Détention de Brittney Griner en Russie : la joueuse américaine implore l’aide de Joe Biden dans une lettre envoyée à la Maison Blanche

Le 06 juil. 2022 à 16:21 par Arsène Gay

Brittney Griner 5 juillet 2022
Source image : YouTube

Dans une lettre symboliquement déposée à la Maison Blanche le 4 juillet, Jour de l’Indépendance des États-Unis, la superstar de WNBA Brittney Griner s’adresse directement au Président américain, Joe Biden, l’implorant de lui venir en aide. Détenue depuis mi-février en Russie après avoir été contrôlée en possession de vapoteuses et d’huile de cannabis, Griner est accusée de “contrebande de drogue”. Elle encourt jusqu’à 10 ans de prison.

C’était il y a quatre mois. Le 5 mars 2022, le New York Times, via un communiqué des autorités russes, révélait l’arrestation de la joueuse du Phoenix Mercury dans un aéroport de la banlieue de Moscou. La nouvelle fait forcément du bruit après l’invasion de l’Ukraine par la Russie deux semaines auparavant, surtout que Brittney Griner n’est pas n’importe qui. Adulée pour sa capacité à dunker avec une aisance jusqu’alors jamais vu dans le championnat féminin, Griner est avant tout une formidable basketteuse : double-championne olympique, double-championne du monde, championne NCAA en 2012 avec Baylor, championne WNBA en 2014 avec Phoenix, huit fois meilleure contreuse du championnat, sept fois All-Star… Le palmarès est indécent. Pourtant, malgré cette immense carrière, comme beaucoup de ses collègues en WNBA, la joueuse de 2m06 partait régulièrement jouer dans le championnat russe afin de compléter son salaire, loin d’atteindre les sommes mirobolantes touchées par ses homologues masculins.

Brittney Griner is a 3x All-American, an NCAA Player of the Year and a Final Four MOP. She’s won a pro championship, and been a 7x All-Star, 2x scoring champion, 2x DPOY and a member of her league’s 25th Anniversary Team.
Take that resume and imagine she played in the NBA. https://t.co/dPP995YNYu

— Aditi Kinkhabwala (@AKinkhabwala) March 9, 2022

Revenons-en aux faits. Après son arrestation, Griner est donc immédiatement mise en détention le 17 février selon plusieurs sources concordantes. Si l’information tarde à sortir, l’annonce du 5 mars provoque de nombreuses réactions, mais peu d’action. Face à la complexité de la relation historique entre USA et Russie et la situation géopolitique mondiale, la discrétion devient le mot d’ordre. Il faut attendre plusieurs semaines avant que des voix se fassent entendre. Le 11 avril, jour de Draft, la Commissionner de la WNBA, Cathy Engelbert, prend la parole pour dénoncer la situation actuelle en demandant le retour de Brittney. Presque un mois plus tard, le 3 mai, le gouvernement américain change de stratégie et décide de se positionner clairement en soutien à l’américaine, dénonçant une détention “injuste“.

Depuis, si elle ne s’est pas vraiment améliorée, la situation a malgré tout évolué. Vendredi 1er juillet, le procès de la basketteuse s’est ouvert dans le tribunal de Khimki, en banlieue de Moscou. Menottes aux poignets, bouteille d’eau à la main, t-shirt à l’effigie de Jimi Hendrix, Brittney Griner est bien là. Certes, elles ne réjouissent pas, mais les images rassurent. Plus grande interaction publique de la joueuse de 31 ans depuis son arrestation, le procès a néanmoins été repoussé au 7 juillet dès la première session. Désireuse de profiter autant que possible de cette période de médiatisation plus intense que lors des précédents mois, Griner a donc pris la décision d’envoyer ce lundi une lettre à la Maison Blanche, directement adressée au président des Etats-Unis, Joe Biden. Dans cette dernière, dont certains extraits ont été diffusés par la famille, la star enfile le costume de porte-parole d’Américains qui, comme elle, sont actuellement enfermées dans les geôles russes, sans perspective sur leur avenir :

“Je sais très bien que vous devez faire face à beaucoup de choses, mais s’il vous plaît, ne nous oubliez pas, moi et les autres détenus américains. S’il vous plaît, faites tout ce que vous pouvez pour nous ramener à la maison.”

Puis en continuant sur son cas personnel :

“Assise ici dans une prison russe, seule avec mes pensées et sans la protection de ma femme, de ma famille, de mes amis, de mon maillot olympique ou de tout ce que j’ai accompli, je suis terrifiée à l’idée d’être ici pour toujours […] Ma femme me manque ! Ma famille me manque ! Mes coéquipières me manquent ! Cela me détruit de savoir qu’ils souffrent tant en ce moment. Je vous suis reconnaissante pour tout ce que vous pouvez faire en ce moment pour me ramener à la maison.”

Malgré quelques courts contacts avec ses proches par téléphone, Griner fait donc part de ses difficultés à endurer la solitude, et la peur d’être oubliée. Jour-anniversaire de l’indépendance des États-Unis, le 4 juillet est une date importante aux yeux de Brittney, qui explique également que “la liberté signifie quelque chose de tout à fait différent” pour elle cette année. Les diplomates en charge de son dossier ont réagi publiquement à cette lettre, affirmant que “le gouvernement américain continue de travailler avec acharnement en utilisant tous les moyens disponibles pour la ramener chez elle. Face à la peine encourue, 10 ans de prison dans le pire des scénarios, chaque jour compte pour la joueuse dont l’issue du procès ne laisse que peu de place au doute. En Russie, moins de 1% des accusés dans les affaires pénales sont acquittés.

Brittney Griner sent a letter to the White House on Monday appealing directly to President Biden for help obtaining her freedom. She has been detained by Russian authorities for 137 days. pic.twitter.com/SvEIEvhQ05

— Bleacher Report (@BleacherReport) July 4, 2022

Source texte : CNBC