Victor Wembanyama a impressionné toute la planète basket : « C’est la rencontre entre Kevin Durant et Rudy Gobert »

Le 06 oct. 2022 à 13:02 par Arthur Baudin

Victor Wembanyama
Source image : montage TrashTalk via Twitter

Dans la nuit de mardi à mercredi, Victor Wembanyama a incendié les réseaux en claquant 37 points au nez et à la barbe des professionnels de l’Ignite Team. Yeux grands écarquillés, triple ration de superlatifs, comparaisons folles dictées par l’excitation : voici un florilège du meilleur – et du pire – de ce que l’on a pu entendre/lire à son propos.

« L’année dernière, j’ai convaincu ma femme d’aller voir jouer Wembanyama le jour de notre mariage à Paris. Je lui ai dit qu’il était un talent générationnel que nous devions le voir en vrai. Maintenant, elle pense que je suis un génie ». Chic flair que celui de ce “Rafael Barlowe”, directeur du scouting de NBA Big Board, une chouette newsletter qui alerte en temps réel sur l’évolution des mocks et dissèque les derniers revirements dans l’esprit du GM lambda. Mais des “derniers revirements”, il ne devrait pas y en avoir quarante-douze mille en tête de mock cette saison. Après sa performance à 37 points contre l’Ignite Team, Victor Wembanyama a plus ou moins mis tout le monde d’accord. On a alors pu lire/entendre des analyses, comparaisons et réactions à son sujet, aussi flatteuses que justifiées, parfois disproportionnées, mais qui ont toute fait écho à une seule et même pensée : Victor Wembanyama est un phénomène générationnel.

Wembanyama finishes with 7 three-pointers and 5 blocks, something that’s only happened once in NBA history

— Jonathan Wasserman (@NBADraftWass) October 5, 2022


Un simple match d’exposition et déjà des chiffres “records”. Le scout de Bleacher Report, Jonathan Wasserman, a tiré de la feuille de match de Victor une combinaison statistique peu commune : il n’est arrivé qu’une seule fois dans l’histoire de la NBA qu’un joueur inscrive 7 tirs à 3-points et pose 5 blocks. C’était Danny Green. Une nuit lors de laquelle le sniper avait la main plutôt chaude, et s’est vu récompensé de son investissement défensif par une feuille de match facile à remplir. Parmi les records que menacera Victor à son arrivée en NBA – si son processus de développement suit correctement son cours – les matchs à 5 tirs du parking et 5 contres pourraient devenir sa chose. Pour l’instant, le recordman est Raef LaFrentz avec quatre matchs à cinq 3-points et 5 blocks. Dans notre imaginaire, Vico fout LaFrentz dans le rétro dès sa saison rookie. Mais tout ne se passe pas toujours comme dans notre imaginaire…

Victor ne serait-il qu’un Porzingis “croissant-baguette” comme l’affirme ce brave internaute ? Si on lui retire son playmaking, sa mobilité accrue, son handle, son instinct défensif, plusieurs centimètres de taille/d’envergure et qu’il demande une coupe au coiffeur de l’armée, alors oui, Victor Wembanyama n’a pas grand-chose en plus que Kristaps Porzingis. Mais tous ne s’accordent pas sur les comparaisons. Pour ESPN, un GM d’une franchise NBA – resté anonyme – s’est permis une petite sortie de route : « C’est un Kevin Durant de 2m24 qui contre les tirs, et il n’est même encore proche de ce qu’il va devenir. Il sera le joueur le plus médiatisé depuis LeBron ». Toujours facile de s’enflammer quand on ne donne pas son identité et que les projets de la franchise en question ne sont pas rendus publics. Petit malin. L’un des analystes et scouts les plus médiatisés des Zitazounis, Jonathan Givony (ESPN), est lui aussi tombé dans la facilité en balançant des noms de All-Stars comme s’ils ne représentaient que de la défense, de la vitesse ou de la domination, et qu’on pouvait additionner tout ces critères comme du mauvais pain. C’est un peu bankable. Super flatteur, mais un peu bankable.

“Think Kevin Durant meets Rudy Gobert.”@DraftExpress says Victor Wembanyama is a prospect he’s never seen before 🤯 pic.twitter.com/RaUoJwC7G0

— NBA on ESPN (@ESPNNBA) October 5, 2022

Nous ce qu’on aime, ce sont les critiques pas constructives. Marre des “C’est un mix de LeBron James et Yogi Ferrell prime”, on voudrait un peu plus d’aigris dans cette vague d’optimisme. Ce n’est pas non plus la décla de Marc J. Spears – rédacteur pour ESPN et Andscape – qui va nous satisfaire. « De temps en temps, dans le sport, on assiste à un événement dont on se souvient pour le reste de sa vie. Ce match contre Victor Wembanyama est l’un de ces moments mémorables ». Mais qu’est ce qu’ils ont tous, ces professionnels qualifiés, à faire l’éloge d’un jeune alors que Jean-Yves Planchais, surclassé sénior départemental lors de sa dernière année cadet, nous assure que Victor est un jeune malpoli qui doit « dégonfler son melon 😉 ». On accorde donc que peu de crédibilité à la sortie de LeBron James comme quoi ce ne serait pas une “licorne” mais un “alien” et que « Personne n’a jamais vu quelqu’un d’aussi grand être aussi fluide et gracieux sur le parquet ». Du grand n’importe quoi.

LeBron a donné son avis sur Victor Wembanyama.

« C’est pas une licorne, c’est un OVNI » 👽 pic.twitter.com/UEv8aXxOrq

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) October 6, 2022

Interrogé par Bixente, Arsène Wenger aurait affirmé que Victor Wembanyama est “fort” et promis à “un bel avenir”. Le genre d’analyse pour laquelle on paie sans broncher notre abonnement télé. On boucle ça avec le scout de Forbes, Shane Young, qui après seulement quelques minutes de match mardi soir clamait déjà la “domination” de Victor Wembanyama comme acquise au plus haut niveau. Pas froid aux yeux le monsieur.

« J’en ai vu assez. Victor Wembanyama dirigera le monde un jour. Il ne devrait pas être un si bon tireur à 2m21 et 18 ans. » – Shane Young

Bon, les Américains ont comme nous encore un peu de mal à régler le curseur sur la taille exacte de Victor Wembanyama. On profite de cette fin de papier pour rappeler qu’il mesure 2m21 sans chaussures, ce qui fait… très grand sur le parquet.