Perdre un avantage de 31 points en 20 minutes, mode d’emploi : retour sur le craquage all-time des Warriors, un de plus

Le 16 avr. 2019 à 19:14 par Nicolas Meichel

Stephen Curry
Source image : NBA League Pass

En 2016, les Warriors ont laissé filer un avantage de 3-1 en Finales NBA, une première dans l’histoire. La nuit dernière, ils ont perdu alors qu’ils possédaient 31 points d’avance dans le troisième quart-temps, record de Playoffs. Ça fait beaucoup de similitudes au niveau des chiffres, pour le plus grand bonheur des petits malins qui aiment se moquer. Mais plus sérieusement, comment expliquer un tel craquage ? 

Pendant deux quart-temps et demi, les Warriors ont donné une leçon de basket aux Clippers. La logique était respectée avec une équipe de Golden State montrant sa supériorité face à Los Angeles. Le score, qui indiquait 94-63 en faveur des Dubs à sept minutes et trente secondes de la fin du troisième quart, parlait de lui-même. Rien ne semblait vraiment pouvoir inquiéter le double champion en titre, largement au-dessus des deux côtés du terrain. Et puis soudain, tout s’est inversé de manière spectaculaire. On commence par quelques statistiques complètement folles. 72-37 pour les Clippers durant le reste de la rencontre, 27/39 au tir pour Los Angeles (dont 5/9 du parking) contre 8/27 pour les Warriors (dont 2/11 à trois points), sept turnovers pour les hommes de Doc Rivers, le double pour ceux de Steve Kerr. Ces chiffres montrent parfaitement l’ampleur de l’effondrement des Warriors, mais c’est vraiment en regardant le match qu’on se rend compte à quel point l’équipe de Golden State a craqué. 20 minutes catastrophiques, 20 minutes horribles, 20 minutes pendant lesquelles on n’a plus reconnu le rouleau compresseur made in Oakland. Cette saison, on avait déjà vu Golden State passer à côté de certains matchs et avoir des moments d’absence, notamment à l’Oracle Arena. Mais là, montrer deux visages aussi différents dans une seule et même rencontre, qui plus est en Playoffs, c’est juste interdit quoi.

“On a arrêté de jouer. Au milieu du troisième quart-temps, on s’est déconnectés et on a perdu notre tranchant en défense. Ils ont marqué 85 points dans la deuxième mi-temps. On avait vraiment bien joué en défense en première mi-temps. Donc on a déconné un peu avec le jeu. Quand vous faites cela, vous vous retrouvez en difficulté, surtout en Playoffs.”

– Steve Kerr.

Quand vous avez autant de talent dans votre équipe et que vous laissez filer un tel avantage contre un adversaire clairement inférieur sur le papier, c’est qu’il y a eu un gros souci au niveau de l’intensité et de l’exécution. On ne veut pas manquer de respect aux Clippers, qui se sont magnifiquement battus jusqu’au bout pour aller chercher une victoire historique. Ils n’ont jamais rien lâché, Lou Williams était intenable en attaque, Pat Beverley a fait chier tout le monde côté Warriors et collectivement, les Voiliers ont encore une fois été remarquables. Mais au final, on sait bien que la première raison de cette incroyable remontée, c’est le manque de rigueur des Dubs. On dit parfois que le pire adversaire de Golden State, c’est Golden State. Il arrive effectivement que les Warriors se relâchent, jouent trop facile, fassent preuve de suffisance. Et la nuit dernière, c’était une nouvelle fois le cas, sauf qu’ils n’ont jamais réussi à réenclencher le mode winning basketball.

“On a baissé notre garde. On n’était plus les agresseurs. On ne méritait pas de gagner ce match.”

– Klay Thompson.

La quatrième faute de Stephen Curry au début du troisième quart-temps a changé beaucoup de choses, lui qui est immédiatement sorti pour laisser sa place à Quinn Cook. On le sait, Steph est au centre du système Warriors, c’est lui qui rend cette attaque si incroyable. Sans lui, Golden State n’est pas la même équipe malgré tout le talent qui existe autour. A partir du moment où Curry est allé s’asseoir sur le banc, les Dubs ont bafouillé leur basket en perdant des ballons bêtement (coucou Kevin Durant, auteur de quatre turnovers dans le troisième quart, neuf au total), en se précipitant, en faisant des mauvais choix et en ratant des shoots ouverts. Ils ont été incapables d’imposer leur jeu, de faire circuler la gonfle correctement et de bien bouger sans ballon. Alors oui, quand vous avez un Patrick Beverley en face qui enchaîne les fautes et qui fait tout pour casser le rythme, c’est un peu plus compliqué mais ça n’excuse en rien la bouillie de basketball proposée par le double champion en titre. Et puis quand Curry est revenu en jeu en toute fin de troisième quart, les Warriors ont continué à faire du n’importe quoi et le momentum était définitivement passé de l’autre côté. Concernant la défense, comme indiqué par Steve Kerr, c’était le jour et la nuit avec la prestation proposée en première mi-temps. Evidemment, quand vous perdez autant de ballons, vous encaissez des points en transition. C’est ce qu’il s’est passé côté Warriors. Mais même sur demi-terrain, l’intensité avait disparu, ce qui a permis à Lou Williams et compagnie de trouver des brèches et scorer les doigts dans le nez.

Comment vont réagir les Warriors lors du Game 3 ? Vont-ils réagir en champion et mettre une taule aux Clippers afin d’oublier ce désastre ? Où seront-ils encore sonnés par ce craquage tout simplement monumental ? Réponse dans la nuit de jeudi à vendredi au Staples Center.


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