DeMarcus Cousins – Rupture du LCA : l’analyse du docteur Q

Le 19 août 2019 à 21:13 par Quentin Quairière

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Stars, highlights et stats nous font rêver au quotidien en NBA. Mais si tous ces athlètes performent chaque soir sur les parquets, c’est aussi parce que leurs corps si exceptionnels sont surveillés, massés et examinés en permanence. Ainsi, le Dr. Q, étudiant en médecine le jour et supporter NBA la nuit, a installé son cabinet chez TrashTalk pour décrypter et analyser tous les bobos de nos stars de la balle orange. Entorse, déchirure, fracture, luxation… la visite médicale nous permettra de comprendre toutes les blessures de la Grande Ligue. Aujourd’hui, c’est DeMarcus Cousins qui passe sur la table du doc, suite à une rupture du ligament croisé antérieur (LCA).

  • Professeur-étudiant en deuxième année de médecine, le Dr. Q est un grand passionné du corps humain, qui a lui-même pu tester de nombreuses blessures en étant victime de ce qu’on appelle la malchance sportive. Fasciné par l’anatomie et déterminé à exceller en tant que futur médecin du sport, il a déjà participé à des démonstrations en milieu hospitalier à l’âge de 10 ans et a observé en bloc opératoire à partir de ses 13 ans. Le Dr. Q partagera ainsi son savoir et ses recherches sur TrashTalk, pour en connaître toujours plus sur les blessures du monde du basket.

Le sort s’acharne sur Boogie, et plus particulièrement sur sa jambe gauche. Après son tendon d’Achille en janvier 2018 et son quadriceps en avril, c’est son LCA qui se rompt en pleine séance d’entraînement à Vegas lundi dernier. Malheureux hasard ? Peut-être pas. Avide de participer à ses premiers Playoffs, Cousins est peut-être revenu trop tôt.

Tout d’abord, quel protocole pour réparer le LCA de DMC ? On avait déjà abordé avec Klay Thompson le rôle du LCA, élément du pivot central du genou, comment il pouvait se rompre et surtout comment traiter cette blessure. Boogie va devoir passer sur le billard afin de retrouver un ligament fonctionnel et, à terme, un genou stable.

Y a-t-il une explication à la blessure de Cousins ? Alors qu’il avait été plutôt épargné par les blessures dans sa carrière (jamais une saison à moins de 59 matches), Boogie vit un véritable calvaire depuis sa rupture du tendon d’Achille sous le maillot des Pels. Le point important avec DMC est que la même jambe est touchée à chaque fois, ce qui pousse à poser la question d’un lien entre ces trois blessures.

Alors que le lien entre son tendon d’Achille et son quadriceps n’était pas forcément évident, on peut ici clairement identifier le problème. Les muscles antagonistes quadriceps et ischio-jambiers ont un rôle important dans la stabilité de l’articulation du genou. Lors d’une rééducation post ou même pré-opératoire, leur renforcement constitue d’ailleurs un des objectifs principaux des kinésithérapeutes. La contraction du quadriceps permet notamment d’assurer le verrouillage du genou en extension lors de chocs ou réceptions violentes. En flexion, ce sont les ligaments croisés et les ischio-jambiers qui limitent les mouvements en rotation externe ou interne, lors d’un changement brusque de direction par exemple. Le problème principal est qu’il y a un équilibre à respecter entre la force de chacun de ces muscles. Un déséquilibre de cet ensemble musculaire diminue la stabilité du genou et augmente donc la tension sur les ligaments, notamment le LCA. Les médecins et les kinés réalisent même des tests que l’on appelle “tests isocinétiques”, qui permettent d’établir et de surveiller ce rapport. On peut ainsi s’interroger sur la préparation de DMC au retour de sa déchirure du quadriceps : est-il revenu trop tôt, avec un quadriceps pas assez fort, ou au contraire, poussé par son envie de revanche, l’a-t-il trop renforcé ? Ce déséquilibre des muscles de la cuisse a certainement joué sur Cousins, qui malgré une sacrée perte de poids, reste un grizzly bougeant tel un marsupial sur le terrain.

DeMarcus pourra-t-il revenir à son meilleur niveau après cette nouvelle blessure ? Trop tôt pour le dire mais ce qui est sûr, c’est que le chemin des parquets sera long et laborieux. Il sera probablement opéré fin août/début septembre, le temps pour son genou de dégonfler et de récupérer ses amplitudes. S’en suivra un long processus de rééducation avec des exercices progressifs de renforcement musculaire et un travail de proprioception (équilibre). Le délai de reprise est généralement de 8 à 12 mois. Boogie devra du coup travailler sur son corps entier et le staff médical sera certainement encore plus attentif à ce qu’il soit prêt, un vrai contrôle technique pour mettre fin à ce calvaire.

Cette blessure est assez fréquente en NBA et de nombreux joueurs s’en sont relevés. À l’instar de Kyle Lowry, qui jouait encore à Villanova lorsqu’il a déchiré son LCA en 2004. Quinze ans plus tard, il nous régale de 26 points, 10 passes décisives et sept rebonds lors du match pour le titre. Il est cinq fois NBA All-Star. Plus près de nous, Klay Thompson est en pleine rééducation et espère être de retour pour le All-Star Break. Malheureusement il y a aussi des joueurs comme Derrick Rose qui, après avoir subi une rupture du LCA lors des Playoffs 2012, a enchaîné les blessures et n’a jamais retrouvé son niveau de MVP.

Nouveau coup dur pour Boogie : peu de chances de le voir évoluer aux côtés du King et de l’Unibrow avant au mieux les Playoffs. La planète basket entière est touchée par cette nouvelle, le gros Boogie a ses défauts mais il a surtout un énorme cœur et du talent plein les mains. Steve Kerr a annoncé être dévasté par la nouvelle blessure de celui qu’il espérait enfin retrouver à 100%. Peu de reproches à faire à Boogie tant il s’était préparé pour revenir, avec des kilos en moins et une grosse soif de revanche. C’est peut-être au final ce retour si déterminé qui lui aura fait oublier l’écoute de son corps. DeMarcus doit se préparer à passer une nouvelle fois du temps à l’infirmerie avant, on l’espère, un retour en grâce auprès des dieux de la balle orange.