L’épopée Kings 2002 – 20 ans plus tard : la Finale de Conférence face aux Lakers, du Game 1 au Game 5

Le 21 juil. 2022 à 18:06 par Arthur Baudin

Kings Lakers
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C’était il y a 20 ans, déjà. Les Kings s’offraient – sur la saison 2001-02 – la plus belle épopée de leur histoire en Playoffs, qui rentrera carrément dans la légende du basket lors de cette finale de conférence perdue contre les Lakers. Deux décennies plus tard, retour sur l’aventure d’une équipe si particulière, dont l’histoire est devenue un classique des récits pour coucher les gosses. Épisode cinq : la Finale de Conférence Ouest contre les Lakers, du match 1 à 5. 

Épisode précédent : L’épopée Kings 2002 – 20 ans plus tard : Rick Adelman contre Don Nelson, l’opposition entre deux coachs aux identités bien singulières

Les Kings ont terminé 1ers de la saison régulière, trois victoires devant les Lakers et les Spurs. Mais cette équipe peut-elle assurer au moment où cela compte le plus ? Après avoir cisaillé le Jazz de Stockton, Malone et Kirilenko, 3 à 1, puis écarté les Mavericks de Steve Nash et Dirk Nowitzki, 4 à 1, voici que la troupe de Rick Adelman s’apprête à croiser le fer avec les Lakers de Shaq et Kobe. Les Hollywoodiens viennent de tabasser les Spurs de Tim Duncan et David Robinson, 4-1, comme s’ils n’étaient qu’une équipe de milieu de tableau. Ce résultat témoigne de l’ampleur de la tâche à laquelle les Kings vont se frotter.

Match 1 à 3, la prise de conscience.

Les trois premiers matchs de la série révolutionnent le regard porté sur cette équipe de Sacramento. C’est à ce moment que l’on se dit : « bord**, mais oui, ils peuvent le faire ». En 2000 et 2001, les deux titres consécutifs des Lakers – amenés par une domination totale de l’association entre Kobe Bryant et Shaquille O’Neal – ont bâti une logique de résultat que l’on pensait imperturbable. Et quand une troupe de canailles qui sent le bitume et la vitrine de PMU se présente, sans complexe, et empoche deux des trois premières manches face aux Angelinos, la planète basket écarquille grand les yeux. Performer à hauteur de 61 victoires en saison régulière est une chose, mais bomber le torse et assumer face aux favoris en Playoffs en est une autre. Le Game 1 ? Gros tapage de poing sur la table signé Kobe Bryant. Le quadruple All-Star de 23 ans claque 30 points à 12/26 au tir, 6 rebonds, 5 assists, 2 interceptions et 2 blocks, sous les projos d’une Arco Arena climatisée.

En conférence d’après-match, Rick Adelman lâche la citation de l’année : « Savatez le fessier d’un cheval, vous goûterez à ses sabots ». Deux précisions autour de cette déclaration : primo, il n’a jamais dit ça, et deuzio, il aurait clairement pu le dire, ce revers ayant déclenché un petit bim-baboum-bidoum dans la tête de ses joueurs. Sur le Game 2, 35 points et 12 rebonds de Shaquille O’Neal ne suffisent pas à freiner une équipe de Sacramento vexée comme une puce. Avec seulement sept joueurs, les Kings déroulent un basket posé, pas tout le temps en réussite, mais qui a le mérite d’épuiser l’adversaire de par un immense défi physique. T’as beau t’appeler Shaquille, quand Chris Webber et Vlade Divac se mettent au boulot, c’est que tu vas y laisser de l’énergie. La troupe de Rick Adelman empoche donc cette seconde manche, et va même chercher la troisième grâce à un Chris Webber de gala : 26 points à 57% au tir, 9 rebonds, 6 assists, 3 interceptions et 1 block. Le 1er choix de la Draft 93 démarre cette série de la plus belle des manières, au milieu de coéquipiers dévoués à la cause. C’est-à-dire ? C’est-à-dire qu’un Doug Christie à 12 rebonds sur ce Game 3 témoigne d’une implication générale. Quand Shaq est en face, envoyer cinq hommes batailler sous le cercle n’est pas une option, et jusqu’à présent, tout le monde joue le jeu.

Match 4, ce fumier de Robert.

Un petit point. Dans cette quatrième strophe, les Lakers ne s’imposent que d’un petit point à la maison, 100 à 99. Cette rencontre fait partie de celles qui ont bâti la légende de Robert Horry, un simple role player dont la préciosité est, pour une équipe contender, inquantifiable. Ce missile à tête chercheuse, envoyé au buzzer du Game 4, est l’un des plus grands tirs de sa carrière. Il est surtout LE plus gros manque de bol dans l’histoire de l’institution Kings. Comment ce ballon arrive-t-il dans les mains du poste 4, isolé dans l’axe, les pieds plantés dans sa zone de confort ? Sur cette action, Chris Webber & Co. sont tellement omnibulés par le drive de Kobe et le rebond offensif de Shaq, qu’ils en oublient de surveiller les autres joueurs. Résultat, cinq défenseurs resserrés dans la peinture, persuadés que le danger ne peut venir que de l’intérieur.

Boum, sentence.

Match 5, le quasi coup de grâce.

Mais si ces Kings édition 2001-02 ont marqué l’histoire, c’est notamment grâce à leur caractère. Quand beaucoup d’équipe auraient été sonnées par ce tir, de façon définitive, eux ont instantanément réagi en remportant le Game 5 à la maison. Cette fois, c’est Mike Bibby qui s’est mué en héros avec un mi-distance clutchissime, à huit secondes du gong. Le genre d’action qui fait écho aux excellents choix réalisés par le front office californien à l’été 2001. On adore Jason Williams et ses passes du coude hein, mais il n’a jamais eu l’impact de Bibby sur des matchs à grand enjeu. Une preuve que ce management a tout mis en œuvre pour que les résultats sportifs priment sur l’aspect bankable et marketing de l’équipe. Sur la feuille de match de ce Game 5, le cumul à 58 points de Kobe et Shaq fait rêver les gosses, mais il ne décide pas pour autant du score final. Les Webber, Bibby, Turkoglu, Divac et Christie proposent un basket-ball harmonieux, homogène, qui ne centralise pas le jeu autour de deux stars. C’est en cela que ces Kings furent une hérésie à défendre. C’est comme ça qu’ils ont fait douter une équipe de Los Angeles qui, s’ils n’avaient pas été là, aurait vécu ces Playoffs 2002 comme une bonne balade d’après-repas : pépouze, une main dans la poche, l’autre sur la bedoche.

Les Lakers sont dos au mur, et les Kings, eux, face à l’histoire. Il ne reste qu’un seul match à gagner pour les hommes de Rick Adelman, qui n’ont plus qu’à appuyer sur la pédale d’accélérateur pour rompre la tradition du début des années 2000 et mettre les Hollywoodiens au tapis.