Le Palace d’Auburn Hills a été détruit : ô Palace, le temps passe mais rien ne s’efface

Le 12 juil. 2020 à 11:38 par Alexandre Taupin

Palace 12 juillet 2020
Source image : Twitter /Omarisankofa

Le Palace d’Auburn Hills a été détruit ce samedi : la fin d’une époque pour bon nombre d’amoureux de la balle orange… Ce temple de la dureté, cet antre du trash où le collectif a souvent primé sur l’individu ne saurait disparaître sans un dernier hommage digne de ce nom. 

C’est donc à 8h du matin ce samedi qu’est survenu l’événement, la fin d’un monstre sacré du basket NBA : la destruction du Palace d’Auburn Hills. Pour ce qui ne chialent pas encore face à cette nouvelle, voici quelques images qui risquent de faire mal.

Here’s the implosion of The Palace of Auburn Hills. Started at 8 a.m. on the dot and ended in a matter of seconds, leaving a cloud of dust pic.twitter.com/su0q1zrrhy

— Omari Sankofa II (@omarisankofa) July 11, 2020

Une fin qui a même inspiré certaines de nos plumes les plus émérites, touchées par cette disparition. On vous laisse profiter de ces quelques vers, qui ne manqueront pas d’inspirer une certaine nostalgie chez les plus anciens.

Ô Palace
Le temps passe mais rien ne s’efface
Le temps passe mais tu gardes cette place
Cette place au fond de nos cœurs
Ces rires, ce sang, ces pleurs

Ô Palace
Le temps court mais au long cours
La chaleur moite de tes grands jours
Et ces tartines de bon matin
Manquent à notre quotidien

Ô Palace
Tes Laimbeer et tes Thomas
Tes Billups et tes Wallace
Demeurent gravés dans nos mémoires
Tout comme l’ivresse de tes grands soirs

Ô Palace
Les bagues, les gouaches et les uppercuts
Les victoires, les mêlées et les disputes
Ont fait de toi un vrai cauchemar
Ont fait de toi ce lieu à part

Ô Palace
Désormais tu es poussière
Mais les images et les cris d’hier
Resteront pour toujours là-haut
Dans le tiroir de nos idéaux

Inauguré en 1988, le Palace d’Auburn Hills a été la maison des Pistons pendant 29 ans. Vingt-neuf années qui auront vu l’ascension de deux équipes légendaires à savoir les Bad Boys, champions en 1989 et 1990, éternels rivaux de Michael Jordan mais aussi les “cols bleus” du début des années 2000, vainqueurs du titre 2004 face aux Lakers. Deux équipes symbolisées par une rigueur et une dureté comme on en n’a peu vu dans l’histoire. Ils s’appelaient Isiah Thomas, Joe Dumars, Denis Rodman et Bill Laimbeer pour les uns, Chauncey Billups, Rip Hamilton, Tayshaun Prince, Ben et Rasheed Wallace pour les autres. Deux équipes qui ont porté le principe du jeu collectif à son niveau d’excellence, leur permettant d’écrire quelques très belles pages de l’histoire de ce sport. Des collectifs qui étaient à leur tour bonifiés par leur antre : le Palace d’Auburn Hills. Qui n’a jamais chanté un petit DE-TROIIIIIT BASKETBALL dans son salon ? Ce chant, lancé en 2001 par John Mason, le speaker de Motor City, s’est littéralement fondu dans l’âme des Pistons. Quand tu l’entendais tu savais que tu allais douiller parce que tu étais chez les Pistons. Cinq chiens fous sur le terrain, au moins autant sur le banc et quelques 22 000 barges qui ne demandent qu’à rentrer sur le terrain pour te porter le coup de grâce. C’était ça le Palace. C’était tellement ça qu’il pouvait, malheureusement, y avoir des incidents parfois. Combien de bagarres avec les Bulls, les Celtics, les Pacers ? Qui sait si l’épisode de “Malice at the Palace” aurait eu lieu si l’adversaire du jour n’avait pas été Indiana. Adversaires quelques mois plus tôt en Finale de Conférence, les deux équipes ont des styles proches : physiques, dans l’agressivité, sans superstar mais plutôt des gros collectifs avec des joueurs de devoir. Et ce qui devait arriver arriva. Trop de cols bleus tue le col bleu. Ce qui est toujours aujourd’hui considéré comme la pire bagarre de l’histoire de la NBA. Dans une autre salle, cet événement aurait sans doute dénoté avec la tradition et on aurait parlé de cela comme d’un fait isolé mais c’était Detroit… C’était le Palace. Pas une salle lambda où tu gagnes de dix points et chacun rentre manger la dinde. Il fallait de l’intensité, du trashtalking, du jeu rude et du sang.

Remplacée en 2017 par la Little Caesar Arena, elle était encore considérée par tous comme la maison des Pistons. Sa disparition risque de hanter quelques temps les fans les plus fervents. Mais croire que l’esprit des Bad Boys raisonnait seulement dans une bâtisse et des murs en béton est un non-sens. Cette force existe toujours et il ne tient qu’aux Pistons de la recréer dans leur nouvel antre. Avec le succès qu’on leur connaît et qu’on leur connaîtra toujours.