchement eu l’impression de voir Steve Francis retenter une pige chez les grands plutôt qu’un des meilleurs athlètes de l’histoire revenir au sommet de sa forme. Pas difficile de comprendre pourtant que Tim Duncan et Dirk Nowitzki, qui ont perdu du poids au fur et à mesure que les années passent, restent aujourd’hui en pleine forme alors que Kobe traine avec lui une belle brioche de Noël. Aurait-il dû rester un peu plus longtemps hors des parquets afin de retrouver une condition physique irréprochable ? Nous ne faisons pas ici le procès d’un joueur, aussi exceptionnel fût-il, mais davantage l’exploration d’un scénario qui aurait probablement davantage servi aux Lakers aujourd’hui : repousser la date de retour de Kobe afin de le retrouver véritablement productif et intouchable sur son poste.
Car ce manque d’énergie et d’explosivité dans son jeu, qui reste bien évidemment compréhensible quand on connait l’âge et la blessure de l’intéressé, a été fortement mis en évidence par les adversaires des Lakers. Raptors, Suns et Hawks se sont ainsi régalés à aller driver Kobe sur les lignes de fond comme sur les prises d’écrans, sentant que l’ex-vainqueur du Slam Dunk Contest n’était plus que l’ombre de lui-même physiquement. Mis en difficulté sur ses prises de position au poste, incapable de pouvoir démonter une mauvaise annonce d’écran pour aller sanctionner avec deux points : Kobe a été souvent mis en difficulté, mais il a fait tout ce qu’il pouvait avec ce qu’il a actuellement, et c’est déjà énorme. C’est ainsi qu’on ne peut aborder le dossier Bryant sans mettre en avant cette soif de vaincre, une envie de bien faire pour tous et tous les soirs, qui a fait elle aussi son grand retour. Acceptant de jouer à la mène à cause de la pénurie de meneurs dans le vestiaire des angels, faisant tourner le cuir nettement plus que par le passé afin de respecter le beau début de saison construit par Mike D’Antoni, le numéro 24 nous a régalé par sa posture de vétéran souhaitant aider ses copains à bien faire, tout en acceptant que ses conditions étaient actuellement limitées. Un rôle qui lui va comme un gant, et qui pourrait alors permettre aux Lakers d’aborder sérieusement les PlayOffs cette saison, quand tout le monde aura retrouvé une condition physique acceptable.
Actuellement limitées disait-on ? C’est là qu’on touche à un point sensible de l’avenir de Kobe. En le voyant spiner sur P.J. Tucker et planter son tomar de la pointe des doigts, ou manger des départs directs par des joueurs qui ne feraient pourtant pas partie du moindre All Star Game, KB nous a montré que se péter le tendon d’Achille à 35 piges était vraiment une saloperie qu’on espère ne jamais pouvoir connaître. Comme un poison qui reste en vous et qui vous empêche de retrouver toutes vos capacités antérieures, cette blessure a possiblement enterré à jamais l’artiste du passé, ce fabuleux scoreur capable de s’élever droit comme un I pour planter des trois-points cruciaux à 10 mètres, ce défenseur par moment redoutable et qui prenait même l’an passé des meneurs en presse tout-terrain. Est-ce ici trop tôt pour enterrer cet athlète ? On espère, pardon, on affirme que Kobe retrouvera un rythme décent vers la fin-Janvier, lui permettant par la même occasion de pouvoir pousser son équipe jusqu’aux batailles du printemps. Mais était-ce là la meilleure des idées, de revenir en plein mois de Décembre, alors que les Lakers tournaient agréablement bien, et ce dans l’espoir que la mayonnaise prenne avec le temps ? Il ne faut pas oublier que Pau Gasol est fortement annoncé sur le départ dans quelques semaines, et que Kobe pourrait se retrouver totalement esseulé cette saison en terme de All Stars dans son équipe. C’est donc avec une grimace en coin, la même que celle évoquée en début d’article, que l’on aborde l’avenir de Kobe : sa fin de carrière chez les Lakers.
12.4 points, 4.2 rebonds et 6.8 passes. 1 victoire en 5 matchs. Plus qu’une histoire de chiffres, Kobe nous a montré une nouvelle fois qu’il avait une dalle légendaire et une envie de prouver aux pessimistes que tout était possible dans le monde du Mamba. Vraiment tout ? Pour reprendre ses mots, jamais il ne partira de la même façon qu’Olajuwon ou Ewing ont fait, c’est-à-dire dans l’ombre et à un niveau décevant. En espérant donc que ces premiers jours ne représentent pas la preview de la fin de carrière d’un des plus grands techniciens de notre histoire…