Le début de carrière NBA de Victor Wembanyama, comparé à LeBron James

Le 16 déc. 2023 à 16:40 par Nicolas Meichel

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Source image : Twitter BallySportsSA

Considéré comme le meilleur prospect depuis LeBron James en 2003, Victor Wembanyama a affronté le King pour la toute première fois la nuit dernière. Une belle occasion pour comparer le début de carrière de Wemby avec celui de LeBron, surtout qu’il existe pas mal de similitudes malgré les deux décennies qui les séparent.

Sur le plan individuel

  • Stats Victor Wembanyama après 23 matchs : 19 points, 10,9 rebonds, 2,7 passes, 2,9 contres à 43,5% au tir en 30,5 minutes
  • Stats LeBron James après 23 matchs : 17,7 points, 6,4 rebonds, 6,2 passes, 1,2 steal, 40,5% au tir en 40,2 minutes

Tous les deux arrivés en NBA avec l’étiquette de prospect générationnel, et l’énorme pression que ça recouvre, Victor Wembanyama et LeBron James n’ont pas perdu de temps pour marquer les esprits. Dans son cinquième match NBA (à Phoenix le 2 novembre dernier), Wemby a éclaboussé la rencontre de son talent en scorant 38 points (dont 10 dans les cinq dernières minutes) et 10 rebonds pour porter San Antonio vers la victoire sur les terres de Kevin Durant et Devin Booker. 20 années plus tôt, LeBron James avait lâché une petite masterclass dès son… premier match NBA avec 25 points, 6 rebonds, 9 passes et 4 interceptions à Sacramento, contre l’une des meilleures équipes de la Ligue.

Globalement, Victor Wembanyama et LeBron James ont plutôt bien démarré leur carrière dans la Grande Ligue. Le premier se basant notamment sur son impact défensif, le second sur sa polyvalence et son profil physique “NBA Ready” (40 minutes par match, 10 de plus que Wemby !). Mais ça ne signifie pas qu’ils n’ont pas connu des coups de moins bien lors des premières semaines.

Chez Wemby, cela s’est notamment manifesté par des problèmes de fautes et des matchs au faible impact offensif, avec des soirées où il s’est un peu trop reposé sur un tir extérieur pas encore au point. À l’heure de ces lignes, Wembanyama ne tourne qu’à 28% de réussite à 3-points pour cinq tentatives par match. En parlant de tir extérieur, c’était le gros point faible de LeBron à son arrivée en NBA. Il possédait déjà les qualités athlétiques pour jouer dans la cour des grands, mais ses grosses limites au shoot lui ont rapidement compliqué la vie : sur ses 23 premiers matchs, James est resté sous la barre des 10 points à cinq reprises, accumulant les briques face à des défenses le laissant volontairement ouvert.

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En l’espace de deux décennies, beaucoup de choses ont évidemment changé sur comme en dehors des parquets de basket. Le jeu NBA, aujourd’hui beaucoup plus rapide, beaucoup plus offensif et beaucoup plus axé sur le tir à 3-points, est radicalement différent de celui pratiqué au début des années 2000. C’est un élément central dans toute comparaison, en particulier quand on parle de performances individuelles et de statistiques.

Mais malgré un profil et un contexte différents de LeBron James, on peut dire que Victor Wembanyama connaît un début de carrière qui ressemble sur certains points à celui du King. C’est d’autant plus vrai que collectivement, ça ne gagne vraiment pas beaucoup…

Sur le plan collectif

  • Bilan des Spurs après 24 matchs : 4 victoires – 20 défaites
  • Bilan des Cavaliers après 24 matchs : 6 victoires – 18 défaites

Être un prospect générationnel ne vous garantit pas de gagner des matchs NBA. LeBron James l’a découvert il y a 20 ans, Victor Wembanyama le découvre aujourd’hui.

En 2003, le King est arrivé dans une équipe de Cleveland qui restait sur une saison à seulement 17 victoires. Le roster des Cavs à l’époque ? Il était composé notamment de Darius Miles, Ricky Davis, Carlos Boozer et Zydrunas Ilgauskas. Y’a un peu de talent, mais collectivement on n’était pas loin du néant. Il manquait surtout un vrai meneur de jeu et c’est LeBron qui a dû prendre ce rôle à seulement 18 piges. Forcément c’était un peu compliqué : 18 défaites en 24 matchs, avec une place dans les bas-fonds de l’Est.

Pour Victor aujourd’hui, c’est la même galère. Si ses Spurs ont battu les Lakers de… LeBron la nuit dernière, ils restaient surtout sur une terrible série de 18 défaites consécutives. San Antonio est une équipe jeune et en reconstruction, où l’apprentissage passe bien avant les résultats. La présence de Wembanyama n’empêche pas les Spurs de se faire défoncer des deux côtés du terrain (28e attaque, 24e défense) et de squatter la dernière place de l’Ouest avec 20 défaites en 24 matchs.

Source : ClutchPoints

Un problème de meneur et de poste

On l’a dit plus haut, LeBron James a commencé sa carrière NBA en tant que meneur de jeu. Le tout à seulement 18 ans. S’il a toujours eu la vision de jeu et le QI basket pour guider une attaque, c’est une sacrée tâche pour un jeunot sortant tout juste du lycée. Et forcément, aussi prodigieux soit-il, LeBron a galéré dans ce rôle à responsabilités : sur les premières semaines de la saison 2003-04, il faisait partie des joueurs avec le plus de balles perdues. Il n’était pas aidé non plus par certains coéquipiers – coucou Darius Miles, coucou Ricky Davis – qui n’appréciaient pas trop être dans l’ombre d’une jeune star de 18 ans.

Ce qui a par contre aidé LeBron, c’est quand Cleveland a fait venir des vétérans dans le vestiaire et notamment le meneur Jeff McInnis. Ce dernier est devenu le titulaire sur le poste 1 à partir du mois de janvier 2004, décalant ainsi LeBron sur les extérieurs (arrière/ailier) où le jeune King s’est vite montré plus à l’aise. James a tourné à plus de 21 points, 5 rebonds et 5 passes à 42% au tir sur la deuxième partie de sa saison rookie.

Chez les Spurs en ce début de saison, la question du meneur est vite devenue un sujet central. Alors que Tre Jones semblait suffisamment équipé pour tenir le poste, San Antonio a préféré tenter l’expérience Jeremy Sochan. Une expérience non concluante, Sochan galérant pas mal dans l’apprentissage de ce rôle. Résultat, l’attaque des Spurs n’avait ni queue ni tête et les défaites ont commencé à s’enchaîner. Cela n’a pas aidé Victor Wembanyama, qui possédait beaucoup de liberté pour s’exprimer mais pas de véritable structure pour briller. Malgré les performances solides de Tre Jones en sortie de banc (et la bonne relation de ce dernier avec Wemby), Gregg Popovich refuse toujours de le mettre titulaire (c’est désormais Malaki Branham qui commence avec Devin Vassell sur le backcourt), comme s’il voulait éviter de gagner trop de matchs dans le projet de reconstruction actuel.

Ce que Pop a fait par contre, c’est positionner Victor Wembanyama en poste 5. Wemby avait commencé la saison en tant qu’ailier-fort aux côtés du pivot Zach Collins, pour éviter de devoir se coltiner directement les baobabs des raquettes NBA. Les résultats étaient mitigés car Victor se trouvait trop souvent éloigné du cercle, et ça c’est pas top pour un géant de 2m24. Depuis quatre matchs ? Les choses sont différentes : 20 points (45% au tir), plus de 16 rebonds et 4 contres de moyenne pour Vic le pivot, autant dire que c’est son poste. Et c’est sans doute à cette position que les Spurs réussiront à maximiser son potentiel à l’avenir.

Un gros concurrent dans la course au ROY

Avec l’énorme hype entourant LeBron James et Victor Wembanyama à leur arrivée en NBA, ils étaient tous les deux logiquement favoris pour décrocher le titre de Rookie de l’Année avant leur premier match en NBA.

LeBron a fini par le remporter au terme de la saison 2003-04 mais certains pensent encore qu’un certain Carmelo Anthony le méritait plus que lui. Et pour cause : Melo a brillé individuellement (21 points et 6 rebonds de moyenne) tout en aidant son équipe de Denver à se qualifier pour les Playoffs. Sur les premières semaines de compétition, Anthony avait d’ailleurs pris une longueur d’avance sur le King grâce notamment à sa contribution aux résultats surprenants des Nuggets (14 victoires – 9 défaites).

Tiens ça ne vous rappelle rien ça ? 20 ans plus tard, Victor Wembanyama semble avoir un petit retard sur Chet Holmgren dans la course au ROY. Si Wemby brille individuellement, il ne possède pas les résultats collectifs de Chet, qui participe à l’excellent début de saison du Thunder (15 victoires – 8 défaites) en pratiquant un basket aussi efficace qu’impressionnant (17 points, 8 rebonds, 2,4 contres de moyenne à 52% au tir, 37% à 3-points et 88% aux lancers).

Comme Carmelo Anthony, qui était entouré de bons vétérans à Denver dès ses débuts (contrairement à James), Holmgren est dans une équipe largement plus compétente que Wembanyama aujourd’hui. Et cela joue en sa faveur. Autre chose qui peut représenter un avantage pour le numéro 2 de la Draft 2022 : il a déjà une année NBA derrière lui, même s’il n’a pas joué l’an passé car blessé. Cette année d’expérience peut aider, comme la saison universitaire de Melo en 2003 (avec un titre NCAA au bout) a pu aider Anthony à s’adapter plus rapidement à la NBA en comparaison à James.

Sur bien des points, le début de carrière de Victor Wembanyama est comparable à celui de LeBron James. On lui souhaite désormais de connaître une ascension similaire à celle du King, car ça voudrait dire que Wemby va intégrer rapidement l’élite de la NBA. 

Sources texte : ESPN, Basket-Reference, NBA.com