Nicolas Batum est revenu sur le décès de son père : “J’ai eu des matchs où avant d’y aller, j’étais en pleurs chez moi parce que pour moi, j’allais pas rentrer”

Le 12 oct. 2022 à 19:02 par Nicolas Meichel

Nicolas Batum Clippers 2 8 mars 2021
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Récemment de passage dans l’émission En aparté diffusée sur Canal+, le Frenchie des Clippers Nicolas Batum s’est confié à Nathalie Levy sur différents sujets, de l’Équipe de France aux prochains Jeux Olympiques de Paris tout en passant par certains moments douloureux de sa carrière. Parmi eux, le décès de son père Richard sur un terrain de basket, et le processus pré-Draft qui a suivi quelques années plus tard où Nico a failli voir son rêve d’atteindre la NBA s’envoler brutalement. 

23 septembre 1991, Autun.

Près de 15 000 habitants, environ 60 bornes à l’est de Chalon-sur-Saône.

En plein match de basket, sur la ligne des lancers francs, Richard Batum s’écroule et décède d’une rupture d’anévrisme à 31 ans, sur le parquet de l’Autun Basket.

Dans les gradins se trouvent sa compagne, Sylvie, et son fils de deux ans et demi.

Ce petit garçon, c’est Nicolas Batum.

Avant de devenir le vétéran NBA que l’on connaît et un des piliers de l’Équipe de France, Nicolas et sa maman ont très rarement abordé le sujet du décès de Richard. Comme une forme de sujet hors-piste, comme une forme d’incompréhension et de confusion – aussi – sur les causes réelles de cette soudaine disparition. Ce n’était pas obligé d’en parler, et Nico pouvait continuer à développer son talent sur les parquets français comme il le faisait année après année. Mais un jour ou l’autre, il allait bien falloir faire face à une forme de vérité.

Cette vérité, elle viendra de manière incontournable au moment de la Draft. Car lors du processus de sélection de la Draft 2008, il est impossible pour le jeune ailier français d’éviter la question suivante : Nicolas Batum a-t-il des antécédents familiaux avec des problèmes de cœur ? Rempli d’émotions, Nico revient en détail sur ce moment de stress et de trouble intense.

“Juste avant la Draft, on fait des batteries de tests dans toutes les villes, les équipes, donc c’est un long processus pendant au moins trois ou quatre semaines, c’est assez fou. Et bien sûr qu’on demande des antécédents familiaux. Moi je dis que voilà, mon père est décédé d’une crise cardiaque.

C’est un sujet assez tabou que j’ai avec ma mère, c’est que j’ai jamais vraiment parlé avec elle. Au moment où il est décédé sur un terrain de basket, j’avais deux ans et demi et j’étais dans les tribunes avec elle, donc j’ai quelques souvenirs de ça, quelques flashs. Mais c’est vrai que c’est un sujet qui a été tabou.

Et en fait, je me suis retrouvé quelques jours avant de vivre mon rêve, la Draft NBA, où quelqu’un me décèle soi-disant un problème cardiaque.”

Après des tests cardiaques passés avec la franchise de Toronto, les résultats soulignent bien un problème au cœur chez Nicolas Batum.

Son workout avec les Raptors est tout de suite interrompu, ceux qui étaient prévus avec d’autres équipes sont subitement annulés, tandis que la cote du Français – initialement projeté dans le Top 15 de la Draft – chute brutalement. Nous sommes en juin 2008, soit 17 ans après ce drame vécu sur un parquet à des milliers de kilomètres de là. Ce qui devait être un rêve – celui d’intégrer la NBA en serrant la main de David Stern – se transforme en cauchemar, pendant que l’un des plus gros traumatismes de sa famille remonte à la surface.

La raison du décès de Richard devient alors le sujet central.

La famille Batum fait le nécessaire pour contacter le médecin de l’époque afin de clarifier la situation et assurer que le père de Nicolas est bien décédé d’une rupture d’anévrisme et non d’une crise cardiaque. Nicolas, lui, part pour l’Ohio afin de réaliser une nouvelle batterie de tests encore plus poussés.

“Je pars à Cleveland faire un dernier test et à la fin de ce test-là, c’est ou il est apte à jouer au basket, ou il est apte à rentrer chez lui faire autre chose, et d’arrêter tout de suite le sport. Donc c’était un peu le rendez-vous de la dernière chance.

Je me suis retrouvé dans une pièce, il y avait mon agent, le médecin, un traducteur, et au téléphone le médecin légiste de l’époque. Ça a été horrible parce que j’ai dû revivre minute par minute par le médecin légiste qui raconte exactement ce qui s’est passé et son diagnostic.

Mais en sortant de là, j’ai laissé le gamin dans cette pièce-là en fait. Je suis sorti en ayant quasiment fait mon deuil, en ayant compris, en étant passé par autre chose.”

Recevant au final l’autorisation des médecins de jouer en NBA, Nicolas Batum ressort grandi de cette expérience.

Il atterrit chez les Portland Trail Blazers après avoir été sélectionné en 25e position de la Draft. Derrière, Nico évolue pendant 7 saisons dans l’Oregon où il s’impose comme un couteau-suisse hyper solide dans la Grande Ligue, à tel point qu’il décroche un contrat de 120 millions de dollars sur cinq ans avec les Charlotte Hornets en 2016. Et plus important encore, la même année, il devient papa d’un petit Ayden.

Tout semble donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes au sein de la famille Batum.

C’est là que Nico va se retrouver une nouvelle fois confronté au traumatisme que représente la mort de son père.

“Quand je suis devenu papa à mon tour, en 2016, c’est vrai que ma première année ça a été compliqué pour moi juste d’aller jouer. Lorsque mon père est décédé j’avais deux ans et demi. Donc jusqu’à que mon fils ait trois ans, j’ai vécu un petit enfer en fait. Même pour aller jouer, ça a été très dur.

Ma femme elle me voyait partir aux matchs, j’avais l’impression que je pensais que j’allais pas rentrer. Pour moi la même chose allait m’arriver, j’allais les laisser. Je sais que ma femme parfois je lui disais, ‘ne viens pas au match parce que j’ai pas envie de vous voir dans les tribunes’.

Je faisais un mimétisme et ça a été très très très dur psychologiquement pour moi. Et c’était quasiment en même temps que mes années difficiles à Charlotte. Parce que ça, ça faisait partie de la chose en fait. Je l’avoue, j’ai eu des matchs où avant d’y aller, j’étais en pleurs chez moi parce que pour moi, j’allais pas rentrer quoi.”

Entre 2016 et 2020, Nicolas Batum voit son rôle chez les Hornets diminuer fortement, et ses statistiques chuter brutalement.

En galère sur le plan individuel, sous le feu des critiques à cause de son contrat, Nico est alors vraiment dans le dur.

Il faudra attendre sa prochaine expérience chez les Clippers, où il signe fin 2020 alors que son fiston a quatre ans et demi, pour véritablement le voir rebondir. Et la suite, on la connaît. Batum renaît jusqu’à devenir un membre fondamental de l’une des équipes les plus compétitives de la NBA, il décroche deux prolongations de contrat avec Los Angeles, et il sort l’une des actions les plus iconiques de l’histoire de l’Équipe de France aux Jeux Olympiques de Tokyo. Plus important encore, il devient une nouvelle fois papa, d’une petite Nayeli cette fois.

Désormais en position de remplir son objectif ultime de remporter un premier titre NBA avec les Clippers, Nicolas Batum sait qu’il revient de loin. Les expériences difficiles qu’il a dû traverser lui ont finalement permis de faire le deuil du décès de son père, et il peut ainsi aborder d’une façon un peu moins compliquée ce sujet avec sa maman Sylvie. Quelque chose nous dit que de tout là-haut, Richard doit être très fier de son fiston.  

Source texte : En aparté (Canal+)

“Parfois avant les matchs j’étais en pleurs parce que, pour moi, je n’allais pas rentrer”@nicolas88batum se confie à @nathalielevy57 dans #EnAparté > https://t.co/12TLqsIarC pic.twitter.com/QZ8hrgtuww

— CANAL+ (@canalplus) October 12, 2022