La nuit dernière, le Heat et les Spurs, qui s’affrontaient dans le match 5 des Finales, ont proposé deux 5 majeurs en « small ball » : Chalmers, Wade, Miller, James et Bosh pour Miami face à Parker, Green, Ginobili, Leonard et Duncan pour San Antonio.
En titularisant Manu Ginobili au poste 3 pour décaler Kawhi Leonard en 4 (sur Lebron James) et Tiago Splitter sur le banc, Gregg Popovich avait décidé de répondre au choix tactique fait par Erik Spoelstra depuis le match précédent où le coach floridien avait déjà titularisé Mike Miller (au poste 3) aux dépens d‘Udonis Haslem, décalant ainsi Lebron James au poste 4. Le fait d’avoir King James au poste 4 rend l’utilisation de deux vrais intérieurs quasiment impossible pour les Spurs. Le quadruple MVP est beaucoup trop mobile pour Duncan ou Splitter qui ne peuvent pas défendre sur lui. C’est donc principalement pour ça que Pop’ s’est adapté, pour glisser Kawhi Leonard en 4 quitte à faire des prises à deux si Lebron se retrouve au poste bas, le seul endroit du terrain où le jeune texan connaît quelques difficultés à tenir le MVP.
Cette tendance au small ball est récente mais n’est pas si nouvelle. L’année dernière, Miami a été champion en jouant « petit » du début à la fin des Finales avec un 5 : Chalmers, Wade, Battier, James et Bosh. En face, Scott Brooks, l’imposteur le coach du Thunder ne s’est pas adapté, il n’a rien changé à sa manière de faire évoluer son équipe. Résultat : une fessé 4-1 avec un Lebron James bien plus tranchant que lors des Finales actuelles. Il faut dire que pour un joueur comme King James, attaquer sur un Serge Ibaka ou mieux sur un Kendrick Perkins, ça ressemble à un rêve et ça devient un cauchemar pour l’adversaire.
On se demande encore pourquoi Brooks n’a fait aucun coaching tactique pour aider son équipe face à ce Heat en small ball. Peut-être ne voyait-il pas quoi faire ? Une option se présentait pourtant à lui : titulariser James Harden à la place de Perkins et ainsi faire jouer le cinq suivant : Westbrook (pour manger Chalmers), Sefolosha (en 2 pour s’occuper de Wade), Harden (pour créer, shooter, passer, etc..), Durant (en 4 pour son duel avec Lebron) et Ibaka (pour s’occuper de Bosh). J’entends d’ici certains fans m’expliquer qu’ Harden doit sortir du banc, qu’il doit apporter du scoring à la Second Unit, etc… Et bien quand on voit le résultat des Finales 2012, l’échec du Thunder sur le cas Lebron James et les mauvaises performances de James Harden en sortie de banc, on peut tout de même se demander si Brooks n’aurait pas dû tenter quelque chose plutôt que de regarder la lenteur et le manque de technique de Perkins leur faire perdre un titre qu’ils auraient peut-être pu aller chercher. Disons au moins qu’ils auraient pu en être plus proches…
Evidemment, cette année, Erik Spoelstra n’a pas la chance d’affronter à nouveau un entraîneur médiocre en Finales NBA. Cette année, le coach du Heat a en face de lui l’un des meilleurs coachs NBA de tous les temps, un coach qui s’adapte à tous les problèmes qui lui sont posés tout en réussissant à en créer de nouveaux pour l’adversaire. En l’occurrence dans ces Finales, après un match 3 catastrophique, Spoelstra a décidé de changer quelque chose tactiquement pour essayer de déstabiliser les Spurs. Il a décidé de refaire ce qui lui avait réussi l’an dernier. En small ball pendant quasiment tout le match 4, Miami a dominé San Antonio. Popovich s’est pourtant rapidement adapté en faisant très vite sortir Splitter pour faire jouer Ginobili, Neal ou Boris Diaw à sa place. D’ailleurs, « l’effet de surprise » voulu par le Heat n’a pas réellement fonctionné puisque ce sont les Spurs qui avaient le mieux démarré ce match 4. Mais, en small ball, Miami joue de manière plus fluide, Lebron James peut plus dominer, du coup Dwyane Wade et Chris Bosh ont de meilleurs repères. Bref, en small ball, Miami joue mieux. C’est d’ailleurs pour ça que Gregg Popovich a titularisé Manu Ginobili la nuit dernière afin de rivaliser d’entrée en termes de mobilité et d’agressivité.
Entre le match 4 et le match 5 de ces Finales, le sorcier texan a préparé ses joueurs à jouer dans cette configuration.Bien lui en a pris. Manu a été énorme, TiPi s’est éclaté, Kawhi a continué son travail de sape sur le King pendant que Green continuait d’enfiler les trois points et que Duncan réalisait encore un double double. San Antonio peut jouer « petit ». San Antonio impose parfois son jeu mais sait aussi s’adapter, c’est la force des grandes équipes. Il y a d’ailleurs fort à parier que les deux équipes se présentent encore avec des cinq très « small ball » pour le match 6 de demain. Il est possible aussi que, dans ce contexte, Shane Battier retrouve une place de titulaire aux dépens de Mike Miller qui est intéressant en attaque grâce à son shoot mais qui est un véritable boulet en défense. Surtout si les Spurs continuent eux aussi à jouer small ball et que Miller se retrouve régulièrement à se faire casser les chevilles (ou le dos), à être en retard face à un Manu Ginobili en feu, Tony Parker voire Danny Green.
Une autre équipe est un bon exemple de small ball assez réussi récemment : les Knicks. En l’absence de Stoudemire (seulement 29 matchs cette année), Carmelo Anthony a joué ailier-fort pendant quasiment toute la saison. Résultat : New York a gagné 54 matchs, a fini 2ème de la Conférence Ouest et Melo a été meilleur marqueur de NBA. Il est clair que pour un ailier-fort « classique », défendre sur Melo est un cauchemar. La plupart des postes 4 NBA dominent Carmelo en terme de taille voire de poids mais dans le périmètre, ils ne peuvent rien faire face à la vitesse, l’agilité, la qualité de dribble et de shoot du numéro 7 des Knicks.
N’ayant pas le choix face à l’amoncellement de blessures dont a été victime son effectif, Coach Woodson a eu la bonne inspiration. Ce qui est dommage, c’est que les Knicks n’ont pas su bâtir un véritable jeu collectif d’attaque autour de ce point d’ancrage qu’est Melo en ailier-fort. Cela fait toujours une base de travail potentielle pour la suite. La vraie question est plutôt de savoir si Mike Woodson est capable de se faire violence et de mettre en place quelques systèmes intéressants en profitant de cet avantage que lui confère la présence d’un joueur comme Carmelo Anthony au poste 4…
Alors, Lebron James (2m03, 113kg) est-il un petit ailier ou un ailier fort ? Kevin Durant (2m06, 100kg) et Carmelo Anthony (2m03, 104kg) jouent-ils leur meilleur basket au poste 3 ou au poste 4 ? Quel est le vrai poste de ces joueurs dans la NBA d’aujourd’hui ? Une NBA où tout va de plus en plus vite, où la vitesse prime sur la taille aux yeux de beaucoup de dirigeants et de coachs. Au final, une chose est sûre : avec son small ball, le Heat est champion en titre, le Heat vient de dominer la saison régulière et a deux matchs devant lui pour réaliser un back to back historique. Assistons nous au début du nouvelle façon de jouer, d’une nouvelle mode, d’un style de jeu qui colle bien avec les gabarits de certaines stars NBA du moment ? Les équipes munies de deux vrais intérieurs vont-elles devenir une denrée rare ? La bataille tactique est lancée…