Le merveilleux comeback de Derrick Rose : au bord de la retraite il y a deux ans, plus confiant que jamais aujourd’hui
Le 28 oct. 2019 à 15:23 par Bastien Fontanieu
On prend son début de saison pour acquis, et on n’en parle pas assez car les Pistons se sont inclinés sur leurs deux derniers matchs. Mais quand on pense à ce qui s’est passé il y a deux ans, le retour de Derrick Rose au top de sa forme relève presque du miracle. Un plaisir partagé par toute la planète basket.
24 novembre 2017. C’était un vendredi. On s’en souvient comme si c’était hier. Le test chez les Knicks n’ayant pas marché, Derrick Rose décide de jouer la gagne en rejoignant LeBron, chez les Cavs, pour pas cher pendant l’été. Une décision humble, intrigante, intéressante, prometteuse même. Car quand on voit Dédé nous planter 20 points à Washington quelques jours précédent ce Black Friday, dès l’entame de la saison, on se dit que le pari sera payant au final. Et que son duo avec LeBron, hype de chez hype, pourrait fonctionner. Mais après cette perf, les ténèbres vont s’ouvrir pour le meneur et l’emmener sur un chemin qui nous semblait – à l’époque – inimaginable. Un match, deux matchs, trois matchs en étant inactif. Que se passe-t-il ? Qu’arrive-t-il à Derrick Rose ? Quatre, cinq, six puis sept matchs sans voir le meneur. Non seulement le phénomène est absent des parquets, mais il est même absent de l’équipe. Les sourcils sont froncés, l’incompréhensible domine. On ne sait pas ce qui se passe. Jusqu’à ce fameux vendredi 24 novembre 2017, journée sombre pour les fans de basket.
Embourbé dans un merdier pas possible, au bord de la crise personnelle, le meneur est écarté des Cavs. Silence radio autour de lui. Derrick a besoin de temps pour contempler son avenir lié au basket-ball, voilà ce qui nous est rapporté, au loin, pendant que l’inquiétude grimpe à une vitesse vertigineuse. Alors âgé de 29 ans, l’ex-MVP inoubliable de 2011 est littéralement en train de considérer sa retraite. Ce dingue de basket, cet amoureux d’un sport qui lui a permis de quitter les quartiers malfamés de Chicago et tutoyer les étoiles, pense à définitivement ranger ses pompes. La tristesse est palpable, sur les réseaux sociaux comme dans la grande famille de la NBA, on se serre les coudes. Personne ne veut voir Derrick partir, pas ainsi, pas maintenant, pas comme ça Zinedine. On se dit qu’il reste un espoir, que tout est possible, qu’il existe un scénario dans lequel Rose va retrouver la foi, la joie, qu’il va pouvoir se stabiliser dans ce chaos intérieur, régler ses affaires et nous montrer une nouvelle fois à quel point il est fort. On se le dit, mais on l’espère, surtout. Car en ce 24 novembre 2017, il est plus question d’espoir qu’autre chose.
Fast forward.
Lundi 28 octobre 2019.
Regardons le chemin parcouru.
Regardons le chemin parcouru et réalisons ce qu’on est en train de vivre.
Derrick Rose est à Detroit, vient de démarrer sa saison avec 18 puis 27 puis 31 points sur les trois premières rencontres. Le drive est à nouveau confiant, les initiatives sont prises sans se poser trop de questions. Même le sourire est de retour. Réalise-t-on ce que Derrick Rose est en train de faire, loin des spotlights ? Faut-il que son équipe cartonne, que ses performances soient dignes de ses années MVP ou que ce soit son anniversaire pour qu’on l’acclame ? Il y a bientôt deux ans, c’est dans un malêtre total que le meneur vivait, ne sachant par où commencer, ne sachant où aller, ne sachant ce que demain allait lui réserver. Puis il y a eu ce transfert dans le Minnesota, comme un premier micro-décalage des astres pour alignes les planètes. Un premier test, sous Tom Thibodeau, who gives a shit se disait-on à ce moment-là. Ne sachant pas, dès lors, ce qu’on allait vivre en l’observant, ce qu’il allait vivre sur les terrains. Puis il y a eu cette prolongation chez les Wolves, on sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher. Le système solaire tout entier s’y met et la première éclipse a lieu le 1er novembre 2018. C’était il y a un an, quasiment jour pour jour. Blackout complet de la NBA, Rose plante 50 points sur la tête du Jazz et la planète basket sort ses plus belles lunettes en esquissant un sourire. L’ovation est mondiale, le retour du garçon a plus que commencé, il est ici ponctué d’une telle manière que les émotions prennent le dessus sur la perf en elle-même. Suivra une cinquantaine de matchs en sortie de banc chez les Wolves, avec 18 points de moyenne, quelques pépins physiques à régler mais la plus grosses des étapes validées. Derrick Rose peut rejouer en NBA, Derrick Rose n’a pas abandonné, Derrick Rose peut nous faire revivre ses plus belles années, même le temps d’un soir. Que va-t-il faire par la suite ? On ne sait pas. Mais vu qu’on ne sait rien depuis le début, depuis ce vendredi 24 novembre 2017, on va juste le suivre.
La free agency pointe son nez et les offres sont là. Rose est demandé, Rose est célébré, mais s’agissait-il d’un one shot dans le Minnesota qui va s’effondrer, ou pas ? Est-ce qu’on va encore se donner des tonnes d’espoir avant d’être taclés à la gorge par une nouvelle blessure, une rechute, un procès, quelque chose de dramatique et impitoyable ? Pas loin de son Illinois de coeur se trouve le Michigan, et les Pistons ont besoin d’aide. Avec le prof de ski du coin accessoirement sosie raté de Bobby Shmurda comme meneur titulaire, la franchise de Detroit ne dit pas non à un petit coup de boost en sortie de banc. Et parce que Derrick vit dans le moment présent, parce que la passion pour son sport et le plaisir qu’il y prend dépasse la notoriété ou le respect qui lui est donné, c’est sans le moindre problème qu’il accepte de signer chez les Pistons en tant que sixième homme. Combien de stars a-t-on vu, par le passé, s’accrocher à une idée fixe d’eux-mêmes, refusant de s’adapter à un nouveau rôle, alors que c’est pourtant nécessaire afin de prolonger leur carrière ? Rose ne veut pas suivre cette lignée, il a certes une image et un nom qui résonne, mais là n’est pas le plus important. Il est dans cette prise de plaisir, dans ce bonheur quotidien, de pouvoir vivre dans une équipe, être à l’échauffement avec les copains, produire balle en main et être utile à un projet de groupe. Taper un selfie avec Sekou Doumbouya, déconner avec Andre Drummond, donner des conseils à Luke Kennard. Les petites choses de la vie, de sa passion, qui lui redonnent cette joie de vivre. L’alignement des planètes devient total lorsque Blake Griffin, attendu de pied-ferme cette saison, se blesse en début d’automne. Il n’y aura pas de rouquin All-Star prêt pour la reprise, il y aura aussi un clair besoin de scoring pour pallier son absence chez les Pistons. On se demande vraiment qui va pouvoir aider en ce sens. On vous laisse deviner qui va prendre la suite.
Nous sommes le 28 octobre 2019, deux ans après la quasi-retraite de Derrick Rose, un an après son incroyable match à 50 points avec les Wolves. Aujourd’hui ? Le dragster semble avoir retrouvé ses cannes. Il prend son pied, score à outrance, s’éclate dans un rôle qui lui va à merveille et ne se soucie pas du reste. Pour certains, ce n’est pas assez. Pour d’autres, c’est un véritable miracle. Mais pour Derrick, avant tout, c’est un bonheur qu’il ne pensait plus retoucher. Quel comeback, quelle détermination, et quel alignement des planètes.