Doris Burke, de basketteuse hors-pair à journaliste pionnière

Le 04 nov. 2022 à 11:33 par Gauthier Cognard

Doris Burke 04.11.22
Source image : Youtube

Pas besoin d’attendre le 8 mars pour honorer les femmes qui font la NBA. L’une d’entre elles, peut-être la plus importante, pionnière du journalisme NBA au féminin en tout cas, se nomme Doris Burke. Ancienne basketteuse talentueuse, Doris a mis toutes ses connaissances et sa passion au service de son métier. Et des femmes qui arriveront après elle.

À travers le petit monde de la NBA, une voix est peut-être la plus connue, la plus reconnaissable. Doris Burke, 57 ans, commente et analyse les matchs pour la radio ou la télévision depuis 1990. En 2003, elle a reçu le titre de “Best New Face on Television” – qu’on pourrait traduire par “Meilleur espoir” – de la part de USA Today. En 2018, elle a remporté le prix Curt Gowdy, décerné chaque année par le Basketball Hall of Fame aux journalistes basket les plus importants. C’est la première femme à avoir eu cet honneur. Doris Burke marque la Ligue de son empreinte depuis plus de 20 ans, et désolé pour ceux qui ne l’apprécient pas (qui êtes-vous ?) mais ce n’est pas fini puisqu’elle a signé cette année un nouveau contrat avec ESPN. On la retrouvera donc au micro des grands matchs de saison régulière et de Playoffs, et à la radio ESPN pour les finales NBA. Et ce pour plusieurs saisons au moins. Un contrat d’ailleurs signé le 8 mars, preuve s’il en est que Doris Burke et les droits des femmes sont intrinsèquement liées.

ESPN re-signs trailblazing analyst Doris Burke@heydb‘s multi-year agreement includes:
🏀 ESPN’s high-profile #NBA games throughout the regular season & NBA Playoffs
🏀 NBA Finals on @ESPNRadio
🏀 NBA Sunday Showcase on ABC pic.twitter.com/5nCgUwAexe

— ESPN PR (@ESPNPR) March 8, 2022

Une longue carrière qui trouve ses racines très loin dans la vie de Doris Burke. Pour tenir aussi longtemps dans le milieu il faut aimer ça, le basket, et le moins que l’on puisse dire c’est que le jeu est bien plus qu’une passion pour elle. Même si elle est née en elle un peu par hasard.

“Quand j’étais petite, nous avons déménagé de New York au New Jersey. Il y avait un parc à côté de chez nous. J’ai sept ans, je suis la dernière d’une fratrie de huit. Mes parents m’implorent de trouver quelque chose à faire. Alors je prends un ballon et ne le reposerai jamais.” – Doris Burke via le podcast de Duncan Robinson

Et voilà comment une petite fille du New Jersey devient une basketteuse de grand talent. Parce qu’avant un micro, c’est bien le ballon qu’elle tenait à la main quand elle foulait les parquets. Et elle le maniait plutôt bien. Meneuse au lycée de Manasquan, elle est alors convoitée par plusieurs universités, et choisit le Providence College de Rhode Island. Doris Sable, comme elle s’appelle encore, fait le bonheur des Providence Friars pendant quatre ans. Et pour décrire son jeu, qui de mieux qu’elle même, sûre de ses forces et consciente de ses faiblesses ?

“Je pouvais aller où je voulais sur le parquet avec un dribble. Ma conduite de balle était excellente. Je n’avais pas de problème à avoir plusieurs défenseurs autour de moi. J’aimais les prises à deux parce que j’étais capable de trouver la bonne passe, cette pression-là ne me dérangeait pas. Mais j’étais incapable de rentrer un shoot même si ma vie en dépendait.” – Doris Burke, via le podcast de Duncan Robinson

Malgré un shoot pas meilleur que celui de Ben Simmons, avec qui elle partage d’ailleurs un gros problème de confiance dans ce domaine, Doris Burke est malgré tout entrée dans l’histoire de son équipe. Pour sa première année, elle domine au nombre d’assists la Big East Conference, compétition organisée par un groupement d’universités. Elle fait partie de la première équipe All-Big East deux fois. Pour sa quatrième et dernière saison, elle est élue athlète féminine de l’année au sein de son université, et prend la première place du classement all-time du nombre de passes décisives. En 1999, soit douze ans plus tard, Doris Burke entre au Hall of Fame du Providence College. Allez, cadeau, quelques petits highlights de sa carrière de lycée, qui commencent par un shoot évidemment alors qu’elle nous a dit qu’elle ne savait pas faire. Attention, ce n’est pas en 4K.

Une carrière sportive très réussie vous l’aurez compris, qui lui donne aujourd’hui un surplus de légitimité au sein de la NBA. Surplus dont les femmes journalistes avaient malheureusement besoin à l’époque et on ose espérer que c’est moins le cas aujourd’hui. Et si c’est moins le cas, c’est en grande partie grâce à Doris Burke. Pionnière de la discipline, elle est devenue la première femme à… plein de choses en fait, alors citons-les. En 2000, elle est la première à faire entendre sa voix sur un match des Knicks, radio et télé confondues. Aucune femme avant elle n’avait non plus commenté de matchs de la Big East masculine. En 2017, elle devient la première femme à avoir un rôle sur une saison entière à la télévision américaine. t enn 2020, Doris Burke est la première femme à commenter les finales NBA. Une liste de premières longue comme le bras dont plus d’un pourrait se gargariser mais pas Doris Burke, selon Kristen Ledlow, journaliste pour TNT et NBA TV.

“Dans cette industrie, une femme qui m’inspire constamment est Doris Burke. C’est une pionnière. Si elle n’avait pas ouvert toutes ces portes, peu de femmes en seraient là aujourd’hui […] Elle ne s’est pas satisfaite d’être la première ou d’être la seule. C’est l’une des choses qui la rendent spéciale : elle s’est retournée vers celles d’entre nous qui marchent derrière elle, pour faire en sorte qu’on n’ait le sentiment de marcher à ses côtés.” – Kristen Ledlow

Doris Burke ne se contente donc pas d’intégrer un milieu à forte prédominance masculine, elle travaille à le rendre plus mixte et plus égalitaire, en aidant celles qui comme elles sont capables de s’y faire une place. Et ce malgré ce léger syndrome de l’imposteur, dont un grand nombre de ces femmes parlent. C’est le cas de Doris Burke, donc, mais aussi de Malika Andrews ou de Cassidy Hubbarth. Un problème dont elles essayent de se défaire, ou à défaut de s’accommoder, qui on l’espère s’estompera avec l’arrivée d’autres femmes dans des rôles importants au sein des médias NBA. Avec un modèle, un mentor comme Doris Burke, ça devrait être plus facile. Quoi qu’il en soit, la pionnière regarde avec bonheur l’avènement de la future génération de femmes journalistes.

“Un jour, on n’en parlera même plus. Il y a tellement de femmes talentueuses qui couvrent la NBA. Je suis ébahie par la nouvelle génération et ce qu’elle a accompli, avec en premier lieu Candace Parker. Je me souviens de l’avoir vu arriver à TNT, et j’étais impressionnée par la confiance qu’elle montrait. Candace et tant d’autres femmes de sa génération ont l’air si bien préparées, et ont vraiment réussi. J’en suis extrêmement heureuse.” – Doris Burke, via Sports Illustrated

Doris Burke est une pionnière qui a su inspirer et aider la génération suivante. Aujourd’hui, beaucoup de femmes sont présentes dans le paysage audiovisuel de la NBA, et ce ne serait peut-être pas le cas sans elle. En plus… elle a un handle de fou, alors comment ne pas l’aimer ?