Playoffs Revival : Penny Hardaway refroidit le Heat

Le 02 déc. 2013 à 17:00 par David Carroz

Playoffs Revival Penny Hardaway
Source image : Youtube, montage @TheBigD05

La saison régulière, c’est sympa, les matchs se multiplient, mais on ne regarde parfois certaines rencontres que d’un œil discret. Pour vous aider à tenir dans ces instants difficiles, voici un de nos petits retours sur les grands moments de l’histoire des Playoffs. Parce que c’est à cette période de la saison que les légendes naissent et que les fauves sortent les crocs.

Dans cet épisode, retour une nouvelle fois sur une performance qui n’aura pas permis à son auteur de remporter sa série de Playoffs.  En effet, après Rondo contre le Heat, revenons sur les cartons offensifs de Penny Hardaway toujours contre Miami. Deux prestations consécutives à plus de 40 points qui ont donné des insomnies à l’un des meilleurs coaches de l’histoire, réputé pour la défense de son équipe, Pat Riley.

Le contexte : Penny Hardaway doit gagner sans Shaq

Été 1995. Le Magic d’Orlando vient de se faire sweeper en finale NBA par les Rockets. Mais l’avenir leur appartient. Le duo O’Neal Hardaway doit régner sur la ligue. Malgré cela, ils connaissent le même sort en finale de Conférence face aux Bulls l’année suivante. Un simple contre temps pour les observateurs. Sauf qu’à l’été 96, Shaq quitte le navire. Penny Hardaway prend alors la barre, allant jusqu’à mener une fronde pour faire virer Brian Hill, son coach, au cours de la saison. Cette saison 1996-97 n’est d’ailleurs pas brillante pour Orlando. Les blessures s’enchainent, les résultats ne suivent pas. Le Magic parvient tout de même à se qualifier pour les Playoffs avec le septième bilan à l’Est (45-37, dont 21-12 après le changement de coach) et gagne le droit de rencontrer son voisin floridien du Heat. Penny quant à lui est élu dans la All NBA Third Team et affiche des stats en légère baisse par rapport à la saison précédente : 20,5 points, 5,6 assists, 4,5 rebonds, et 1,6 interception. Mais il est surtout jugé responsable de l’éviction de Brian Hill et son image en a pris un coup.

En face, Miami a les dents longues. Les Floridiens veulent détrôner les Bulls et la troupe à Pat Riley est une des défenses les plus rugueuses de la ligue, avec comme point d’ancrage Zo Mourning, et Tim Hardaway en chef d’orchestre. Le combat parait donc déséquilibré. Surtout qu’Horace Grant ne participera pas à la série côté Magic pour cause de blessure au poignet, preuve une fois de plus que l’abus de masturbation est dangereux. Les deux premiers matchs confirment cette tendance. Orlando ne fait pas le poids. 99-64 puis 104-87 pour le Heat. L’issue de la série semble évidente, et Miami se déplace pour les deux matchs suivant sûr de sa force.

La performance : Penny Hardaway explose la défense du Heat

Lors du Game 3, les choses se compliquent encore plus pour le Magic. Rony Seikaly, le pivot titulaire se blesse. Out pour la série. Orlando joue alors avec quatre guards, Darell Armstrong prend la mène et Penny Hardaway glisse en poste 2. Bingo. Cette tactique va complètement désorganiser la défense du Heat. Alors que les hommes de Pat Riley ont 20 points d’avance dans le deuxième quart, Penny prend feu et fait accélérer toute son équipe avec lui. 42 points pour le numéro 1 d’Orlando (8 rebonds, 2 passes et 2 interceptions, 16/30 aux tirs) alors que son équipe n’en score que 88 au total, pour une victoire de 13 unités. Un exploit mais qui ne changera pas l’issue de la série à ce moment là pour tous les observateurs, un simple sursaut d’orgueil.

Deux jours plus tard, le Heat rentre sur le parquet du Magic en voulant mettre fin aux espoirs de leurs hôtes. Mais c’est l’inverse qui se produit. Toujours dans le sillage d’un Penny Hardaway qui joue l’intégralité du match, Orlando arrache une nouvelle victoire et le droit de disputer un match décisif chez leurs voisins. Les stats de leur leader ?  41 points (12/23 dont 4/8 à 3 points), 7 rebonds, 4 passes, 4 interceptions, 3 contres. Hallucinant. 40 pions ou plus lors de deux matchs de Playoffs consécutifs, il rejoint des joueurs comme Michael Jordan, Kareem Abdul-Jabbar et Jerry West à avoir accompli cet performance. Des anonymes ou presque. Pat Riley semble prendre un coup de vieux, il ne sait pas comment stopper le phénomène. Victoire du Magic 99-91

“À quoi croyez vous que je vais penser en posant ma tête sur l’oreiller ce soir? Et bien vous ne le saurez pas, car ma tête ne sera pas sûr l’oreiller. Je ne vais pas dormir ce soir” déclare le coach du Heat la veille de ce match décisif. “Cette série est la plus difficile que j’ai connue de toute ma carrière.”

Son admiration pour Penny Hardaway le pousse même à le comparer aux meilleurs

“Penny est l’un des meilleurs. Vous le mettez avec Michael Jordan, Grant Hill et Scottie Pippen, des joueurs qui ont la possibilité de contrôler le match depuis le périmètre mais aussi au poste.”

Et sur ces deux derniers matchs, c’est ce que le joueur d’Orlando a fait, en trouvant toujours une solution face à la défense du Heat. Plus rien n’est certain dans cette série, l’upset de la part de Penny du Magic parait probable.

La suite : un joueur seul ne peut pas tout faire

Malheureusement pour le Magic, Penny Hardaway est bien trop seul pour battre une équipe aussi complète que Miami. Lors du match décisif, il score encore 33 points (8/22 dont 4/10 à 3 points, 10 rebonds, 6 passes en 47 minutes), mais le Heat est trop fort et se qualifie. Il s’agit d’ailleurs de la première série de Playoffs remportée par Miami. Penny termine deuxième meilleur marqueur de la post-season derrière MJ (31,1 pour His Airness, 31,0 pour le joueur du Magic, auxquels il ajoute 6 rebonds, 3,4 assists, 2,4 interceptions et 1,4 contre en 44 minutes). Il a lavé son image auprès du grand public et rentre dans la cour des grands. Un franchise player, une superstar capable de porter une équipe sur ses épaules. Un mec qui peut être égoïste et qui s’implique dans les choix de sa franchise, car il fait gagner des matchs.

À ce moment là, la popularité de Penny est au sommet. À 25 ans, son avenir est radieux. Il est celui qui doit succéder à Jordan et cette performance en est la parfaite illustration. Malheureusement pour lui, il s’agit également de son dernier moment de gloire. Gravement blessé au genou au début de la saison suivante (un joueur avec un avenir brillant issu de l’université de Memphis, qui porte le #1 et qui se flingue le genou, ça vous évoque quelqu’un d’autre ?), il se contente de 19 matchs. Et ce n’est que le début des ennuis. En effet, les opérations vont s’enchainer et il ne retrouve jamais son niveau. Il n’atteint plus les 17 points par match et les 50% de réussite aux tirs sur une saison jusqu’à la fin de sa carrière alors que ces stats correspondaient à ses standards. Ironiquement, il finit sa carrière à Miami en 2007-08. Le Heat le coupe au mois de décembre. Il n’aura participé qu’à 16 matchs. Celui que Magic Johnson considérait comme plus talentueux que lui laisse un souvenir de carrière gâchée par les blessures…

Un carton offensif qui restera dans l’histoire tout de même et qui accroche une énorme pancarte “What if ?” sur le dos de Penny Hardaway. Si son corps avait bien voulu suivre, jusqu’où aurait-il pu aller ?


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