L’Australie au pied du podium et tant mieux pour nous ? Wait a minute, vous n’avez pas fini d’entendre parler des Boomers

Le 15 sept. 2019 à 13:24 par Giovanni Marriette

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Source image : FIBA

C’était l’une des équipes qui avait les moyens de jouer les trouble-fêtes dans cette Coupe du Monde… et elle l’a fait. Elle l’a fait avec ses armes, échouant finalement au pied du podium, comme lors des Jeux de 1988, 1996, 2000 et 2016. Ok Raymond Poulidor. Première équipe à envoyer un message à Team USA (victoire en prépa), invaincue jusqu’en demi-finale, la bande à Vincent Cassel Lemanis est finalement tombée les armes à la main et après deux prolongations face à l’Espagne, avant de craquer en fin de match face à nos petits (grands) Bleus. Une déception au final pour cette équipe qui avait les armes pour aller au bout, mais la promesse de lendemains heureux, avec un certain… Ben Simmons à la mène.

Peu d’observateurs s’accordaient à dire que ces Australiens avaient une gueule de potentiels champions du monde, mais tout le monde ou presque était d’accord pour dire qu’un podium ne serait pas une surprise. Un groupe de grands malades, une alternance parfaite entre des incendiaires du shoot et des masseurs kinésithérapeutes dans la raquette, avec deux ou trois facteurs X potentiels qui ne demandaient qu’à se faire connaître ? Cocktail plutôt appétissant qu’on se disait. rapidement d’ailleurs les Australiens se poseront en véritable machine à scorer et à gagner, avec trois premières victoires face au Canada, le Sénégal et à la Lituanie, on a connu des échauffements plus tranquilles. La suite ? Une victoire un peu étriquée face à la République de Miss Dominique, mais une victoire quand même, puis ce chef d’œuvre d’attaque face à la France, qui envoyait les Boomers vers un quart de finale tranquille et les Bleus dans la gueule du loup américain. Cinq matchs, cinq victoires et bientôt six puisque la République Tchèque sera tranquillement mise de côté. Objectif dernier carré rempli, place au vrai basket. L’Espagne en demi-finale d’une compétition internationale ? Autant se frapper la tête contre un mur et espérer ne jamais saigner, mais si les Australiens finiront par baisser pavillon devant l’immensité de Marc Gasol, Ricky Rubio ou Sergio Llull, on se souviendra de ce match comme de deux heures durant lesquelles Patty Mills et ses coéquipiers auront fait plus que douter la Roja. Il n’aura en fait manqué qu’un Joe Ingles pour s’en sortir, le bossu gaucher passant alors à côté de son match, victime d’une énorme cuite panne cruelle d’adresse au plus mauvais moment, poke l’EDF. L’Équipe de France parlons-en, puisque c’est donc elle qui terminera la bête blessée dans le match pour la médaille de bronze, en offrant deux visages diamétralement opposés lors de la petite finale. résultat des courses ?

Une quatrième place, une de plus, mais de sacrées promesses et beaucoup de positif à retenir pour la formation océanienne…

Beaucoup de positif, à commencer par les performances des hommes en place. Patty Mills ? Intenable durant toute la compétition, à deux paniers d’être un potentiel MVP du tournoi. On connait la maladie du gars pour le tir, rajoutez une bonne cuillère de patriotisme à tout ça et vous obtenez une puce que personne ou presque n’aura réussi à freiner durant tout la Mondial. Peut-être même d’ailleurs qu’il est déjà reparti au pays à la nage, Duracell style. Joe Ingles ? Leader accompli, dans son style, malheureux au tir en demi mais auteur d’une Coupe du Monde parfaite, dans son pur et personnel rôle de point forward floppeur magicien. Matthew Dellavedova ? L’homme que tout le monde aime insulter mais l’homme que chacun de ces gens rêvent en secret d’avoir dans son équipe. Leader en défense, efficace en attaque, tête de con, tout ce qu’on aime. Dans la catégorie de ces mecs qui peuvent facilement passer pour des tanches en NBA mais qui se dévoilent au monde tous les étés ? Aron Baynes et Andrew Bogut, doublette de bûcherons élevés en mâchant de la ferraille, mais esthètes du basket (pour Baynes faut pas pousser non plus) chaque été, accumulant chacun les buckets du parking (Aron) et les paniers soyeux dessous (Andrew). Rajoutez à cela un Nick Kay monstrueux d’efficacité sur les deux derniers matchs, le punk à chien Jock Landale parfait dans son rôle de poste 4 qui attaque et les pépères Creek et Goulding également capables d’apporter sur de courtes séquences, et vous obtenez un roster équilibré et efficace, le… quatrième meilleur de ce Mondial.

Une nouvelle quatrième place donc, mais là où les sourires se font toujours plus nombreux pour la fanbase kangourine, c’est quand elle regarde dans la lunette. Car qu’est-ce qu’il y a dans la lunette ? Il y a Thon Maker, Jonah Bolden, Dante Exum Ben Simmons. Ben Simmons, ROY 2018, 23 ans depuis juillet, et clairement l’une des raisons de sourire en Australie. On parle tout simplement d’un meneur de 2m08, sans tir on le sait, mais d’un game changer qui pourrait faire passer l’Australie du rang d’éternel contender à celui de favori. Imaginez un instant des Boomers démarrer leurs matchs avec Benny et faire sortir Patty Mills du banc, les faire jouer de bonnes grosses minutes ensemble ? A l’échelle FIBA c’est énorme et si le loustic daigne faire l’effort dès l’été prochain aux JO, attention à tous ceux qui croiseront le fer avec une équipe déjà sacrément en place sans son potentiel meilleur joueur. Exum, Bolden et donc Simmons en potentiels renforts, mais une formation qu’il faudra accentuer au pays pour offrir aux futurs leaders un supporting cast digne de ce nom, et c’est peut-être là le plus gros travail de la fédé australienne.

Contrairement à l’Équipe de France, l’Australie termine donc sa Coupe du Monde sur une note négative, mais comme les Bleus le futur proche est appétissant, peut-être plus encore que pour n’importe quelle autre nation du monde (la Slovénie ? Le Canada ?). Future is bright comme dirait l’autre, même si personne ne doit clairement avoir dit ça, mais le message principale est clair : il faudra compter avec ces mecs-là à très court terme. Et on finit évidemment par un grand bravo à ces douze alcoolos, auteurs d’un Mondial magnifique et qui se sont donc gentiment proposés d’offrir une médaille à la France. Si en plus on a affaire à des gentlemen, la coupe est pleine.