Paul Westphal nous a quitté : en vraie légende qu’il est, il a attendu que les Suns fassent de nouveau rêver
Le 03 janv. 2021 à 16:45 par Alexandre Martin
Nous sommes le 3 janvier 2021, les Suns font de nouveau rêver mais Paul Westphal vient de nous quitter. On dit parfois que le hasard fait bien les choses… Coïncidence, signe du destin ou ironie du sort, le hasard a voulu hier que les Cactus se retrouvent en tête de la NBA – ce qui ne leur était plus arrivé depuis bien trop longtemps – le jour où une des plus grandes légendes de la franchise s’est éteinte pour toujours.
La sphère NBA toute entière a rendu et rend hommage à “Westy”, notamment du côté de Boston où il a commencé sa carrière de joueur et du côté de Sacramento où il a fini sa carrière de head-coach. Néanmoins, c’est bien à Phoenix que les larmes coulent à flot. Car après trois premières années de joueur au sein de la grande maison verte des Celtics et une bague glanée avec l’équipe de 1974, Westphal est envoyé en Arizona en échange de Charlies Scott. Dès sa première saison avec les Suns (1975-76), il devient le meilleur scoreur et le meilleur joueur de l’équipe. Il fait tout de suite partie des leaders d’un groupe qui ira jusqu’en Finales sous la houlette de John McLeod, un coach dont Westphal s’inspirera grandement par la suite. En attendant, l’ami Paulo sera surtout l’un des acteurs principaux de ces Finales, perdues face aux… Celtics, mais comportant ce fameux Game 5 encore considéré par beaucoup comme le match du siècle. Rien que ça. Il faut dire qu’au delà du magnifique niveau de jeu proposé par les deux équipes, le scénario fut digne de James Ellroy. Trois prolongations c’est déjà rare à la base mais alors sur un match de Finales, les exemples se comptent sur les doigts d’une main.
Sur ces Finales de 1976, Paul Westphal c’est plus de 20 points et plus de 5 passes décisives de moyenne. Il n’y a qu’à entendre comment un monstre comment Bill Walton décrit les aptitudes de Westphal pour comprendre qu’avec lui les Suns sont très sérieux pour la première fois de leur histoire, encore courte à l’époque (franchise créée en 1968) :
“Paul Westphal était un génie créatif. (quand il attaquait le cercle) Son corps pouvait partir dans un sens, sa tête dans l’autre, ses jambes partaient dans tous les sens…”
Les quatre saisons suivant les Finales de 1976 ne peuvent que donner raison à Walton. Paul Westphal enchaîne les grosses performances et est All-Star quatre fois de suite en tant que Cactus. Westy exprime tout son talent de combo-guard. Slasher incontrôlable et capable de shooter dans le périmètre, il est très difficile de l’empêcher de planter. Avec 25,2 points de moyenne sur l’exercice 1977-78, il est dans le top 10 de scoreurs (6ème). Dans le même temps, il n’oublie pas de créer aussi pour ses coéquipiers. Les Alvan Adams, Walter Davis ou encore Truck Robinson se régalent de caviars que leur pote Westphal leur envoie.
Les aléas de la vie d’un joueur NBA enverront ce bon Paulo tout d’abord vers Seattle, puis vers New York avant de le ramener à Phoenix pour une dernière saison, histoire de raccrocher définitivement les sneakers en 1984. Très vite après sa retraite, il sera sollicité en tant que coach par des universités en Arizona. Il s’y fera les dents pendant trois ans avant de rejoindre les Suns et le staff de Cotton Fitzsimmons en tant qu’assistant. De 1988 à 1992, Paul Westphal apprend. Les Suns sont une équipe forte de la ligue avec deux années de suite (1989 et 1990) où ils atteignant les Finales de conférence. Puis, à l’été 1992, les rênes de lui sont donnés. Et le moins qu’on puisse dire c’est que le résultat fut probant. Westphal va prendre en main des Suns qui viennent d’accueillir parmi eux un certain Charles Barkley et en faire immédiatement la plus performante escouade de cactus que l’Arizona ait connu.
La meilleure attaque de la ligue, Charles Barkley MVP, une défense très honorable, des lieutenants et des role players qui connaissent et comprennent parfaitement leurs places, ce qu’ils doivent faire pour gagner. Et ça gagne ! 62 fois en régulière pour commencer puis ça domine tout l’Ouest en Playoffs pour affronter les Bulls en Finales et d’y subir la partition parfaite et irréelle de Michael Jordan. Au passage, le match 3 de ces Finales 1993 n’a trouvé son vainqueur qu’au bout de trois prolongations. Paul Westphal aura donc été un acteur majeur dans deux des plus incroyables matchs de Finales dans l’histoire NBA. Une coîncidence ? Peut-être. Mais aucune surprise à voir les Suns, dos au mur, remporter cette rencontre puisque leur coach était déjà passé par ce genre de match.
Aucun autre membre de l’organisation des Suns n’est passé aussi près de donner un titre à Phoenix que Westy. Aucun.
C’est pour cela que quand Paul Westphal a été diagnostiqué d’un cancer du cerveau en août dernier, une grande inquiétude a envahi les terres arides de l’Arizona et les pensées de tous les fans des Suns. Une inquiétude qui a laissé place, hier, à une immense tristesse, celle d’une famille qui vient de perdre un de ses piliers.
En bonus, voici le discours d’intronisation au Hall of fame de Paul Westphal. Un exemple d’humilité et de clairvoyance.