NBA DPOY Ranking 2021-22 : c’est par le silence d’une absence que l’on mesure l’importance d’une présence, n’est-ce pas Rudy Gobert ?

Le 30 janv. 2022 à 19:41 par Arthur Baudin

Utah Jazz défense
source image : montage TrashTalk

C’est reparti pour un tour. Qui dit saison NBA dit récompenses individuelles, et celle du Defensive Player of the Year est particulièrement appréciée. On connait des lauréats reconnus (Gary Payton, Hakeem Olajuwon, Dwight Howard, Michael Jordan…), des lauréats céfran (Joakim Noah et Rudy Gobert), mais peu – si ce n’est aucun – de lauréats ayant disparu des mémoires avec le temps. Ce qui veut dire ? Ce qui veut dire que quel qu’il soit, le DPOY élu est toujours quelqu’un et sa victoire finale introduit son blaze au panthéon du hustle, pour l’éternité. Qui sont aujourd’hui les leaders de la DPOY race ? C’est parti pour le checkpoint !

(Stats arrêtées au 30 janvier)

# Mentions individuelles

Comme chaque saison, la course au défenseur de l’année sépare quarante-douze noms d’un peloton de tête plus difficile d’accès. Parmi les valeureux bonshommes qui ne réunissent pas assez de critères pour se situer en contender sérieux, 9 noms méritent un coup de plume. Les absents, d’abord. Ceux qui n’ont pas joué assez de matchs pour craquer les portes du Top 10. On mentionne directement Anthony Davis et Myles Turner, deux big men à la sauce forteresse sur pilotis. Le premier nommé a rejoué avec les Lakers pour un total de 14 rebonds, 8 blocks et 3 interceptions en… 2 rencontres. Sa note défensive est de 105,5 points encaissés par match, contre près de 112 lorsqu’il n’est pas sur le terrain. Même topo pour Myles Turner, meilleur contreur de NBA avec 2,8 cueillettes par soir. L’intérieur des Pacers n’a plus senti l’odeur du parquet depuis le 15 janvier dernier, il est donc difficile de le réintégrer parmi les prétendants au trophée. On en tope une pour les chiens fous du backcourt, Matisse Thybulle, Gary Payton II, Chris Paul et Marcus Smart. Quatre piles électriques qui ne font pas payer l’épilation du nombril. Présent dans le Top 10 début janvier, Deni Avdija est quant à lui victime du naufrage collectif des Wizards et n’en demeure pas moins un excellent protecteur de périmètre. Les deux dernières mentions sentent la sueur, la raquette et les pieds-de-biche : Robert Williams III et Jared Vanderbilt ont rentabilisé les abonnements à Basic-Fit.

# 10 Gary Trent Jr.

À chaque phénomène de persévérance sa juste récompense, Gary Trent Jr. quitte enfin la zone des mentions pour le Galaswinda des défenseurs. Pendant qu’Evan Mobley joue aux raquettes de plage avec Giannis Antetokounmpo, que Rudy Gobert et Joel Embiid s’échangent des politesses sur un ring de boxe, l’ailier des Raptors découvre une hutte à son nom. « Eh ouai, Ben Simmons s’est fait piquer par une raie l’été dernier, on t’a refilé sa chambre du coup », lui explique le réceptionniste. « Pourquoi moi ? », rétorque un Gary Trent Jr. flatté à souhait. « T’es missionné sur tous les gros morceaux de la Ligue, dont DeMar DeRozan le 27 janvier dernier. Tu fais bien le job. Et puis, tu ne croyais pas que le statut de second meilleur intercepteur de NBA allait rester impayé ? ». Vu comme ça, Gary Trent Jr. n’a aucune honte à poser ses valises pour quelques semaines. Le réceptionniste quitte sa hutte et croise un Carmelo Anthony tout excité sur la route, qui s’est visiblement trompé de camping : « Y’a quel pourcentage de filles pour un défenseur ici ? ». « Ça dépend du défenseur ».

# 9 Dejounte Murray

Débattu en fond de placard avant le All-Star Game, Dejounte Murray sécurise tranquillement sa place dans notre ranking DPOY. Une note défensive de 106,9 points encaissés par rencontre, le statut de meilleur intercepteur de NBA (2 vols de ballon par soir) et un duo avec Jakob Poeltl que l’on ne souhaite à aucun attaquant, même les plus expérimentés. On ne saurait pas dire si sa défense est son point fort tant Dejounte est un joueur all-around, mais son plafond n’affiche pour l’instant aucune limite qui le priverait d’une All-Defensive Team. Pour le petit mot doux qui transforme un dimanche soir en samedi matin, faites-vous chauffer une tisane et pendant que l’eau bout, prenez le temps d’imaginer ce que donnerait Dejounte Murray sous le maillot des Cavs, aux côtés d’Isaac Okoro, Evan Mobley et Jarrett Allen.

# 8 Joel Embiid

Il est l’arbre qui fait de l’ombre à Matisse Thybulle, Joel Embiid est sans aucun doute le meilleur défenseur de Philly. Il possède une note défensive de 104,5 points encaissés par match, contre 108,5 pour les Sixers cette saison. Autant vous dire que quand le Camerounais n’est pas là – le plus souvent gêné par son genou – le secteur intérieur n’est plus un sujet tabou dans les causeries adverses. Peu d’intérieurs osent effectivement jouer Joel Embiid au dos, pour la simple et bonne raison qu’ils en repartent le plus souvent bredouilles, l’ego blessé. Mais ce n’est pas dans la simple contenance qu’il est le meilleur. Sa couverture sur défense de pick-and-roll permet à Tyrese Maxey – ainsi qu’aux autres extérieurs – de se replacer sans craindre la punition instantanée. Sans pour autant parcourir des kilomètres, Joel Embiid gère très bien l’écart entre le meneur et le poseur d’écran. Une lecture qui n’est pas donnée à tous.

# 7 Jimmy Butler & Bam Adebayo

Romulus et Rémus, Timon et Pumbaa, Rox et Rouky, Doc et Marty, Dupont et Dupont, Bam Adebayo et Jimmy Butler. Difficile de les séparer, encore plus de les faire sortir de ce Top 10. Les deux acolytes représentent dignement ce qui se fait de mieux dans la défense moderne. Malgré leurs nombreuses absences – 25 et 32 matchs joués pour Bam et Jimmy, sur 50 possibles – comment ne pas citer les deux piliers de la 6ème défense de NBA ? L’un, le plus grand, a une note défensive de 104,7 points encaissés par rencontre (contre 107,5 pour toute l’équipe du Heat). Sa versatilité lui octroie une place forte dans le système d’Erik Spoelstra. Il n’est pas rare que P.J. Tucker – très valuable également – ne descende gêner l’intérieur adverse, et que Bam Adebayo se retrouve sur une pile électrique censée lui cisailler les hanches en deux dribbles. À chaque fois que cela arrive, Bam déconstruit l’idée du petit mobile et du grand pâteux, de par notamment de chouettes déplacements latéraux. Pour ce qui est de Jimmy Butler, lui aussi est second meilleur intercepteur de NBA avec 1,9 vol de cuir par match. Ses cartons offensifs sont d’autant plus impressionnants qu’il dépense beaucoup d’énergie de l’autre côté du parquet.

# 6 Jaren Jackson Jr.

Accrochez-vous à n’importe quoi, la stat qui suit fait l’effet d’un séisme de forte magnitude : Jaren Jackson Jr. a contré plus d’adversaires que commis de fautes sur le mois de janvier. Bon, pour une transparence des plus totales, c’est faux depuis cette nuit avec 4 coups de sifflet en sa défaveur face aux Wizards. Il pointe donc à 52 blocks et 53 fautes, un déséquilibre à inverser lundi soir sur le parquet des Sixers. La note défensive de l’Ourson tope les 106,8 points encaissés par rencontre (contre 108,3 pour les Grizzlies). Il est le deuxième contreur de NBA avec 2,3 scotchs distribués par soir, juste derrière Myles Turner. De surcroît Memphis est la 9ème meilleure défense de la Ligue. Son rôle central dans l’organisation défensive de Taylor Jenkins implique un grand nombre de courses – notamment dans les aides – et lui octroie la possibilité de lock-down des extérieurs. À la fougue, au Grit & Grind.

# 5 Evan Mobley et Jarrett Allen

« Il est peut-être le rookie le plus talentueux avec lequel j’ai joué, capable de contrôler tant de choses sur le terrain, même quand il ne score pas ». Les mots de Rajon Rondo au sujet d’Evan Mobley résonnent dans nos esprits, à la manière d’une bonne reconnaissance de la street. Même quand il ne score pas, Evan Mobley est capable d’inverser un momentum, de dégoûter les intérieurs – et extérieurs – adverses, d’insuffler un nouvel élan à ses Cavaliers. On se souvient des paroles de Bixente Lizarazu à Samir Nasri : « dribble, tente, moi je m’occupe de la défense et toi de l’attaque ». C’est un peu le même topo pour Darius Garland. Il ne serait sûrement pas aussi coté si deux tours jumelles n’assuraient pas ses arrières. En complément d’un Evan Mobley qui voyage dans le périmètre, Jarrett Allen est assigné à la douane. L’ancien des Nets dissuade énormément avec une note défensive de 102,6 cette saison, contre 105 pour toute l’équipe de Cleveland.

# 4 Mikal Bridges

« Eh euh, Mikal Bridges il fait le pont ou quoi ? Par rapport à son nom de famille t’sais ». On arrive sur le haut du panel avec des gars qui, petit à petit, s’assurent une présence dans la première All-Defensive Team. Petit rappel, Philippidès était le messager chargé de courir de la ville de Marathon à Athènes pour éviter un désastre. En fait, l’armée grecque a gagné la bataille de Marathon, dernier bastion qui protégeait Athènes des Perses. Mais les Athéniens étaient persuadés que les Perses avaient pris Marathon, et se préparaient à brûler Athènes pour ne rien leur laisser. La politique de la terre brûlée, à la seule différence que femmes et enfants athéniens allaient être assassinés, histoire de ne vraiment rien leur laisser quoi. La légende dit que Philippidès a couru les 40 kilomètres qui séparent Marathon de Athènes, s’est arrêté devant les portes de la ville et a crié la victoire grecque. Il s’est ensuite effondré, mort de fatigue, et ne s’est jamais relevé. Tout ça pour dire que si Mikal Bridges avait été le messager, il aurait même pu retourner à Marathon pour les prévenir que les Athéniens sont prévenus.

# 3 Giannis Antetokounmpo

Comme chaque saison depuis six saisons, Giannis Antetokounmpo s’invite parmi les meilleurs défenseurs de NBA. Bien sûr, son physique lui octroie quelques garanties dont aimeraient bien profiter des gars comme Mikal Bridges, mais va-t-on réellement débattre autour de l’égalité des chances dans un ranking DPOY ? Andre Drummond n’étant pas dans ce classement, on ne parlera pas de « prédispositions physiques » mais de bonne utilisation de ces dernières. Bref, les Bucks sont la 8ème défense de la Ligue avec 107,9 points encaissés par rencontre, contre 103,2 lorsque Giannis est sur le terrain. Ses moyennes de 11,3 rebonds, 1,4 contre et 1 interception par rencontre traduisent une certaine versatilité, confirmée par les images. Il peut effectivement contenir un meneur, embêter un pivot et se jouer lui-même au baby-foot.

# 2 Draymond Green

Il est à l’infirmerie depuis le 10 janvier dernier mais ne descend pas au-delà de la deuxième place de classement. Annoncé sur le retour début février, Draymond Green retrouvera des Warriors qui n’ont toujours pas quitté leur trône de meilleure défense de NBA. On se voyait mal le bouger au profit d’un opportuniste alors que sa note défensive perso est de… 99,2 points encaissés par rencontre. Il n’a joué que 3 matchs en début de mois, on ne sait pas trop quoi dire, donc on met un lien vers le générique de la Famille Pirate.

# 1 Rudy Gobert

Parce que des mots valent 1000 images, ou un truc dans le genre, on a retrouvé le journal intime de Donovan Mitchell. Spoiler, il parle de l’absence de Rudy Gobert. Le céfran n’a joué que 7 matchs en janvier (protocole COVID puis blessure au mollet).

« Il n’a d’existence qu’au travers de son empreinte sur la mienne. Écrire, ce n’est rien d’autre que faire le tour de son absence. Dieu, qu’il me manque. Il ne m’est mutilation que son absence. Sans lui, je ne suis qu’une ecchymose qui lève, qu’un malheur en train de faisander, qu’un arrière d’une équipe de Top 12. L’autre jour, j’ai même entendu Quin Snyder et Justin Zanik discuter de De’Aaron Fox. Je pense qu’ils veulent m’échanger. Ici, tout le monde est sur les nerfs sans Rudy. Sauf Mike Conley, mais lui je ne l’ai jamais vu énervé. »