Victor Wembanyama et les Mets 92 ont trouvé leur bête noire

Le 28 janv. 2023 à 15:43 par Arthur Baudin

Wemby Roanne
Source image : TrashTalk

Marcel-Cerdan qui fourmille, Victor Wembanyama en démonstration, la ligne arrière Stefan Moody – Ronald March sur une autre planète, Bilal Coulibaly audacieux, la chemise à motifs de Jean-Denys Choulet et Maxime Roos qui tente (et réussit) le diable. Aucun trait de forcé, rien qu’une promotion naturelle pour le basket-ball français. Deux équipes. L’une portée par son prodige. L’autre par son ensorcelant collectif. On débrief.

La dernière fois que Marcel-Cerdan était aussi rempli, il sortait du bar pendant l’entre-deux guerre.

L’affluence parfaite pour y écrire le scénario d’une belle revanche. Le 6 décembre dernier, les Mets 92 prenaient le bouillon dans la banlieue stéphanoise : défaite 102 à 77, Victor Wembanyama et Tremont Waters maintenus à 15 points chacun, le dauphin du championnat de France au tapis. Un bâton de dynamite a été posé dans la défense levalloisienne, il fallait en comprendre l’origine. Roanne trop fort ou les Mets trop soft ? L’approche de la rencontre par le groupe de Vincent Collet fut mauvaise. Presque immature, contre un assemblage de joueurs d’expérience qui – par cette quatrième victoire de rang – commençait sa mutation en collectif. 52 jours plus tard, sans Tremont Waters et Hugo Besson, Levallois espère sa rédemption. La Chorale de Roanne a fait le déplacement. L’équipe de Jean-Denys Choulet n’est que 8e ex aequo mais surfe sur une dynamique de huit victoires pour seulement trois défaites. Elle est la meilleure attaque du championnat avec… 91 points de moyenne. À titre de comparaison, aucune équipe du championnat de France n’a terminé la saison avec une meilleure attaque depuis Pau en 2002-03.

Une pierre après l’autre, l’édifice souhaité par Choulet prend forme. Il faudra à Levallois un immense Victor Wembanyama pour espérer tomber ce visiteur effervescent. Son duel avec l’intérieur Silvio De Sousa (ancien des Jayhawks de Kansas) sera scruté de très près. L’Angolais possède le profil idoine pour embêter Victor : soldat de 2m03, mobile, vertical et dur en bas de corps. Une sorte de projet “Jim Bilba” à polir.

Victor Wembanyama et Silvio De Sousa à l’entre-deux

Quatre minutes de jeu et déjà sept points pour Victor. On sent la grande soirée pour lui, mais on sent surtout l’absence de Tremont Waters sur le poste 1. DeVante Jones est transparent, et Justin James – 40e choix de la Draft NBA 2019 – peine à mettre en place les offensives des Mets. On le perçoit davantage comme un arrière scoreur qui fait des allers-retours sur la ligne des lancers, qu’en gestionnaire capable de lire le jeu comme le fait Waters. Et c’est surtout très contrasté par la créativité de Stefan Moody. Le bonhomme d’1m78 délivre l’avant-dernière passe de toutes les contre-attaques roannaises. Impressionnant de justesse et de timing. Une soirée à seulement deux ballons perdus avec un jeu aussi “risqué”. En tout point, l’engrenage central de la meilleure attaque du championnat. Il a même payé un scotch à Victor Wembanyama. C’aurait pu terminer en DeAndre Jordan/Brandon Knight, mais – malgré les 43 centimètres de différence – Stefan Moody a repoussé le grand envahisseur. La Chorale mène 30 à 22 à la fin du 1er quart-temps. Victor, trop esseulé, compile déjà 11 points à 4/5 au tir, 4 rebonds, 3 blocks et 17 d’éval en sept minutes de jeu.

7 points en 4 minutes. Heat check Wemby 😤 pic.twitter.com/QGi6vx6qTQ

— Arthur TrashTalk (@ArthurJBaudin) January 27, 2023


La physionomie crainte par les Mets se joue sous nos yeux. Contre Victor, Silvio De Sousa encaisse mais n’en démord pas. L’Angolais peine à défendre l’indéfendable, mais lui rend la moitié de la pareille de l’autre côté. Et « la moitié de la pareille » suffit largement à Roanne pour maintenir l’écart à huit, neuf ou dix unités. Pourquoi ? Parce que sans Tremont Waters, le backcourt de Levallois prend l’eau : Ronald March, incandescent, assassine les Mets dans un rôle de percuteur/sharpshooter. Deux dribbles et ça décoche, ou feinte de tir et gros drive qui décale toute la défense. Mis à part Bandja Sy et Lahaou Konaté, aucun autre role player de Levallois n’essaie de stopper le festival roannais. C’est un peu naïf, mais c’est surtout très fort en face. L’impression d’un groupe qui joue ensemble depuis trois saisons. Ça rappelle la JDA Dijon sous Laurent Legname. Toute proportion gardée hein, mais une richesse de profils avec des rôles parfaitement définis et respectés. Même Kadri Moendadze, en galère sur ses premiers tirs, finit par faire mouche du parking. Le collectif porte l’individu.

La Chorale mène 56 à 47 à la pause : sans Victor (19 points à 7/10 au tir, 6 rebonds, 3 contres et 1 passe), Levallois n’existerait pas.

March est SUPER impressionnant côté roannais. Wemby pas super attentif sur ce coup pic.twitter.com/zCGHQ4ptgp

— Arthur TrashTalk (@ArthurJBaudin) January 27, 2023

3e quart-temps de folie, double sanction de Victor Wembanyama à 3-points, claquette de Bilal Coulibaly passée à la postérité. Les Mets “recollent” à moins de dix unités… puis c’est la panne sèche. Victor tire à 1/10 sur les treize dernières minutes de la rencontre, Anzejs Pasecniks – malheureux avec les arbitres – n’apporte toujours pas de solution à l’intérieur, le Big Three Stefan Moody – Ronald March – Silvio De Sousa ne perd rien de sa réussite, et la quatrième Roos du carrosse dépose un énorme bonbon sur la tête de Wembanyama. Pas vraiment de match dans le dernier quart. Plus ou moins quinze points d’écart, la Chorale tient sa victoire. L’intensité de JaKeenan Grant en sortie de banc permet aux titus de pioncer sans craindre un réveil au sifflet par Choulet. L’euphorie créée par la vague de highlights est retombée. Victoire 102 à 84 des Golden State Roannais, Stefan Moody MVP de la rencontre, Ronald March pas loin derrière. L’équipe ligérienne passe seule 8e de Betclic Élite.

Pour la stat plus “anecdotique”, Victor termine la partie à 31 points à 12/28 au tir, 14 rebonds, 5 contres et… -3 de plus/minus. Dans une défaite de 18 points, ça en dit long sur la nature de son impact (et celle de ses coéquipiers).

LE POSTER DE MAXIME ROOS SUR WEMBANYAMA 💥

🎬 L’action du match @SamsungFR ! pic.twitter.com/5kjgflzmGl

— First Team (@FirstTeam101) January 27, 2023

Sans l’expérience et la sérénité de Tremont Waters, les Mets prennent une nouvelle fois 102 points dans le bagage par la Chorale de Roanne. Merveilleuse équipe que celle alignée par JD Choulet. Puisse-t-elle ne jamais dévier de sa lancée. C’était du basket-ball à l’état pur.